Chaque année selon l’agence européenne Frontex: 10 000 Algériens «grillent» leur visa

Chaque année selon l’agence européenne Frontex: 10 000 Algériens «grillent» leur visa

L’année dernière, l’Union européenne a détecté le plus grand nombre de franchissements illégaux de ses frontières terrestre, maritime et aérienne.

Le « Annual Risk Analysis 2015 », dernier bilan de surveillance des frontières extérieures de l’UE établi par Frontex, l’agence européenne pour la sécurité et les frontières extérieures, a relevé 280 000 tentatives d’entrée frauduleuse dans l’un des Etats membres de l’UE, principalement à travers la Méditerranée centrale qui continue à être la première voie de passage, une « route » principalement empruntée par Syriens, Erythréens et Sub-sahariens, ces derniers étant considérés d’ailleurs par Frontex comme faisant partie du « Top 10 » des nationalités qui tentent d’entrer illégalement en Europe.

Les Algériens aussi…

Dans le rapport de Frontex, il ressort que les Algériens font eux aussi partie de ce « Top 10», non sans fournir de nouvelles indications sur les voies les plus privilégiées pour rejoindre le sol européen et y rester. Globalement, dans l’ensemble de 2014, ils ont été 12 933 Algériens à avoir été détectés et identifiés par Frontex en tant que « fraudeurs », principalement sur deux « fronts » : les tentatives d’entrée illégale en Europe des Algériens se font principalement par la voie maritime et aérienne. Par mer, la route de prédilection reste la Méditerranée occidentale, passant par le Maroc comme tremplin vers l’Espagne, à partir des territoires insulaires de Melilla. « Algériens et Marocains ont également été signalés parmi les dix premières nationalités qui tentent un passage vers l’Europe, surtout par la frontière maritime », souligne Frontex. Cette voie, ils ont été 734 Algériens à l’avoir choisie en 2014, en hausse de 37% comparativement à une année auparavant. L’autre voie, c’est celle des airs, dominée par les passages vers l’Italie, où 24% des interceptions sont à l’actif des seuls Algériens, représentant 2659 individus arrêtés, en augmentation de 3%. Sur les 12 933 «intrusions » à travers l’une des trois frontières, 2730 Algériens se sont vus refuser l’entrée dans l’un des territoires de l’espace Schengen en 2014, en augmentation de 32%, 7786 une décision d’expulsion, parmi lesquels 2811 par la force. Principale raison invoquée à la PAF : moyens de subsistance insuffisants ! Ceci indique que, au même titre que les Marocains, les Algériens ont de plus en plus tendance à traverser la frontière légalement, mais une fois dans l’un des pays de l’UE, ils dépassent la durée légale de leur séjour, analyse Frontex, qui a estimé le nombre d’Algériens qui « grillent » le visa et repérés et reconduits à 10 000 par an depuis 2009. A ce propos, Frontex avait déjà publié l’année dernière un même rapport dans lequel l’agence européenne relevait que l’Algérie détenait le « podium » des taux de refus de visa pour l’ensemble de l’espace Schengen, où les Algériens récoltaient une moyenne de refus de 27% lorsque la Tunisie et le Maroc essuyaient respectivement 11 et 10% de « niet» ! Un refus principalement motivé par le risque jugé « important » de voir ce sésame détourné de son objet et servir le dessein d’un séjour illégal. Un argument déjà avancé par le consul général de France à Alger, Michel Dejaegher, qui justifiait justement le taux de refus de visas à des Algériens par les consulats français par « le risque de détournement de l’objet du visa pour rester illégalement en France».

Pire que la Seconde Guerre mondiale

Le nombre record de 280 000 détections a été principalement alimenté par la poursuite des flux provenant de Syrie, qui a provoqué la pire crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale, selon les termes de Frontex. Les Syriens fuyant leur pays étaient le plus grand groupe de migrants en situation irrégulière qui cherchent à entrer dans l’UE en 2014. La plupart des détections ont été signalées dans le cadre des opérations de recherche et de sauvetage dans la région de la Méditerranée centrale.

Bien que les autorités de contrôle aux frontières aient continué à sauver la vie de milliers de personnes, les passeurs utilisent de plus en plus des embarcations de fortune y compris pour la contrebande. Une autre tendance expliquée par l’analyse des risques Frontex a été l’augmentation du nombre de tentatives délibérées pour faire participer les navires marchands au sauvetage de migrants.

Le profil des migrants irréguliers détectés est demeuré relativement inchangé par rapport à 2013. Ce sont surtout les hommes adultes, bien que la proportion de femmes (11%) et des enfants (15%) reflète le fait que de nombreux migrants ont l’intention de demander l’asile. Plus de 60% (170 000) de tous les passages illégaux de la frontière ont été détectés en Méditerranée centrale. Sur la deuxième route la plus fréquentée de la Méditerranée orientale couvrant les frontières de la Grèce, la Bulgarie et Chypre, il y avait plus de 50 000 détections. Aussi, les détections des migrants cachés dans des véhicules qui cherchent à entrer dans l’UE par l’intermédiaire des traversées régulières frontalières ont bondi à plus de 3000, soit cinq fois le nombre de l’année précédente. Ce bond est attribuable à une augmentation de dix fois des détections rapportées par les passages frontaliers bulgares et le long de la frontière terrestre avec la Turquie.

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