Chez ls grossistes en produits alimentaires de semmar : Les détaillants se bousculent

Chez ls grossistes en produits alimentaires de semmar : Les détaillants se bousculent

Les détaillants se sont mis dans l’idée de s’approvisionner au maximum auprès des grossistes avant que les prix pratiqués par ces derniers n’augmentent à partir du 1er janvier 2018.

Malgré une pluie battante et la baisse du mercure, les grossistes en produits alimentaires de la commune de Semmar (sud d’Alger) ne connaissent pas de répit en cette journée du 29 décembre 2017 au vu du nombre effarant de véhicules de transport de marchandise de faible tonnage stationnés au pied d’habitation souvent inachevée et où le rez-de-chaussée fait office de locaux pour grossistes du coin. C’est à croire que beaucoup de détaillants ont choisi le même jour pour s’approvisionner. Un constat, selon des habitants de cette commune, qui a fait son apparition depuis plus d’une semaine. Qu’elle en est la cause? A priori la première hypothèse qui vient à l’esprit d’un observateur averti c’est que les détaillants se sont mis dans l’idée de s’approvisionner au maximum auprès des grossistes avant que les prix pratiqués par ces derniers n’augmentent à partir du 1er janvier 2018. Une appréhension qui n’a rien d’anodin puisque chez les détaillants, chaque nouvelle année est synonyme d’augmentation des prix, mais à cette différence que pour cette nouvelle année ils craignent des hausses importantes.

Les détaillants font le plein d’achats

A Haï Ennour comme à la cité Hayat le mouvement incessant de fourgons où les uns s’apprêtant à sortir la benne bien remplie de cartons, de sacs et bouteilles et d’autres à l’arrivée, tournoyant faute de trouver une place où se garer dans l’attente que les abords du grossiste choisi se libèrent nous poussent à croire que’une frénesie à vouloir s’approvisioner au maximum, s’est emparé des détaillants. Certains d’entre eux à qui nous avions posé la question sur le pourquoi de cette intense activité sur ces lieux nous ont répondu à l’unanimité «nous avons eu vent que de nombreux produits vont faire l’objet d’une augmentation de leurs prix alors autant s’approvisionner au mieux et même s’il le faut à crédit». D’autres propriétaires de superettes dans la capitale et sa proche banlieue n’ont pas hésité à nous faire savoir de leur côté qu’en apprennent que certains produits étrangers seront dorénavant interdits à l’importation et comme pour la plupart le gros de leur clientèle est friand de grandes marques de chocolat, café et autres crudités «il fallait bien achalander ces produits sur nos étalages, du moins pour encore un temps». Mais toujours est-il que cet apprauvisionnement effréné s’est retrouvé quelque peu freiné. Par qui et pourquoi? Selon certains de nos interlocuteurs versés dans le commerce du détail «des grossistes ont décidé de limiter la vente de certains produits, autrement dit ce sont ces derniers qui décident pour le détaillant de la quantité qui lui sera livrée» nous a révélé Aâmi Ahmed, un détaillant du côté de Rouiba, comme l’a appelé un manutentionaire d’un des grossistes dont nous avons foulé son espace de vente. Ce dernier, une fois sa marchandise fraîchement achetée et embarquée nous fait signe d’un geste furtif de le rejoindre, quelques pas plus loin et de nous réveler: «Quand on a demandé au grossiste, nous les détaillants, pourquoi il ne peut pas nous livrer la quantité que nous voulons il nous répond sèchement qu’à cause de petites quantités dont il dispose, et pour arriver à satisfaire toute sa clientèle et pour ne pas faire de jaloux il a fixé un plafond à livrer à chacun. C’est ce qu’ils veulent nous faire croire mais la réalité est toute autre». Laquelle? D’après Aâmi Ahmed «c’est purement et simplement de la spéculation car je suis convaincu que si ils procèdent ainsi c’est dans le but de constituer des stocks afin de les écouler plus tard, mais avec une nouvelle tarification.

