le De manière totalement inattendue, la Chine (au sein de sa province du Xinjiang) vient d’être frappée par la pire éruption de violence depuis des décennies.
Urumqi, la capitale du nord-ouest musulman chinois, s’est enflammée dimanche soir, quand une manifestation de milliers de personnes a dégénéré en sanglantes émeutes.
Les autorités chinoises ont fait état ce lundi d’un bilan de 140 morts et plus de 800 blessés.
Des témoins ont raconté à l’AFP que la poussée de fièvre avait commencé par une marche pacifique, de 1 000 à 3 000 personnes selon les sources.
Les manifestants protestaient contre l’attitude des autorités chinoises face à des heurts qui se sont produits le 26 juin à Shaoguan dans le Guangdong (sud de la Chine) entre travailleurs migrants Ouïghours et des Hans, la principale ethnie chinoise.
Deux Ouïghours au moins avaient été lynchés par une foule en colère. La marche d’Urumqi aurait mal tourné quand des manifestants se sont mis à attaquer des passants et des motocyclistes.
Selon la télévision chinoise, les émeutiers ouïghours s’en sont pris aux Hans ainsi qu’aux forces de l’ordre, renversant et incendiant des véhicules de police.
Pékin a fait porter ce lundi la responsabilité des émeutes sur l’opposition ouïghoure en exil.
Il s’agit surtout du Congrès mondial ouïghour de Rebiya Kadeer, figure de proue de la dissidence qui vit en exil à Washington depuis 2005, après avoir passé plus de cinq ans en prison en Chine.
Selon les autorités chinoises, la fronde a été organisée via Internet, les dirigeants ouïgours en exil faisant monter la colère autour de l’incident de Shaoguan pour susciter l’explosion.
L’accès au Web était d’ailleurs coupé lundi dans la province. Les organisations ouighoures ont nié toute existence de «complot» et affirmé que les émeutes n’étaient que le résultat de la frustration croissante de leur communauté, de plus en plus marginalisée sur le plan économique comme dans la gestion des affaires de la province.
L’été dernier, dans les semaines qui avaient précédé les Jeux olympiques, le Xinjiang avait connu une série d’attaques meurtrières, attribuées à des séparatistes ouïghours par Pékin.
Les autorités chinoises accusent régulièrement le «Mouvement islamique du Turkestan oriental» d’être lié à al-Qaida.
«Ce qui est dramatique, c’est que cette flambée de violences rappelle celle de l’an dernier au Tibet, confiait lundi un observateur, et que ce bilan terriblement lourd va gravement accentuer un fossé déjà profond entre les deux communautés. A moins de trois mois du 60e anniversaire de la République populaire, Pékin ne peut tolérer aucun remous et la répression risque d’être lourde, nourrissant encore la rancœur des populations ouïghoures.»
Ce lundi soir à 20h00 (heure locale), le couvre-feu a été décrété à Urumqi.
Le président de la région autonome du Xinjiang, Nur Bekri, a déclaré que «la situation était encore très compliquée» et que les autorités prendront «toutes les mesures pour empêcher que les troubles ne se propagent à d’autres région».
Des informations faisaient ainsi état de premiers troubles à Kashgar, l’oasis mythique de la ville de la Soie.