Changer de système politique pour développer l’Algérie

Changer de système politique pour développer  l’Algérie
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Depuis des décennies, des experts se sont demandés quel régime politique favorisera-il la prospérité économique ? Pour autant, les liens entre développement et régime politique sont peu étudiés dans notre pays. Pourtant les résultats peu probants en matière économique montrent clairement que le model politique algérien n’a pas réussie à faciliter le développement du pays. Même la richesse durant les quinze dernières années n’a pue améliorer le fonctionnement démocratique du pays. L’Algérie qui a choisit un model politique basé sur la concentration des pouvoirs autour d’un régime présidentiel  a-t-elle forcement le bon model ? Lorsqu’on constate le bilan de ce model 52 ans après l’indépendance, nous pouvons naturellement penser que malgré les efforts consenties, qu’en l’état actuel des choses, nous sommes loin du compte. Effectivement, à l’exception de l’exemple de la Chine  ou de Singapour, peu de pays ont réussi leur développement avec ce model.

En effet, les exemples d’échec sont nombreux et plus particulièrement en Afrique. En l’état actuel des choses notre model favorise des politiques économiques qui ont pour but avant tout la stabilité du régime en évitant au maximum le mécontentement populaire, de toucher aux intérêts acquis pour éviter tout risque interne ; les besoins de développement économique reste secondaire. Malgré des revenus historiquement élevés, nous n’arrivons pas avec ce model à utiliser les différents leviers économiques en vue de hausser le niveau de vie des populations et de favoriser le bien-être général. Aujourd’hui, notre pays est confronté à une grave crise de confiance du citoyen envers nos institutions et les acteurs économiques. Notre croissance rime encore avec pauvreté d’un grand nombre (24% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté), inégalité, chômage et instabilité sociale.

Aujourd’hui nous vivons avec les mécanismes des sociétés d’ancien régime qui concentre le pouvoir politique dans la société pour en détenir le monopole. Les conséquences du système sont bien connues : mal-développement du pays, corruption qui asphyxie l’économie, bureaucratie, administration pléthorique, etc.

Nous avons du mal à évoluer, pourtant au cours des trente dernières années, l’économie mondiale a connu des mutations considérables, nous sommes passées d’économie nationale, jusqu’à là fermée, vers un environnement ouvert qui opère dans une économie mondiale de plus en plus intégrée. Et l’Algérie dans tout ça est restée malheureusement trente ans en arrière.

Bien qu’il n’a jamais été démontré formellement, qu’il y’a convergence naturelle entre développement et un régime politique. Ils ne demeurent pas moins qu’hormis quelque exception, il y’a une corrélation troublante entre model politique où le régime est parlementaire (Allemagne, Singapour, etc.)  ou tendance parlementaire (Norvège, Suède, etc.) et le niveau de vie, le niveau du PIB, l’espérance de vie, le niveau d’éducation, etc. Pour en être convaincu, il suffit de voir le classement IDH des 20 dernières années. Un autre classement celui de la liberté économique publié chaque année par la Heritage Foundation et qui concerne entre autre la place de l’Etat dans l’économie, la stabilité monétaire, la qualité du droit de propriété et la liberté des échanges extérieurs donnent des tendances équivalentes.

De plus, on remarque qu’à plus au moins long terme, la croissance de ces pays est plus stable et absorbe mieux les chocs extérieurs (pétrolier, boursier ou crise économique chez un partenaire).  A l’inverse la majorité des pays qui glanent les dernières places sont des pays à régime prudentielle. Exception faite de la Corée du sud dont le président ne dispose que d’un unique mandat et des Etats-Unis dont le président ne peut dissoudre le parlement qui dispose de pouvoirs importants. Les pouvoirs du président peuvent être encore plus limité dans ces prorogative en cas d’échec aux élections de mi-mandat.

Le choix d’un régime constitutionnel et avant tous le choix d’un mode de gouvernance, quand celle-ci ne fonctionne plus, la réflexion sur le model organisationnel de l’état y’compris jusqu’au sommet doit être introduite.

Des pays comme la France sont déjà dans la 5émé république et certain songe déjà à la sixième. Compte tenu des enjeux à venir, nous nous pouvons limiter la discussion constitutionnelle qu’à un simple lifting au tour du nombre des mandats ou d’un autre dispositif qui ne permettront pas au pays d’aller vers le développement.

Pour construire notre pays, nous devons aussi réfléchir sur un model de gouvernance  le plus efficient permettant d’impliquer le citoyen dans le processus décisionnel afin de le faire adhérer au projet commun. C’est la règle de base de la conduite du changement.

Nous pouvons aisément penser qu’un changement de système, pourrait favoriser la croissance économique. En effet, un régime avec une prédominance parlementaire tendrait à créer la compétition politique ce qui ne peut qu’améliorer le fonctionnement des institutions,  réduirait le risque de mise en œuvre de politiques économiques distorsives, inflationniste, minorerait les déficits publics actuels insoutenables, restreindra a la surévaluation monétaire et limitera la corruption. D’ailleurs sur ce dernier point les rapports de Transparency International démontrent que la corruption est moindre dans les régimes parlementaires africains.

Une meilleure redistribution démocratique réduira l’incertitude économique car elle apporte une meilleure visibilité pour les investisseurs et aide les pays à mieux s’adapter face aux bouleversements extérieurs (Dani Rodrik, 1999). Les bénéfices pourraient rapidement se voir en matière d’emploi et d’amélioration de la qualité de vie des populations.

Pour illustrer mes propos, il suffit de voir l’évolution d’un pays comme Maurice qui après l’adoption d’un régime parlementaire a vu son niveau de vie doubler en dix ans. Aujourd’hui cette ile à un PIB par habitant supérieur à l’Algérie de 65%.

La pratique constitutionnelle qui consacre la surpuissance du rôle du chef d’Etat, source de tous les pouvoirs, administratif, exécutif, législatif et judiciaire, budgétaire, économique, financier et monétaire, sans compter leur pouvoir de nomination aux emplois civils et militaires est risquée et inefficace pour notre pays. D’ailleurs, l’échec de notre développement est dû entre autres au mode de gouvernance.

Bien évidement, un changement de régime constitutionnel ne garantit pas une bonne « gouvernance », mais il est certain que notre constitution en l’état est un outil avant-coureur d’un désastre avenir assuré.

Bien entendu, ce n’est pas aux experts de dicter le model mais plutôt aux politiques et surtout à la société civile. Il ne demeure pas moins qu’il est de notre rôle de faire une rétrospective pour aider à penser les défis d’aujourd’hui.

Il faut donc en finir avant les prochaines échéances électorales avec les institutions de la première République et redonner plus de pouvoir aux citoyens dans tous les domaines de la vie politique et économique. Sans cela nous ne pourrons faire face aux défis cruciaux que doit affronter le pays pour devenir un pays développé.

La question des relations entre démocratie et économie ne sera certainement pas résolue par un simple lifting constitutionnel, elle est au contraire devant nous. Les solutions d’hier ne sont pas celles qui construiront notre futur.

Benadda Yassine