Les responsables interrogés hier sur le bien-fondé de ces accusations ont en effet reconnu avoir été reçus dans des chancelleries européennes. Et ce, davantage pour exposer leurs points de vue sur les réformes actuellement en débat au Parlement que pour jouer le parti contre les intérêts bien compris de l’Algérie. Des consultations, il est vrai, ont eu lieu ; mais des auditions qui riment avec intelligence avec l’étranger, ce n’est pas seulement faux : c’est fou.
Les auditions supposées de certains patrons des partis politiques algériens, en l’occurrence les trois partis de l’alliance présidentielle, par les chancelleries des pays européens, continuent de susciter la polémique. Selon ces partis, il s’agit de rencontres régulières avec des représentants diplomatiques des pays européens.
Joint hier par téléphone M. Aïssi Kassa, responsable de la cellule de communication du FLN, a jugé bon de nous conseiller, en fait de relations douteuses avec l’étranger, «la piste Saïd Sadi qui passe plus de temps ailleurs qu’en Algérie». Une accusation qu’il ne manque pas d’adresser, d’ailleurs, à son partenaire de l’alliance présidentielle, Aboudjerra Soltani, à qui il reproche ses déplacements tunisois depuis que Nahda est à la tête du gouvernement.
Deux flèches qu’il décoche, non sans la précaution de confirmer l’information concernant les rencontres des partis de l’alliance présidentielle avec les ambassades des pays de l’Union européenne, rapportée la veille par certains titres de la presse nationale. «Depuis l’annonce des réformes politiques en Algérie par le premier magistrat du pays, le secrétaire général du FLN a eu plusieurs rencontres avec les ambassades des pays de l’Union européenne.»
Mais selon lui, ce ne sont pas des auditions, mais juste des rencontres qui entrent dans le cadre des consultations entre représentants de l’Union européenne et des partis algériens.» Et d’ajouter : «Plusieurs diplomates étrangers ont été reçus par le secrétaire général de notre parti depuis l’annonce des réformes politiques en Algérie. Ceux-ci doivent être au courant de ce qui se passe dans le pays où ils sont accrédités, et en informer les responsables de leur pays».
Selon lui, les discussions tournent autour des réformes en Algérie et de la coopération avec les pays européens. Les accusations d’ingérence sont, affirme-t-il, loin d’être fondées, lui qui perçoit «ces rencontres comme de simples consultations, inscrites dans une logique diplomatique». De son côté, Mohamed Djemâa, chargé de la communication du MSP, a confirmé hier, par téléphone, ses rencontre avec les représentants des chancelleries des pays européens.
«Effectivement, nous avons été reçus par plusieurs ambassadeurs des pays de l’Union européenne», a-t-il dit, indiquant que «le 14 septembre dernier, le président du MSP a lui-même été reçu par Laura Baeza, la représentante de l’Union européenne à Alger, en présence des ambassadeurs d’Allemagne, de Grande-Bretagne, d’Italie, d’Espagne, des Pays Bas, de la Grèce, du Portugal, de Suède, de Roumanie, de Pologne, de Finlande, d’Autriche, de Belgique et les chargés d’affaires de la France et de la Bulgarie.
Selon lui, «cette rencontre entre dans le cadre des consultations initiées par les représentants de l’Union européenne avec les partis algériens et avait pour ordre du jour la situation en Algérie et les perspectives des réformes en cours». Par ailleurs, M. Miloud Chorfi, le porte-parole du RND, s’est refusé à tout commentaire sur ces auditions de partis politiques par des ambassades des pays de l’Union européenne. «Je ne sais pas», s’est-il contenté de dire.
Mohammed Zerrouki