Chantier de la Grande Mosquée d’Alger La polémique refait surface

Chantier de la Grande Mosquée d’Alger La polémique refait surface

Faut-il suspendre les travaux de la nouvelle Mosquée d’Alger ? Tel était le titre de notre premier papier au sujet de ce grandiose ouvrage. La polémique refait surface ces derniers jours et plusieurs voix s’élèvent pour alerter l’opinion publique sur le mauvais choix de l’assiette alors que d’autres demandent carrément l’annulation de la réalisation de la mosquée en raison du coût excessif du projet.

En effet, dans un récent papier nous avons abordé le sujet relatif à la construction de la nouvelle Mosquée d’Alger et sur la grande polémique qui entoure cet ouvrage. Aucune réaction officielle n’a confirmé ou infirmé les accusations relatives au mauvais choix de l’assiette.



Aucun commentaire officiel n’a été également fait au sujet de ceux qui trouvent que la construction d’une telle Mosquée n’avait pas de raison d’être surtout en ce moment de crise. En matière de son emplacement, des experts trouvent que le site du complexe ne répond pas aux normes requises. L’endroit constitue un risque majeur du fait qu’il fait partie du lit majeur du célèbre Oued El-Harrach.

C’est l’avis du professeur Chelghoum qui a déclaré que le sol où devrait être érigée la Mosquée serait sédimentaire et lâche à plus de cinquante mètres de profondeur. Il devrait ajouté que ce type de sol est reconnu pour être un parfait amplificateur des ondes sismiques en cas de secousse tellurique. Toujours et selon M. Chelghoum, en plus des risques telluriques, le coût final du projet peut atteindre cinq fois l’évaluation initiale qui est de 1,5 milliard de dollars, à cause de la nature du terrain.

Il y a beaucoup de vices cachés à cause justement de ce terrain et qui vont apparaître lors de la réalisation et ce qui alourdira encore le coût du projet. Ces derniers jours, le ministre des Affaires religieuses a répliqué aux critiques indiquant que la structure est conçue pour supporter un séisme d’une magnitude de 9 sur l’échelle de Richter.

«Des personnes qui ne sont pas habilitées s’expriment sur le choix du terrain alors que nous avons fait appel à des spécialistes issus de pays à forte activité sismique, notamment du Japon et des Etats-Unis (Los Angeles), qui ont tous conclu que la qualité du sol est tout à fait appropriée et sa résistance formidable», a-t-il conclu. La déclaration du ministre a fait encore réagir les expert et notamment M. Chelghoum en sa qualité d’expert, chercheur et formateur.

Le professeur a indiqué à la presse qu’il y a une sous estimation des risques sismiques» et ne comprend pas «comment un ouvrage aussi complexe sur le plan technique, économique et sécuritaire (par rapport aux risques majeurs) n’a fait l’objet d’aucun débat national entre experts ayant une expérience avérée dans les domaines de la conception, du suivi, du contrôle et de la réalisation des grands projets». Dans une contribution publiée par notre confrère le Soir d’Algérie, M. Chelghoum répond au ministre et relève une contradiction des plus flagrantes concernant le premier point.

Il explique que «si la qualité du sol est si appropriée et sa résistance si formidable, pourquoi avoir recours au système d’appuis parasismiques au niveau de l’infrastructure, bel et bien prévus ? Sur le plan économique, des voix s’élèvent encore et demandent l’arrêt de la construction de la Mosquée ou la reconversion du projet. Une pétition circule à ce sujet pour demander au chef de l’Etat d’arrêter le chantier et d’annuler définitivement ce projet.

«A la place de la Mosquée, l’Etat pourrait construire des milliers d’habitations pour mettre fin à la crise de logement dans le pays. Pourquoi ne pas construire des hôpitaux, écoles ou des universités à la place de la Mosquée », selon des citoyens. «L’argent de cette Mosquée pourrait contribuer à faire sortir des milliers de chômeurs de la misère», ajoutent d’autres.

Moncef Rédha