La spéculation est de mise

En clair, ils tentent d’augmenter leur marge de bénéfice à la faveur de la nouvelle année». C’est du moins sa version. Du côté des grossistes c’est un autre son de cloche. En effet les rares qui ont daigné répondre à nos questions se sont montrés pas très bavards prétextant par la qu’ils sont trop occupés et du coup nous demandant de revenir plus tard ou plutôt un autre jour. Un seul d’entre eux s’est montré prolixe. A propos des ventes limitées, il nous dira qu’en effet c’est surtout dans la catégorie des produits importés qu’il existe une certaine tension. «Nos fournisseurs, c’est-à-dire, les importateurs ont presque tout vendu et leur prochaine opération ne sera que dans quelques semaines. Quant à dire que nous faisons dans la spéculation, c’est purement de l’allégation».

Et pourtant dans un rapport du Centre national de l’information et des statistiques des douanes algériennes, qui nous a été remis, il est indiqué que durant le second semestre 2017 les volumes importés de légumes secs (notamment les haricots, les lentilles, les pois, les pois chiches) et le riz, ont connu une progession sensible par rapport à la même période de l’année 2016. En effet, toujours selon cette même source, il a été importé durant la période de référence près de 214.000 tonnes en 2017 contre 200.000 tonnes en 2016. C’est à croire que les importateurs versés dans ce créneau ont eu le flair d’importer plus en prévision de la hausse des taxes à l’import comme ils ont eu vent que le gouvernement allait sensiblement allonger la liste des produits interdits d’importation.

Aucun grossiste de Semmar ne saurait réfuter que ces derniers jours ses volumes de vente ont augmenté et par les bénéfices réalisés en cette période sont en nette croissance. C’est d’ailleurs ce que nous avons constaté de visu chez un grossiste de la place qui s’est prêté à nos questions, nous invitant même à sillonner son espace de vente. Des rangées de cartons, contenant divers produits, occupent une bonne partie de l’espace intérieur. Des sacs de légumes secs y sont aussi entassés, qui d’ailleurs sont très éloignés de ceux conditionnés. Un passage étroit se fraie entre les rangées et permet aux manutentionnaires de se déplacer.

Chiffre d’affaires en hausse

Le fond de la remise est occupé par le bureau du grossiste. Ici le froufrou du compteur automatique de billets de banque est actionné sitôt le bon de commande remis au client. A notre question de savoir le chiffre d’affaires réalisé ces jours-ci, le grossiste s’est refusé d’avancer un quelconque chiffre se limitant seulement à reconnaître «qu’il est largement supérieur aux autres jours». Pour ce dernier, les détaillants font de plus gros achats ces jours-ci et pour savoir la raison: «Allez leur demander» nous a-t-il lancé. Pour revenir au chiffre d’affaires que réalise chacun des 800 grossistes de Semmar ces jours-ci, on peut facilement avancer qu’il a été nettement supérieur au mois dernier. Et pour s’en convaincre, un manutentionnaire avec qui nous avons engagé une discussion nous a conseillé, de venir le soir pour asssister au bal incessant des semi-remorques venus décharger leur cargaison. Mais toujours dans les prochains jours, l’activité dans ces lieux va certainement diminuer de plusieurs crans. Et pour cause parmi ces 800 grossistes, nombreux sont ceux qui se sont spécialisés dans la vente de fruits secs, de café, chocolat et friandise, d’importation mais qui vont se voir obligés de changer de spécialité pour cause d’entrée en vigueur de l’interdiction d’importation des produits cités ci-dessus. Une baisse sensible d’activité dans ces lieux qui forcément va bien être accuillie par les habitants de Haï Ennour et de la cité Hayat qui n’ont de cesse de se plaindre de la nuisance générée par l’activité des grossistes et l’insécurité régnante. Des désagréments au quotidien que n’arrivent plus à tolérer les résidents. Et une demande aux pouvoirs publics de transférer ces grossistes vers un autre lieu a été formulée. La décision a été prise en 2015, le choix du terrain connu, mais jusqu’à présent Semmar continue à être des plaques tournantes du commerce en gros des produits alimentaires du pays. Pis encore, considéré comme le ventre de la capitale pour reprendre le qualificatif donné par l’écrivain Emile Zola au marché de gros de Paris.

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