Charles Taylor jugé coupable de crimes en Sierra Leone

Charles Taylor jugé coupable de crimes en Sierra Leone

L’ex-président du Liberia Charles Taylor a été reconnu coupable «d’avoir aidé et encouragé» la commission de 11 crimes de guerre et crimes contre l’humanité en Sierra Leone. Entre 1991 et 2001, la guerre civile dans ce pays avait fait 120.000 morts. Les chefs d’accusation comprenaient notamment le meurtre, les violences sexuelles et l’enrôlement d’enfants-soldats. La durée de sa peine, qui sera purgée au Royaume-Uni, sera rendue publique le 30 mai.

Le juge du Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), Richard Lussick, a fait durant 2h30 la lecture publique du jugement à Leidschendam, dans la banlieue de La Haye. Sa décision est historique, puisqu’elle fait de Charles Taylor, 64 ans, le premier ancien chef d’État condamné par une juridiction internationale.

«Un message important»

Arrêté en 2006 au Nigeria, Charles Taylor était accusé, en tant que président du Liberia, d’avoir créé et mis en oeuvre une campagne de terreur visant à obtenir le contrôle de la Sierra Leone voisine, dans le but d’exploiter ses diamants. En sous-main, l’ancien président avait soutenu les rebelles sierra-léonais du Front révolutionnaire uni (RUF), en leur fournissant armes et munitions en échange de diamants.

Le procès de l’ex-chef d’État, ouvert le 4 juin 2007 et achevé le 11 mars 2011, avait été délocalisé à La Haye par le Conseil de sécurité des Nations unies, qui craignait que la présence de l’accusé à Freetown, en Sierra Leone, ne soit «une menace pour la paix». Jeudi matin, dans la capitale du Liberia, Monrovia, un important déploiement de forces de l’ordre avait été prévu pour prévenir toute perturbation liée au jugement.

Avec cette décision, le TSSL envoie «un message important aux hauts responsables étatiques: qui que vous soyez et quelles que soient vos fonctions, vous serez traduits en justice pour les crimes» que vous aurez commis, s’est félicitée l’organisation Amnesty International. Le chef du bureau d’Amnesty en Sierra Leone, Brima Abdulai Sheriff, a estimé que ce jugement «rend justice, dans une certaine mesure, aux populations de Sierra Leone», tout en rappelant que «des milliers de personnes soupçonnées d’être criminellement responsables pour meurtres, viols, violences sexuelles, mutilations et l’utilisation d’enfants (…) n’ont jamais fait l’objet d’enquêtes, et encore moins de poursuites».