Charfi ou Berradja Qui présidera le Conseil constitutionnel ?

Charfi ou Berradja Qui présidera le Conseil constitutionnel ?

En nommant Tayeb Belaïz au ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, Abdelaziz Bouteflika a imposé une situation de vacance à la tête du Conseil constitutionnel. Mohamed Charfi et Kaddour Berradja sont les deux personnalités pressenties pour occuper un des postes les plus importants de l’échiquier institutionnel et politique en Algérie.

Qui remplacera Tayeb Belaïz au poste de président du Conseil constitutionnel ? Pour l’heure, deux personnalités sont pressenties : Kaddour Beradja ou encore Mohamed Charfi, l’exministre de la Justice. Le nom de Mourad Medelci a également été cité ces derniers jours.

Les deux hommes ont pour point commun d’être issus du secteur de la justice et de maîtriser les rouages de la politique algérienne. Mais dans le cas présent, la compétence et le professionnalisme passent au second plan.

Fidélité et obéissance sont les deux critères de sélection sur lesquels se basera Abdelaziz Bouteflika pour nommer le nouveau président de cette institution.

Le chef l’Etat, encore affaibli physiquement, sait que son destin est intimement lié à la personne qui siégera à la tête de ce Conseil.

En effet, le Conseil constitutionnel est la seule institution qui dispose du pouvoir de mettre fin au mandat du président de la République à travers les dispositions de l’article 88 de la Constitution. Depuis son arrivée en 1999, Bouteflika a réussi à trouver les bons profils : Mohamed Bédjaoui, Boualem Bessaïeh et Tayeb Belaïz.

Pour éviter une éventuelle «mauvaise surprise», Bouteflika s’est même permis de «gérer» le mandat du président du Conseil — il est officiellement de 6 années — soit en l’abrégeant ou en le rallongeant. Ainsi, Mohamed Bédjaoui a vu son mandat raccourcir de trois années puisqu’il n’a siégé que de mai 2002 à mai 2005.

Bédjaoui s’était vu confier le ministère des Affaires étrangères. Mais Bouteflika décide de laisser son poste vacant. Il ne désignera Boualem Bessaïeh qu’à la fin du mois de septembre 2005, soit la veille du référendum pour la Réconciliation nationale.

Cependant, Bouteflika ne semble pas pressé de mettre un terme au mandat de Bessaïeh et lui accorde une «rallonge» de sept mois. Tayeb Belaïz, qui occupait le poste de ministre de la Justice, garde des Sceaux, depuis 2004, lui succède en mars 2012. Bien que n’étant pas de sa génération, Bouteflika lui accorde sa confiance.

Un choix judicieux puisque Belaïz a joué à la perfection son rôle de «gardien du temple» lorsque le président de la République a brusquement quitté l’Algérie après avoir été victime d’un accident vasculaire cérébral. Toute tentative d’appliquer les dispositions de l’article 88 de la Constitution pour déclarer l’état d’empêchement aurait été vaine.

Belaïz a finalement été nommé ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales afin, semble-t-il, d’organiser le retour de Bouteflika pour la quatrième fois consécutive. Quel que soit son profil, le prochain président du Conseil constitutionnel devra, lui aussi, être capable de supporter toute forme de pression.

T. H.