Chérif belkacem : L’homme d’etat, le modeste, le brave

Chérif belkacem : L’homme d’etat, le modeste, le brave

Lorsqu’il était aux affaires (Etat), Si Djamel avait connu et fréquenté les grands de ce monde. AïsJ’ai eu l’honneur et le privilège de connaître Si Djamel Chérif Belkacem en décembre 1972 juste après le départ du défunt, le brave Si Slimane Kaïd Ahmed du parti FLN. Le président défunt Houari Boumediene avait désigné Si Djamel pour préparer le budget du parti FLN de l’année 1973, ainsi que la préparation du congrès des organisations de masses (Ugta, Unfa et ONM).

Si Djamel était assisté de feu Si Mohamed Chérif Messaâdia, et de Si Smaïl Hamdani, sans oublier les ministres Rabah Bitat, Saïd Mazouzi, Guennez.

Fin observateur et aimant les jeunes dynamiques et je suppose, m’ayant trouvé sympathique, m’avait demandé de le rejoindre au ministère d’Etat comme chef de son protocole.

Si Djamel était à l’époque, en 1973, ministre d’Etat et président du Cnes. Tous ceux qui connaissaient Si Djamel a cette époque savaient que celui-ci était une illustre figure de l’Etat algérien depuis l’indépendance. Homme de grande culture, connu pour sa finesse politique, son intelligence était fascinante, célèbre pour ses blagues assassines, il pouvait nous assassiner avec une blague tout en nous faisant rire.

Un fidèle de Boumediene

Je sais par des témoins crédibles et pas des moindres, que Si Djamel faisait partie des hommes de confiance et des fidèles du président Houari Boumediene avec les défunts commandant Slimane, Kaïd Ahmed, Ahmed Medeghri et l’actuel président Abdelaziz Bouteflika. Tous ceux qui connaissent ou ont étudié l’histoire contemporaine de notre pays de 1956 à 1978 savent que Si Djamel était l’un des proches et fidèles compagnons de son chef et ami feu Houari Boumediene. Si Djamel, homme d’une intelligence exceptionnelle, était toujours présent aux côtés de son chef et ami feu Houari Boumediene lors des grandes crises qui ont secoué le pays (1962 – 1965 – 1967).

Les responsables civils et militaires qui ont vécu le sursaut révolutionnaire du 19 juin 1965 savent que Si Djamel était l’un des doctrinaires de ce régime avec ses compagnons. L’actuel président Abdelaziz Bouteflika, Slimane Kaïd Ahmed et Hocine Ahmed Medeghri.

Il fallait avoir de la trempe et de l’intelligence pour diriger et coordonner tous les anciens chefs de wilayas historiques et leurs adjoints en juillet 1965. Et SVP à 32 ans.

Ce fut une mission difficile où il fallait rallier tout le monde et récupérer les opposants au pouvoir qui avaient opté pour la clandestinité. Ceux qui ont vécu cette étape cruciale 1965/1970 sont seuls capables de comprendre les difficultés traversées par le régime avant de se stabiliser. S’agissant de Si Djamel, le moudjahid et l’officier de l’ALN, je préfère laisser le soin à des compagnons d’armes toujours en vie, comme Si Affane Guezane Djillali commandant de l’ALN, Lemkami Mohamed (Si Abbès) qui l’ont connu en zone I Wilaya V ayant comme chef de zone le chahid capitaine Si Djaber et les moudjahidine Benziane parmi les pionniers de l’ALN dès le déclenchement de la révolution et qui furent les compagnons des défunts Larbi Ben M’hidi, Boussouf, Lotfi et Houari Boumediene.

Si Belaïd Abdesslam, mon ami, m’a toujours dit qu’il avait connu Si Djamel à l’Ugema en 1955/1956. Celui-ci était membre de la direction en tant que représentant des étudiants algériens section Maroc.

