Cheb Hasni, toujours parmis nous…

Cheb Hasni, toujours parmis nous…

Quinze ans après sa mort, les férus de raï ne sont pas près d’oublier l’interprète de l’espoir, Cheb Hasni.

À Oran tout comme ailleurs, le Roi de la chanson sentimentale n’est pas mort, il continue à bercer ceux qui aspirent à un monde meilleur sous l’hymne de l’espoir.

Blogs, forums de discussion, des espaces entiers lui sont consacrés tandis que les pouvoirs censés immortaliser son oeuvre et sa mémoire continuent à occulter une évidence incontournable, la Hasni mania.

Dérange-t-il même après sa mort? Dure a été sa vie et triste a été son parcours qu’il raconte à travers ses chansons et ses albums qu’il édite à chacune des étapes qui le marquent.

L’enfant de Gambetta ne se lamente pas en chantant, il chante pour se soulager et se libérer du mal qui le ronge à la suite des vicissitudes de sa vie.

La première a été cette volonté délibérée de quitter l’école pour se consacrer au foot ball au sein de l’Asm Oran.

Il réussit son challenge mais la soif d’évoluer et la niaque de vivre le poussèrent à intégrer un autre monde, le chant et pas n’importe quel chant, le raï.

Agé que de 18 ans, Hasni Chakroune ose et réussit sa première tentative en enregistrant sa première cassette en 1986 en duo avec la Diva Zahouania qui était, alors, en pleine célébrité.

Un petit qui a grandi parmi les grands Le talent de Chab Hasni explose après que le hasard ait voulu qu’il soit présent à une fête de mariage.

Dès que l’occasion lui a été offerte, ce dernier ne fera pas dans le détail en démontrant son talent lorsque le micro lui est tendu.

Dès que sa voix a retenti, les professionnels de la musique raï l’ont adopté en lui proposant des soirées dans une boîte de nuit non loin de la ville d’Oran.

S’imprégnant du rythme raï et de ses exigences, le rossignol a signé son album en 1986 avec la défense des causes libertines avec le tube intitulé «El Berrakka» (La baraque) qui a été dénoncé par les conformistes et les adeptes du conservatisme.

Malgré les réquisitoires d’alors, le tube a été un grand succès, la voix de Cheb Hasni est passée comme une lettre à la poste, la masse juvénile assoiffée de vivre l’a aussitôt adopté.

Une année après la première édition du festival du raï tous les titres ont été distribués, Cheb Khaled a été consacré le King of Rai tandis que Zahouania a été nommée la Diva.

Pendant des années que Chaba Zahouani faisait le plein avec le tube « Zid serbi» alors que Cheb Mami en était à ses débuts.

Cheb Hasni continue, tout doucement son chemin de bonhomme, sera désigné plus tard le Roi de la chanson sentimentale et entre définitivement dans la légende.

Aujourd’hui, Chab Hasni n’a rien à envier à Mike Brandt et Jacques Brel ou encore Matoub Lounès.

Selon les spécialistes, le style prôné par Hasni est la revendication d’une vie meilleure en harmonie avec les nouvelles mutations.

Aussi, Cheb Hasni a, de son verbe doux, dénoncé le malaise social tout en abordant des sujets qui fâchent et brisant des tabous l’un après l’autre sans pour autant dépasser le seuil de l’entendement ni de la raison.

«Son discours n’était ni cru ni véhément », lui reconnaissent les spécialistes de la chanson raï.

Sept ans de carrière lui ont valu un héritage légendaire constitué de pas moins de 400 titres et plus d’une centaine d’albums que les jeunes d’hier et d’aujourd’hui continuent à se procurer 15 ans après son assassinat.

Hasni a préféré son Algérie plutôt que la fuite Le Roi de la chanson sentimentale a toujours, porté l’espoir des jeunes de son quartier, de sa ville et de son Algérie dans son for intérieur.

Ceux qui ont suivi le show du 5-juillet 1993 au stade 5- Juillet témoignent du mécontentement de Hasni quant aux situations des faits accomplis imposés par la horde terroriste.

Alors que des cadres, artistes et hommes politiques fuyaient le «choc» imposé par les sinistres du GIA, Hasni lui a préféré accompagner les siens dans leur désenchantement.

Son dernier concert reste un témoignage vivant d’une bravoure inédite lorsque Hasni est monté sur le grand podium du stade 5-Juillet pour entonner, devant une forte assistance, son immortel «Mazel kayen l’espoir».

Maudite soit cette journée du 29 septembre 1994 lorsque son bourreau décida de mettre fin à sa vie en tirant à bout portant sur lui en plein café à Gambetta.

Sa mémoire et son oeuvre demeurent des symboles d’un homme qui a tant bavé pour que les siens vivent en paix. Repose en paix Hasni.

WAHIB AÏT OUAKLI