La classe politique algérienne est entrée en pleine zone de turbulences, au lendemain de l’élection présidentielle d’avril 2009. Onde de choc de ce scrutin ? Ou manœuvres en prévision des élections de 2014 ? Il y a un peu des deux, si l’on juge les premiers effets induits par le scrutin d’avril dernier.
Premier à en avoir fait les frais, le FNA de Moussa Touati, avec toutes les dissensions qui ont vu le jour.
Le PT de Louisa Hanoune n’a pas été, non plus, épargné, avec la défection de certains députés. Mais les plus grands perdants se comptent parmi la coalition ayant soutenu le président Bouteflika. Le MSP a été le premier à subir les répliques du séisme postélectoral.
Son leader, Abou Djerra Soltani, même dépossédé de son titre de ministre sans portefeuille, n’arrive toujours pas à contenir la fronde des partisans de Abdelmadjid Menasra. Le patron du MSP n’est pas le seul, d’ailleurs, à faire les frais de son soutien inconditionnel au président Bouteflika.
Bon nombre de personnalités, partisanes, ou du monde associatif et syndical, ont été déçues de voir le président leur tourner le dos une fois reconduit à la tête de l’État. En choisissant le statu quo, notamment à travers la reconduction du gouvernement Ouyahia, le président Bouteflika a déboussolé tous les opportunistes qui s’attendaient à être rétribués ou congédiés.
Et c’est dans ce climat de forte déception que le FLN prépare son 9e congrès, prévu pour le 1er trimestre de l’année prochaine. Abdelaziz Belkhadem réunit les Mouhafadhs ce, mardi, pour préparer ce congrès, mais aussi l’université d’été du parti.
L’actuel patron du parti reste sur un siège éjectable et déjà, l’on avance des noms de ses éventuels remplaçants. Même si la situation du vieux parti est intimement liée à celle du pays, et annonce souvent la couleur des événements à venir, les convulsions présentes de l’ex-parti unique renseignent sur l’impasse politique dans laquelle se trouve tout le pays.
Les Bouhara, Belayat et autres Hadjar n’ont pas encore digéré la situation de déliquescence dans laquelle se débat le parti. Les militants de base, eux, ne comprennent toujours pas pourquoi leur parti, majoritaire au Parlement, est dépossédé des postes-clés au profit du RND.
Mais, le vieux parti, que feu Boudiaf voulait restituer au musée, semble avoir sept vies et pourrait rebondir à tout moment, en tous cas, en prévision des grands événements. L’on murmure même que le parti devrait être dirigé par Saïd Bouteflika, le très influent frère du Président.
Le frère cadet à qui on attribue des prétentions de succéder à son grand frère – présentement président du FLN – hésiterait encore à faire le grand plongeon dans la politique, alors que certains de ces relais lui suggèrent de fonder son propre parti.
Ce qui viderait les actuelles antennes partisanes d’une grande foule d’opportunistes. Le RND, qui tient son conseil national ce week-end, semble être le parti qui s’en sort le mieux. Mais cela ressemble au calme qui précède la tempête.
En effet, la reconduction du gouvernement ne serait que conjoncturelle et, en cas de changement de l’Exécutif, il n’est pas dit que le parti d’Ahmed Ouyahia soit gâté. De plus, si jamais les convulsions du FLN et, à un degré moindre le MSP et le MPC, finissent par accoucher d’une nouvelle configuration politique, le RND pourrait devenir, alors, la dernière roue de la charrue.
Du côté de l’opposition, rien ne va plus au RCD. Le parti de Saïd Sadi s’enlise davantage dans une crise interne et paye cash ses choix stratégiques. Des cadres sont exclus ou poussés à la porte de sortie et des voix commencent à s’élever pour contester la tendance « zaïmiste » du patron du RCD.
À travers la crise qui couve au RCD, et qui pèsera sur le déroulement de la réunion de son conseil national ce week-end, c’est toute la vitrine démocratique du pays qui s’en trouve saccagée. D’autant plus que la tentative désespérée de rassembler les forces démocratiques a encore une fois échoué, devant le refus obstiné du FFS à y associer le RCD sans « repentance » de ce dernier.
Le parti de Hocine Aït Ahmed pourrait se targuer d’avoir eu raison sur toute la ligne. Cependant, le parti reste dirigé depuis sa création en 1963, par l’éternel Hocine Aït Ahmed. En matière de démocratie et d’alternance, force est de constater que le FLN demeure la seule référence en la matière, avec des élections, des alternances et des débats internes qui ne finissent pas par des bannissements ou des exclusions.
En attendant que le séisme d’avril 2009 finisse de produire ses répliques, les partis politiques tentent de survivre comme ils peuvent, en attendant des jours meilleurs.