Cherif El-Ouazzani : “Ne cédez surtout pas à la panique, on marquera !” 

Cherif El-Ouazzani : “Ne cédez surtout pas à la panique, on marquera !” 

Pour l’ancien poumon de la sélection nationale championne d’Afrique des nations 1990, Si Tahar Cherif El-Ouazzani, disputer une rencontre décisive pour la qualification à une Coupe du monde est “une chance à saisir” et “0”.

“Lorsque vous m’évoquez le souvenir que m’a laissé le match le plus important de ma carrière, il m’en revient, en fait, deux à l’esprit. Le choc face à l’Egypte, en décembre 1989, pour le compte du dernier tour qualificatif à la Coupe du monde 1990, et la finale de la CAN disputée à Alger”, indiquera tout d’abord, pensif, l’ancien capitaine du grand MCO, avant de pencher finalement vers le fratricide Algérie-Egypte de 1989. “Le plus difficile, c’était peut-être le match retour au Caire, face à l’égypte, pour se qualifier au Mondial italien. Moi qui rêvait depuis tout petit de disputer une Coupe du monde, j’étais à deux doigts d’un tel exploit. à seulement quatre-vingt-dix minutes d’un tel bonheur. Exactement comme l’est notre actuelle équipe nationale. Mais le contexte était, en 1989, bien plus difficile pour nous qu’il ne l’est, aujourd’hui, pour la bande à Vahid Halilhodzic. On venait de faire match nul chez nous, et il nous fallait réussir un exploit dans l’enfer annoncé du Cairo Stadium pour qualifier l’Algérie à la Coupe du monde 1990. Un changement majeur avait été opéré au niveau du staff technique, puisque Lemoui avait été remplacé par le trio Kermali-Saâdi-Fergani. Le groupe de joueurs avait également été renouvelé. Pour un tel match couperet et tellement décisif qui allait décider de notre qualification ou non en Coupe du monde, je me rappelle que nous avions effectué un stage de préparation en Italie. Nous avions disputé un match amical face à la Squadra Azzurra des grands Roberto Baggio et Franco Baresi. Nous avons produit une belle prestation et nous n’avons perdu que par la plus petite des marges (1-0). Je me rappelle même que le buteur était Serena” , se souviendra Cherif El-Ouazzani. Et d’enchaîner : “Après avoir quitté l’Italie, nous nous sommes déplacés en France pour poursuivre notre préparation spéciale avant de rallier Le Caire. L’ambiance était tout sauf normale et accueillante. à l’entraînement, à l’hôtel, sur le chemin menant au stade, c’était un climat de tension extrême. Le challenge était difficile. Le groupe avait été modifié, le staff technique venait d’être installé et nous n’avions pas eu le temps nécessaire pour que tout se mette en marche comme on l’espérait, à même d’accrocher le train du Mondial. Cette élimination est une profonde plaie qui est toujours ouverte. Je ne m’en suis jamais réellement remis de n’avoir jamais pu disputer une Coupe du monde. Même si, deux mois plus tard, nous avons relevé le défi de la CAN disputée à domicile. La pression était terrible, car nous n’avions plus droit à l’erreur, d’autant plus que nous évoluions à domicile. Au 5-Juillet, en finale, devant 90 000 supporters, si ce n’est plus, il fallait avoir les nerfs solides. Dieu merci, le groupe s’était montré à la hauteur. Le staff technique avait réussi sa mission. Surtout sur le plan psychologique, car nous étions sereins, dynamiques. Dans le vestiaire, avant la finale, nous savions que le football algérien avait besoin d’un tel succès. Nous ne pensions même pas aux retombées individuelles, mais plutôt à la nécessité de ne pas décevoir tout un peuple qui nous soutenait et d’être dignes de cette immense confiance.” “Au final, nous sommes parvenus à offrir à l’Algérie du football sa première et unique couronne continentale. Un titre qui nous a beaucoup servis et qui est encore en train de nous servir, aussi bien collectivement qu’individuellement”, affirmera, pas peu fier, l’ancien milieu du Raja de Casblanca qui a, en parallèle, adressé un message très clair à la bande à Halilhodzic en perspective du choc de demain soir : “Je n’ai pas eu la chance de disputer une Coupe du monde avec le maillot vert sur le dos. La génération actuelle est en mesure de le faire et ne doit pas laisser filer cette chance. Les joueurs doivent en être conscient et mesurer l’immensité de la chose. On ne dispute pas une Coupe du monde tous les jours. Ni même peut-être tout au long d’une carrière qui, comme la mienne, s’est étalée sur deux décennies. Alors, leur chance, ils doivent la saisir au vol. Si j’ai, d’ailleurs, un conseil à leur donner, c’est d’appliquer à la lettre les consignes du sélectionneur, ne surtout pas céder à la panique au cas où l’adversaire nous surprendrait en contre-attaque ou marquerait un but contre le cours du jeu. Aux coéquipiers de Bougherra, je dirais qu’il faudrait être à 120%, à toujours rester concentrés, même dans les périodes creuses de la rencontre, à éviter la précipitation et à faire preuve de beaucoup de patience. Ce but qui nous qualifiera, on peut le marquer sur coup de pied arrêté à deux ou trois minutes du coup de sifflet final. L’essentiel est de ne pas céder à la panique.” “Je dis cela par précaution, car au fond de moi, je suis quasi certain qu’on refilera une raclée aux Burkinabés et que nous nous qualifierons incha Allah sans trop de soucis !”, renchérira l’actuel entraîneur du RC Arba.

R. B