Condamné l’été dernier à 5 ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Bobigny, peine qu’il purge depuis le 3 juillet 2009 à Melun, Cheb Mami, 44 ans, a déposé une demande de libération conditionnelle qui sera examinée mardi par le tribunal d’application des peines de la ville, indiquait jeudi l’AFP, d’après une information obtenue « de sources concordantes ».
La star du raï (pour la promotion duquel il avait été fait, en 2003, chevalier de l’Ordre national du mérite par la République française) avait écopé en 2009 d’une peine de 5 ans de prison ferme lors du dénouement d’une affaire initiée quatre ans plus tôt par son ex-compagne, une photographe de presse spécialisée dans le raï rencontrée l’année précédente. Cette dernière, qui avait eu une liaison avec lui, avait porté plainte après avoir subi un véritable calvaire : enceinte, elle avait refusé d’avorter, comme Cheb Mami lui avait intimé de le faire à plusieurs reprises ; plus tard, attirée en Algérie sous prétexte de faire des photos du chanteur, elle avait été séquestrée, rouée de coups au ventre dans le but de provoquer un avortement forcé, de lui faire subir un curetage, puis libérée dans un état, physique et psychologique, grave. En dépit des violences subies, le foetus était encore viable (une petite fille naîtra en mars 2006), et le chanteur aurait alors tenté de monnayer le silence de l’intéressée sur les récents événements. En vain : la photographe porte l’affaire devant les tribunaux, et Cheb Mami sera arrêté une première fois le 25 octobre 2006 à sa descente d’un vol en provenance d’Oran, et incarcéré. Après versement d’une caution de 200 000 euros, Cheb Mami, malgré la confiscation de son passeport et son placement sous contrôle judiciaire, parviendra à fuir la justice française et à se réfugier en Algérie, dénonçant un complot raciste et estimant avoir été piégé par « son manager juif », Michel Lévy (Michel Lecorre, de son vrai nom).
Cheb Mami avait à nouveau arrêté à sa descente d’avion en 2009 en raison d’un mandat d’arrêt international, se livrant à la justice, puis présenté devant le tribunal pour y répondre de ses actes, qui lui valurent cette condamnation à 5 années de réclusion (dans le même temps, Michel Lévy, pour son rôle dans cet « enlèvement », écopera de 4 ans de prison). Devant le tribunal, il avait exprimé ses regrets et demandé pardon à Camille.
Si l’avocat du détenu ne s’est pas exprimé, l’avocate de son ex-compagne a, elle, réagi à cette information concernant la demande de libération conditionnelle, soulignant un point crucial : la fillette de 4 ans née malgré cette sordide affaire. « La victime n’a pas à intervenir dans l’exécution d’une peine », a admis maître Marie Dosé, mais « si cette demande est une demande parentale pour l’autre enfant qu’il a eu durant sa cavale en Algérie, cela pose problème car il n’a pas eu un geste, ni un mot pour l’enfant qu’il a eu avec ma cliente, malgré sa demande express. »
Le chanteur a aujourd’hui effectué 17 mois de détention (sans les grâces) et peut être, effectivement, conditionnable…