Samedi 4 août 2012. Square Port-Saïd. Il est 11h. Les cambistes sont beaucoup moins nombreux que d’habitude. Les uns adossés au mur, les autres carrément assis sur les trottoirs, ils attendent désespérément un client. Peu de voitures s’arrêtent, même les curieux se font rares.
Hamid, un jeune cambiste, assis sur le capo d’une voiture, scrute du regard les passants qui ne semblent pas avoir l’intention de se diriger vers lui. Il fait passer la liasse de billets de mille dinars machinalement d’une main à une autre, faisant tourner et retourner le paquet d’argent, mais rien à faire, personne ne lui prête attention. Chacun vaque à ses occupations et Hamid commence à perdre patience. «Même les curieux qui viennent d’habitude nous embêter se font rares.
Les gens ne se renseignent même pas sur les prix», lance-t-il à son voisin qui vient le rejoindre. Selon lui, quelques jours avant le mois de Ramadan, l’activité dans le marché de change de devises avait sensiblement baissé. «Nous travaillons beaucoup plus avec les trabendistes et comme ils marquent chaque année une pause durant le mois de Ramadan, l’activité baisse. Ça ne reprend généralement qu’après la fête de l’Aïd, où ils reprennent en force avec la rentrée sociale», souligne-t-il.
Un peu plus loin, devant le tribunal de Sidi M’hamed, un autre jeune cambiste est entouré de trois personnes. Au bout de deux minutes, ils repartent l’air déçu, lui à son tour, feigne une grimace d’insatisfaction. «Ils cherchent le riyal saoudien», lance-t-il à un de ses confrères. «Pour cela, ils devraient se réveiller de bonheur !», lui répond-il. Selon ces deux derniers, le riyal saoudien se fait rare depuis le début du mois de Ramadan et atteint les 34 000 DA pour un billet de 1 000 riyals. «Comme les gens ont beaucoup plus tendance à effectuer des pèlerinages aux Lieux Saints de l’Islam durant le mois de Ramadan, les cours augmentent et le riyal devient introuvable en raison de la forte demande», expliquent-ils.
L’euro et le dollar intouchables !
Même s’il y a une forte baisse de l’activité dans le marché de change de devises, l’euro reste au prix fort de 140,75 DA pour un euro, alors que le dollar est passé à 120 DA pour un dollar. La livre sterling quant à elle est à 183 DA. Certains cambistes affirment qu’il leur est arrivé depuis le début du mois sacré de repartir le soir avec zéro vente, et pourtant la monnaie étrangère reste intouchable.
«Ce n’est pas nous qui influons sur les prix, car c’est très minime comme somme ce que nous écoulons sur le marché parallèle. Ce sont plutôt les gros bonnets qui convertissent régulièrement leurs centaines de millions de dinars pour les transférer à l’étranger qui font grimper les cours. Il y a, à peine deux mois, quelqu’un est venu chercher 1,5 million d’euros à acheter cash, mais personne d’entre nous, je dirais même, tous réunis ne pourra satisfaire sa demande. Ce sont ce genre de personnes qui influent sur le marché», confie Hamid.
M. M.