C’est une véritable cacophonie qui entoure la participation des auteurs et autres éditeurs égyptiens au Salon international du livre d’Alger (SILA).
L’Union des éditeurs arabes décide de boycotter le Salon en signe de solidarité avec leurs homologues égyptiens interdits d’y participer.
Au lieu de désamorcer la crise, de revenir à de bons sentiments, dissiper ce climat vicié, voire délétère, l’on persiste à entretenir cette «crise» pour une certaine bipolarisation algéro-égyptienne.
Ainsi, en signe de protestation, pour ne pas dire de «rétorsion» à l’endroit des organisateurs du SILA – ayant exclu les éditeurs et auteurs égyptiens du Salon du livre 2010 et qui depuis s’est rétracté quant à cette décision –, les membres du conseil d’administration de l’Union des éditeurs arabes ont décidé, vendredi, à Amman (Jordanie), en marge du 13e Salon international du livre de Amman, inauguré mercredi, de boycotter le SILA 2010 et tout autre salon du livre interdisant à un pays arabe d’y participer. «Cette décision intervient après que le Salon du livre d’Alger, qui se tiendra le 26 octobre, ait invité tous les éditeurs arabes, à l’exception des Egyptiens.
Alors que le 15e SILA est un forum accrédité par l’Union des éditeurs arabes.» De front, l’Union des éditeurs arabes a appelé la direction du Salon d’Alger à rectifier le tir avec les éditeurs égyptiens et à traiter avec eux au même titre que l’ensemble des éditeurs arabes invités au salon. Deux jours, auparavant, la Bibliothèque d’Alexandrie (Egypte) a confirmé sa participation au 15e SILA.
Ismaïl Siraj Eddine, directeur de la célèbre bibliothèque égyptienne, a affirmé qu’il se félicitait de l’invitation qui lui a été adressée par le ministère algérien de la Culture pour participer au Salon international du livre d’Alger 2010.
La Bibliothèque d’Alexandrie avait accueilli l’Algérie comme invité d’honneur lors de la sixième édition de la Foire internationale du livre de la Bibliothèque d’Alexandrie en 2008, d’ailleurs la ministre de la Culture, Khalida Toumi, avait assisté à la cérémonie d’ouverture ainsi que plusieurs hommes de culture et intellectuels algériens.
Par ailleurs, le commissaire du SILA 2010, Smaïn Ameziane, a annoncé, hier à l’AFP, que les livres égyptiens seront présents au Salon du livre d’Alger : «C’est fait. Bien sûr, ils seront là», a déclaré Smaïn Ameziane, en précisant qu’«en concertation avec les Egyptiens, il a été décidé de restreindre» à 100 m2 le stand des éditeurs égyptiens dont la Bibliothèque d’Alexandrie.
Les quelque 70 éditeurs égyptiens bénéficiaient de 1000 m2 lors des précédents salons, sur un espace total de 8000 m2. Cependant, il a démenti l’interdiction de la présence égyptienne au prochain SILA.
Alors qu’au mois d’août 2010, il avait créé une polémique de par une déclaration à la hussarde portant sur l’exclusion de l’Egypte du SILA 2010, et ce, en justifiant la non-invitation des éditeurs égyptiens par les réactions hostiles à l’Algérie d’intellectuels égyptiens… après les incidents qui avaient émaillé le match de football entre les deux pays pour la qualification au Mondial-2010, le 14 novembre 2009 au Caire.
Ce qui, aussitôt, avait soulevé un tollé général. Aussi, plusieurs intellectuels algériens, résidant en Algérie, en Europe et en Amérique du Nord, ont signé une pétition appelant à «la levée de l’interdiction d’exposition des livres égyptiens au SILA».
Les signataires avaient trouvé «aberrante cette tentative unilatérale de punir la littérature égyptienne et le lectorat algérien, alors qu’on continue à jouer au football, source initiale de tout ce scandale, avec des équipes égyptiennes» et ont demandé «aux autorités concernées d’y mettre un terme en levant l’interdiction faite aux livres égyptiens».
C’est le monde…foot de la balle ronde qui déteint sur le un sport…cérébral, la lecture, la littérature, les belles lettres… ouvertes d’amour, fraternité et tolérance. Heureusement que le ridicule ne tue pas. La bêtise humaine et l’hérésie se «livrent» en Algérie.
K. Smail