Chargé de justifier les décisions de Bouteflika: Indigente plaidoirie de Lamamra

Chargé de justifier les décisions de Bouteflika: Indigente plaidoirie de Lamamra

L’intervention du vice-Premier ministre, hier, sur les ondes de la radio Chaîne III, après une exclusivité réservée à RFI, a été un exercice difficile pour lui, puisqu’il ne pouvait justifier l’injustifiable.  

Le renoncement d’Abdelaziz Bouteflika à un 5e mandat a été présenté, hier, par Ramtane Lamamra, vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, comme étant une réponse à un souhait formulé par les Algériens. “Le Président a fait le choix en faveur du fonctionnement des institutions de la République”, a-t-il dit sur les ondes de la radio algérienne, soulignant qu’il n’avait “point l’intention d’aller au bout de son quatrième mandat, comme ce fut le message rapporté par sa lettre du 3 mars dernier. Le Président a annoncé que s’il est réélu, ce sera à la conférence nationale de fixer la fin de son mandat. Il ne restera donc au pouvoir que de conduire sa mission déclinée dans sa lettre aux Algériens”.

Quant à l’inconstitutionnalité de son offre, celle d’ajourner l’élection du 18 avril prochain en attendant de préparer une période de transition, Ramtane Lamamra n’y voit rien d’illégal, puisque, selon lui, une telle pratique a été constatée chez l’ancien président de la République, Liamine Zeroual. “Quand Zeroual avait décidé de raccourcir son mandat, beaucoup de juristes avaient dit que ce n’était pas prévu par la Constitution. Mais c’était dans l’intérêt de la nation”, a-t-il estimé, remettant ainsi en cause la voix des juristes qui dénonçaient une pratique incompatible avec la Constitution. Feignant d’ignorer que le retrait de Liamine Zeroual était plutôt une démission prévue par les dispositions de la Constitution, contrairement à ce que propose Abdelaziz Bouteflika, qui n’est autre qu’un passage en force pour se perpétuer au pouvoir, le ministre des Affaires étrangères tente un autre justificatif, invoquant le risque d’instabilité dans la région.

En somme, l’offre d’Abdelaziz Bouteflika est, pour Lamamra, un gage de “stabilité et de permanence de l’État”. Quid des revendications de toute la société qui demande le départ de Bouteflika et de tout son système ? Pour répondre à cette question, Ramtane Lamamra use de la langue de bois pour dire que “l’éveil de la jeunesse est l’une des plus belles réalisations qu’il faudra mettre sur le compte des 20 années de Bouteflika”. Dans le foisonnement des initiatives que propose Abdelaziz Bouteflika dans sa dernière lettre aux Algériens, il y a une zone d’ombre qui tarde à être levée : comment et qui va conduire la transition proposée ? Ramtane Lamamra explique que c’est le Président qui veillera en personne à cet exercice et que c’est au gouvernement que reviendra la mission de mener les consultations et la prise de décision.

La composition de la nouvelle équipe gouvernementale sera annoncée sous peu. “C’est un changement important et substantiel. Une fois formé, le gouvernement va lancer des consultations et prendre des décisions importantes”, a indiqué le vice-Premier ministre, soulignant qu’“il n’y a jusqu’ici aucun conciliabule qui se tient avec l’opposition”.

Répliquant à l’idée d’une Constituante, il précise qu’entre cette formule et la conférence nationale proposée par Abdelaziz Bouteflika, il n’y a qu’une infime différence ; la Constituante est composée de personnes élues, alors que la conférence nationale a pour mission de ratisser plus large pour atteindre toutes les composantes de la société.

Quant à la participation de l’opposition, il dit vouloir compter sur sa proposition et qu’un appel à manifestation d’intérêt sera lancé.

Ali Titouche