Chômage: La cote d’alerte

Chômage: La cote d’alerte

En dépit des multiples richesses notamment aquatique, forestière, agricole et touristique, les autorités locales n’ont pas pu jusqu’à ce jour mettre un terme à une situation de chômage endémique. Peu d’initiatives sont entreprises. Le taux de chômage a atteint dans le rural les 70 pour cent. Officiellement, il n’est qu’à 12 pour cent seulement.

C’est une wilaya qui a des potentialités humaines juvéniles extraordinaires puisque 80 % des habitants ont moins de vingt cinq ans nous dit-on . Cette masse juvénile est vouée depuis belle lurette à l’oisiveté mère de tous les vices. Personne n’est épargné, ni les sans diplômes, ni les universitaires. 5 000 au moins figurent sur la liste des demandeurs d’emploi.

Rencontrés dans un des cafés de la ville balnéaire « d’El Kala » des jeunes nous apprennent qu’ils ont frappé à toutes les portes pour décrocher un poste de travail. À chaque fois; c’est le même son de cloche « c’est trop tard, revenez demain » nous informe un hittiste. Les rares concours organisés ont été émaillés de fraude à grande échelle.

Des pratiques peu orthodoxes qui n’ont jamais été remises en cause. Ici on a l’impression qu’une complicité à haut niveau existe, sinon comment expliquer ces injustices. À El-Tarf, le chômage a atteint la côte d’alerte depuis plusieurs années. Les jeunes se limitent à des petits boulots, plusieurs d’entre eux tentent l’aventure vers un destin inconnu « El Herga » croyant qu’au delà de la méditerranée c’est l’eldorado.

Arrivés en terres étrangères, ils vivent le second cauchemar. D’autres sont taxés à tort ou à raison de pilleurs de corail. Ce dernier ne cesse de prendre de l’ampleur au fil des ans. 251 affaires rien que pour l’année 2013 c’est le plus grand crime commis sur une richesse aquatique nationale.

Le constat est sévère pour une wilaya limitrophe d’un autre pays la Tunisie, l’on nous signale que dans certaines communes pourtant ayant des milliers d’hectares de terre en jachère, le taux de la population active par rapport à celle sans poste d’emploi dépasse bien les 70 %.

Or, cette masse juvénile pourrait bien être exploitée à sa juste valeur par les pouvoirs publics et renflouer ainsi les caisses des municipalités en panne financière. Le taux de consommation des crédits de paiement à moins de 14 pour cent.

El Tarf est gâtée par dame nature, potentialités aquatiques, agricoles et touristiques, elle a un port dont les contours commencent à prendre forme depuis que l’équipe dirigée par un jeune ingénieur a pris les travaux en mains. Avant, le chantier traînait en longueur malgré l’injection de millions de dinars, emportés dit on par les vagues.

Ce port pourrait résorber une masse importante de jeunes en désespoir de cause. Il est vrai à dire au passage que le nombre de sociétés, d’entreprises ou unités de production se compte sur le bout des doigts. En un mot disons que la machine de développement est en panne à El Tarf. La situation est connue, mais personne n’entreprend une initiative pour changer le cours des choses.

Il n’est pas sûr que ce port ouvrira ses portes à l’exploitation au début de ce 1er trimestre 2013. Accostés, les jeunes nous disent unanimes qu’ils sont marginalisés. Que la machine de développement est crispées. Le wali voué de bonne volonté na pas une équipe d’élus qui sont capables de suivre son rythme.

Les nouveaux systèmes introduits pour juguler le chômage ne profitent qu’aux magouilleurs et aux affairistes de tous bords. Pour un grand nombre de jeunes, la seule issue qui leur reste est de faire comme tous les jeunes de la région. Se procurer un quitus pour prendre les tangentes vers la Sicile ou la Sardaigne. « Ici, je n’ai plus ma place. Avec ma licence et une formation de 18 mois en informatique, je n’arrive pas à trouver de l’embauche ».

Pour les autres c’est un parcours plein d’embûches. » Même ceux qui sont propriétaires de terres agricoles arables souffrent. Les moyens de production ont quintuplé. Faute de moyens, ces agriculteurs sont incapables d’entretenir leurs terres et de continuer de cultiver les champs laissés à la merci des animaux sauvages et saccagés par les sangliers faute de battues.

La majorité écrasante des jeunes sont des hittistes depuis plusieurs années, mais ils sont prêts à travailler même s’ils ne seront pas bien rémunérés. « Faut-il tendre la main à mon père, mon frère ou à un ami pour avoir l’argent de poche de la semaine? nous lance laconiquement un jeune.

Un autre d’ajouter :  » Nos diplômes acquis à l’université ne valent plus rien pour les recruteurs qui ont un goût prononcé pour le recrutement de la gente féminine. La pratique de cuissage dans les bureaux se fait à grande échelle.

Pour décrocher un poste, il faut avoir quelqu’un de bien placé dans les rouages de l’administration. » Un groupe de jeunes tuant le temps aux jeux de société, nous soulignent qu’avec la nouvelle autoroute Est-Ouest on a cru qu’on allait être recrutés, mais c’était peine perdue. Les travailleurs destinés aux chantiers sont triés au grain. Ils viennent même d’autres régions.

À l’heure où toutes les régions du pays se dépensent afin de pouvoir mieux relancer la machine économique encore grippée, les autorités locales sont toujours en stand by bien que le nouveau locataire de la wilaya affiche une volonté de bien faire et oeuvre dans la transparence. Malgré les conseils souvent prodigués par le premier responsable, les élus locaux ont l’air de vivre un autre siècle.

Les indices révélateurs sont sur le terrain : manque d’eau en plein hiver calvaire vécu par la zone ouest, toutes les communes ne disposent pas de ruelles dignes de ce nom, la culture renvoyée aux calendes grecques, les problèmes ne cessent de s’amonceler au point de ne plus pouvoir les résoudre.

Si aujourd’hui elle accuse un retard flagrant dans le dévoloppement c’est parce que les élus de cette wilaya ont un rytme lent dans leurs actions au niveau de leurs communes. Les projets traînent en longueur.

Menrad Bahmed