L’absence de Chavez à sa prestation de serment ouvre une crise constitutionnelle au Venezuela
La confirmation de l’absence de Hugo Chavez à sa prestation de serment aujourd’hui attise le débat constitutionnel qui agite le Venezuela sur la question de la continuité du régime au delà de cette date.
Pendant ce temps, le gouvernement et opposition restaient suspendus à une annonce du Tribunal suprême de justice attendue hier. Le gouvernement a annoncé mardi soir sur Twitter, la tenue d’une conférence de presse du Tribunal suprême mercredi (hier) à 09H00 locales (13H30 GMT), sans plus de précision. L’AFP n’a pu joindre le tribunal pour confirmer cette information. Mardi soir, le régime vénézuélien à mis fin au suspense qui planait sur l’investiture du président à Caracas aujourd’hui 10 janvier – comme prévu par la Constitution – en indiquant que, sur recommandation de ses médecins, il devait poursuivre son traitement à Cuba après sa quatrième opération du cancer le 11 décembre. En conséquence, «la prestation de serment aura lieu à une date ultérieure devant le Tribunal suprême de justice», a expliqué le président de l’Assemblée nationale Diosdado Cabello en lisant une lettre du vice-président Nicolas Maduro, à qui le président a délégué une partie de ses pouvoirs en son absence. La Constitution prévoit que le chef de l’Etat élu doit prêter serment le 10 janvier devant l’Assemblée nationale au cours d’une cérémonie qui doit se dérouler au Venezuela et ne peut être reportée. Mais le gouvernement met en avant le fait que la loi fondamentale dispose aussi que s’il ne peut prêter serment devant les députés, le président peut le faire devant le Tribunal suprême de justice (TSJ). Et dans ce cas, aucun délai n’est mentionné. L’opposition rejette cette interprétation de la Constitution, avançant que le gouvernement s’engage dans une forme de coup d’Etat institutionnel en tentant de se maintenir coûte que coûte. Mardi, la principale coalition de l’opposition, la Table de l’unité démocratique (MUD), a alerté dans une lettre l’Organisation des Etats américains (OEA) d’un risque de «violation de l’ordre constitutionnel». De son côté, le chef de file de l’opposition, Henrique Capriles a demandé au TSJ de «se prononcer» sur ce «conflit de nature constitutionnelle». «Il faut qu’il y ait un arbitrage», a-t-il lancé, alors que cette institution est régulièrement décriée pour sa proximité avec le gouvernement. Pour Henrique Capriles, «le 10 janvier marque la fin d’un mandat présidentiel et le début d’un autre». «Si le président ne prête pas serment, il cesse d’être président», a-t-il encore assuré. Malgré l’absence confirmée de Hugo Chavez aujourd’hui, les barons du régime ont appelé à une manifestation massive le même jour devant le palais présidentiel à Caracas, et les chefs d’Etat bolivien Evo Morales – très proche d’Hugo Chavez – et uruguayen Jose Mujica ont déjà confirmé leur venue en marge de cette mobilisation. La présidente argentine Cristina Kirchner doit quant à elle se rendre aujourd’hui à La Havane. Face à cet appel, l’opposition a indiqué avoir choisi de ne pas risquer la confrontation et n’a pas demandé ses partisans de se mobiliser aujourd’hui dans la capitale. Hugo Chavez n’est pas apparu en public depuis près de quatre semaines. Les dernières images du président datent de son départ vers Cuba il y a un mois pour y être opéré une quatrième fois d’un cancer dans la zone pelvienne diagnostiqué en juin 2011. La nature et la localisation exactes de ce cancer sont tenues secrètes par les autorités. Le gouvernement a annoncé lundi qu’il se trouvait dans un état «stable» et qu’il «assimile son traitement» après avoir été victime d’une grave infection pulmonaire, sans donner plus de précisions.