Si Chelsea se félicite de sa prestation défensive, à l’extrême limite de la régularité, délivrée au Camp Nou mardi (0-0), du côté de Barcelone, on crie à l’injustice, pointant du doigt un arbitrage partial.
«Ce match figure parmi les meilleurs disputés par Chelsea». Ni plus ni moins, voici l’avis de John Terry après le 0-0 obtenu mardi soir à Barcelone. On dirait, vous savez, ces commentaires d’équipes de bas de tableau, qui s’arrangent de leur solidarité, de leur courage et de tout ce blabla défensif. Sauf que Chelsea disputait là une demi-finale aller de Ligue des Champions. Et force est de constater que les Blues ont rangé leurs ambitions au placard pour une rencontre de cet enjeu. Oui mais, pour la première fois de la saison, le Barça est resté muet à domicile. «On est satisfait du résultat car, quand on regarde le score des derniers matches de Barcelone… Je crois que c’est la première fois de la saison qu’ils n’inscrivent aucun but à domicile, ce qui situe notre performance. On est restés bien disciplinés sur les plans tactique et défensif», appréciait Guus Hiddink.
Terry est fier
Espérer gagner en ne jouant pas. C’est l’une des options qu’offre le football. Face à une équipe de Barcelone tellement habile balle au pied, il semblerait que ce soit l’unique solution. «Le travail de nos milieux a été incroyable, nous avons défendu en équipe pendant toute la partie. Le Barça n’a cessé de nous harceler. C’est une prestation défensive quasiment parfaite qui fait la fierté de l’entraîneur, du club et de nous-mêmes», poursuit Terry. Quitte à dépasser à plusieurs reprises le cadre de la régularité (20 fautes à 7). Qui a raison ? On peut aussi souligner la stratégie mise en place par Hiddink, ce dispositif en acier trempé dressé pour cadenasser les petits gabarits barcelonais. C’est une forme de lucidité que de savoir adapter ses faiblesses aux forces de l’adversaire. Et pour l’instant, il y a 0-0, balle au centre, à la mi-temps de cette confrontation. «Aujourd’hui, ce n’est plus un très gros avantage de jouer à domicile et il n’y a rien de décidé, mais c’est un bon résultat contre une très bonne équipe», analyse Hiddink qui, tout de même, regrettait un manque de maîtrise de son équipe. «On n’a pas réussi à conserver le ballon en première mi-temps. On a trop cherché à dégager au loin. On peut faire mieux dans ce domaine».
Le Barça n’a pas de regrets
Forcément, dans le camp d’en face, où l’on érige le beau jeu en culte, les impressions étaient légèrement différentes. «Nos adversaires savent comment nous jouons et ils ont évolué de manière très défensive, à six derrière, physiques et costauds, mais on a essayé de déployer notre jeu et de donner une bonne image», explique Josep Guardiola. Incapable de percer le rideau de fer anglais, le Barça doit-il alors changer sa façon de jouer, laisser venir son adversaire pour mieux le contrer ? «On ira à Londres avec le même état d’esprit. On n’a pas à avoir honte de notre performance. Je suis fier de mes joueurs. Il n’est jamais facile de bien jouer quand, en face, l’adversaire refuse de sortir et de jouer. Une demi-finale européenne se joue sur des détails et ça n’a pas voulu nous sourire». Même son de cloche du côté de Xavi, raccord avec son entraîneur. «Chelsea a joué très défensif mais on a quand même réussi à se procurer quatre grosses occasions. Pour moi, c’est encore grand ouvert. Je suis convaincu que ce soir (Ndlr : mardi soir), nous avons montré que le Barça était capable d’aller à Stamford Bridge, de dominer et de marquer».
L’arbitrage en question
Pas question donc de renier ses principes. Mais il restera un goût amer dans la bouche. En cause, l’agressivité londonienne bien sûr, mais surtout un arbitrage jugé partial. «Tout le monde a vu sa manière de juger», lançait un Yaya Touré particulièrement énervé, et averti au cours du match pour protestation. Les Barcelonais ont d’ailleurs récolté le même nombre de cartons que leurs adversaires (2). «Ne me parlez pas de l’arbitre. Vous l’avez tous vu. Il n’a pas donné de deuxième carton à Ballack parce qu’il ne l’a pas voulu. En Europe, il y a des joueurs qui jouissent de leur renommée mais là, il a donné trop de liberté», pestait Andres Iniesta, cible privilégiée des sécateurs anglais. Touché dans un choc aérien avec Alex, qui s’est trouvé bien heureux de pouvoir terminer la rencontre, Thierry Henry n’a pas pu se présenter devant les journalistes après le match. «Nous avons été la seule équipe qui a voulu jouer. La seule chose qui leur importait était de nous mettre par terre. Au moins, nous savons que nous sommes supérieurs», avançait Gerard Piqué. Le match retour, en tout cas, est déjà lancé.