D’anciens membres du FIS dissous ont resurgi dans l’actualité politique ces jours-ci, avec un projet de nouveau parti dont ils ne cachent pas l’obédience salafiste. Une demande d’agrément dans ce sens a même été déposée auprès ministère de l’Intérieur.
Ces islamistes poussent le cynisme jusqu’à prétendre s’inscrire dans le cadre de la démocratie et bénéficier des libertés politiques qu’ils ont vainement tenté de détruire dans les années 90 en pratiquant un terrorisme sanglant qui a laissé de profondes séquelles dans la société algérienne.
Ils feignent, en outre, d’ignorer non seulement que la Constitution leur interdit de la façon la plus explicite de créer un parti sur une base religieuse. Pis, ils sont exclus de l’activité politique par la Charte sur la réconciliation nationale, en tant que responsables du terrorisme qui a endeuillé l’Algérie depuis la fin des années 80 et entraîné des dégâts matériels qui se chiffrent en milliards de dollars. En même temps que cette tentative «légale» en vue de la réintégration dans le champ politique d’islamistes qui ont versé dans l’action terroriste plus ou moins directement, il y a la curieuse démarche médiatique de deux autres islamistes qui, eux, ont été fondateurs puis dirigeants du FIS. Hachemi Sahnouni et Ahmed Merani viennent de se rappeler au souvenir – plus que mauvais – des Algériens, en accordant des interviews à deux journaux arabophones, dont le lectorat est plutôt populiste, Echorouk et Ennanahar.
Forts de l’expérience égyptienne et tunisienne, où les islamistes sont en train de se casser les dents, le FIS tente-t-il de revenir par une fenêtre que lui aménagerait le pouvoir ? Les échéances prochaines, révision de la Constitution puis élection présidentielle de 2014, ne sont certainement pas étrangères à cette agitation soudaine de ces islamistes non intégrés aux rouages du pouvoir.
Sur fond de malaise social, parfaitement illustré par la grève des postiers qui semble engagée dans une impasse, et aussi de désaffection à l’égard de la politique «officielle», en témoignent les taux d’abstention aux dernières élections législatives et locales, les islamistes sentent sans doute que c’est le moment opportun pour eux d’intervenir. Comme ils l’avaient fait dans les années 80.
Kamel Moulfi