Si Djamel était très estimé pour sa simplicité. Ses amis étaient nombreux et dans tous les milieux de la société. Il avait beaucoup de respect pour les humbles. Sa porte était toujours ouverte à ses amis. Il se pliait en quatre pour rendre service aux démunis. Il avait des sentiments chaleureux et particulièrement pour les moudjahidine et ses compagnons d’armes. Il parlait avec respect et considération des premiers compagnons, les chahids Si Djaber, Hansali, Ferradj, Lotfi sans oublier Affane Guezane, Chazi Ahmed, Benziane, Medeghri etc…

J’ai vu cela de mes propres yeux lorsque je l’avais accompagné à Ghazaouet pour l’enterrement du moudjahid Si Chibane dit «Boum» un vieux militant qui avait réceptionné le bateau Dyna dans lequel se trouvait le défunt Si Houari Boumediene venant rejoindre la lutte armée en 1955. Un groupe de moudjahidine de la région avait pénétré dans le salon de la daïra de Ghazaouet et était venu saluer Si Djamel. Et lorsque nous traversions la ville de Ghazaouet pour aller au cimetière, les moudjahidine l’ont reconnu et l’ont ovationné. C’est dire la popularité de l’homme et surtout du maquisard.

Lorsqu’il était aux affaires (Etat) Si Djamel avait connu et fréquenté les grands de ce monde Djamel Abdelnasser, Kossyguine, Gromiko, le Dr Kissinger, Bourguiba, le roi Hassen II, Cheikh Zayd (qui était son ami), Pompidou, Valéry G. d’Estaing, etc…

Il fut souvent l’émissaire personnel du président Houari Boumediene entre 1968 et 1974. Même le défunt Mandela a demandé de ses nouvelles, lors d’une visite officielle en Algérie. C’est Si Djamel qui l’avait reçu lors de son passage aux frontières Ouest, pendant la révolution. Le défunt président Houari Boumediene le voyait même après la suppression du ministère d’Etat en 1975. J’ai personnellement croisé deux fois Si Djamel à la Présidence où l’attendait le colonel Allahoum. Si Boumediene lui rendait visite chez lui (immeuble Le Préau). Je suppose que Houari Boumediene appréciait les discussions avec son ami et compagnon Si Djamal qui avait une analyse fine des sujets de l’actualité.

De Kissinger à Mandela

Et lorsque Si Boumediene voulait se détendre, il invitait Si Djamel au dîner, sans oublier de lui demander de ramener avec lui Chaâbane Aït Abderahim qui est connu pour ses blagues. Il pouvait fabriquer une blague à la seconde même. Il était SG du Cnes, un cadre brillant et excellent bilingue, Si Djamel fut très affecté par la disparition de son ami intime, le défunt Hocine Ahmed Medeghri en 1974. Il parlait de lui avec un grand respect et ce, jusqu’à sa mort le 23 juin 2009. Il le décrivait comme quelqu’un de très courageux et ayant une franchise inégalable. C’était l’un des rares qui osaient dire les quatre vérités au président Houari Boumediene, ainsi que le défunt Kaïd Ahmed connu pour sa franchise et son franc-parler.

J’ai assisté à l’enterrement de l’ensemble des hommes historiques de ce pays à El Alia, mais ce que j’ai vu ce jeudi 23 juin 2009 lors de l’enterrement du défunt Si Djamel Chérif Belkacem, je suis resté pantois par l’oraison funèbre présentée par l’association des uléma lue par le professeur Talbi et surtout la considération et le respect de l’association sur le rôle joué par Si Djamel en tant que ministre de l’Orientation nationale s’agissant de la titularisation et l’intégration de cette génération d’enseignants des écoles libres pendant l’ère coloniale.

Cela prouve que Si Djamel était l’ami des intellectuels et des lettrés. C’était le meilleur hommage rendu à Si Djamel Chérif Belkacem, le moudjahid, l’intellectuel, l’homme d’Etat. Repose en paix Mon ami, mon chef Si Djamel