L’équipe d’Algérie m’a toujours fait frémir» > «Aït Djoudi est sur la bonne voie» > «Etre comparé à Djebbour m’honore»
Mohamed Chalali, le goléador du club grec de Panionios et de l’équipe nationale olympique, a accepté de se confier lors d’un entretien exclusif accordé à notre correspondant. Un entretien-confession et sans concession où l’attaquant des Verts passe en revue sa jeune carrière, nous parle de sa petite famille, de ses origines béjaouies et, bien sûr, de son rêve, accomplir le «Oumdourman U23» en qualifiant l’Algérie aux Jeux Olympiques de Londres 2012.
– Mohamed, cette saison vous évoluez dans le club grec de Panionios. Comment cela se passe pour vous ?
– El-hamdoullah, tout se passe bien pour moi. Sur le plan sportif, le club a tout fait pour que je m’intègre et pour que je sois à l’aise et sur un plan plus personnel, j’ai la chance d’avoir mon épouse et mon fils à mes côtés et ça m’aide beaucoup.
– Avez-vous croisé les deux autres Algériens qui évoluent dans le championnat grec, Djamel Abdoun et Rafik Djebbour ?
– Je suis en contact permanent avec eux. Il est normal qu’entre Algériens, on se serre les coudes.
– Surtout Rafik Djebbour qui a déjà évolué dans votre club, Panionios ?
– C’est vrai que ses conseils sont précieux vu qu’il connaît bien le club.
– En plus, comme vous êtes attaquants tous les deux, on doit vous comparer non ?
– Honnêtement, nous sommes tous les deux des Algériens et des attaquants, c’est un peu normal qu’on nous compare. Il y a une certaine comparaison, mais bon… sans plus. Mais Rafik Djebbour, en plus d’être un grand joueur, a laissé une si bonne image dans ce club et chez les dirigeants et les supporters qui l’apprécient énormément et être comparé à lui m’honore et ne me dérange nullement.
– Pouvez-vous nous narrer votre parcours footballistique depuis vos débuts jusqu’à aujourd’hui ?
– J’ai commencé dans le club de ma ville, à Romainville, en Seine Saint-Denis, en région parisienne, à l’âge de 7 ans. A 11 ans, j’ai intégré le centre de formation du Havre Athletic Club, où j’ai fait toutes mes classes, puisque je suis resté 8 ans. Ensuite, j’ai rejoint Châteauroux, un autre club de Ligue 2 française où je suis resté un an et aujourd’hui je suis à Panionios.
– Le centre de formation du Havre est le réservoir de tous les grands clubs d’Europe et il brasse pratiquement les meilleurs jeunes footballeurs de France. Cela n’a pas dû être facile pour l’enfant Mohamed Chalali, la concurrence a dû être farouche ?
– C’est clair qu’il fallait être toujours au top et ne jamais se reposer sur ses lauriers. En termes de formation c’était vraiment pointu, notre mission était d’écouter et travailler pour appliquer au mieux les consignes. Mais honnêtement, j’y étais très bien là-bas. A 16 ans, j’évoluais déjà avec les pros en Ligue 2, puis même en Ligue 1 la saison suivante sans même avoir encore le statut de pro.
– Comment de Châteauroux, on se retrouve en première division grecque ?
– C’est la «mondialisation» du football. Lorsqu’on sort d’un centre de formation et qu’on commence très jeune à évoluer avec les professionnels, on est observé de partout, suivi, et sollicité de partout, puis on finit par choisir la meilleure opportunité pour soi-même. C’est ce que j’ai fait avec Panionios et je ne le regrette pas.
– Comment le jeune Mohamed Chalali, espoir du Havre et donc du football français, préfère, même en jeunes catégorie, les Fennecs algériens aux Bleuets français ?
– C’est vrai qu’étant plus jeune, lorsque j’étais en formation au Havre, j’avais eu des touches avec les équipes de France de ma catégorie. Mais depuis ma plus tendre enfance, au quartier, l’équipe d’Algérie m’a toujours fait plus frémir. L’hymne algérien, le frisson, mes racines et le pays où ont grandi mes parents … ça a prévalu sur le reste.
– En plus, vous faites partie d’une génération de jeunes footballeurs algériens très doués, celle des 1989/90, à l’image de Boudebouz, incha Allah Yacine Brahimi, Benzerga Amir Sayoud, Amine Hebri et vous, une belle équipe olympique non ?
– C’est clair que dans votre liste, il y a beaucoup de talent et de qualité. Par contre, je ne vous cache pas qu’aujourd’hui, ça ne suffit plus pour réussir. Il faut, comme je vous l’ai dit, écouter, travailler, être disponible pour l’équipe nationale, au moins pour les dates FIFA et oublier de penser à soi-même au profit du collectif. Voilà les clés de la réussite pour notre groupe des U23 et de toute équipe de football qui se respecte.
– Vous appliquez cela à merveille, et votre récent triplé face au Sénégal début février dernier en témoigne ?
– Ce triplé a fait beaucoup de bien à mon moral sur le plan individuel, mais sans langue de bois aucune. Le plus important, c’est que l’Algérie a gagné, que toute l’équipe a bien joué, que l’adversaire était coriace puisqu’on a gagné 3 buts à 2 et que notre entraîneur, Azzedine Aït Djoudi, qui fait un travail formidable, est sur la bonne voie.
– Votre club, Panionios, ne rechigne-t-il pas à vous libérer pour l’EN Olympique ?
– Lors des dates FIFA il n’y a aucun problème, mais hors date FIFA, c’est impossible que je quitte le club, quelle qu’en soit la raison.
– Les JO de Londres 2012, vous y croyez ?
– Bien sûr que j’y crois, sinon je ne viendrai pas. Lorsque je joue un match, c’est pour le gagner pas pour faire de la figuration. Mais il faudra aborder tous nos matchs un à un, avec abnégation, respect de l’adversaire, rigueur tactique et sérieux. Aït Djoudi va nous donner le mode d’emploi et il faudra le respecter à la lettre. Honnêtement, vu le groupe, je suis confiant et ça va passer incha Allah.
– Les attaquants de notre équipe nationale A n’arrivent pas à marquer depuis plusieurs mois. Comment analysez-vous cette stérilité offensive de nos attaquants ?
– Avant tout, si l’équipe nationale ne marque pas, ce n’est pas que de la faute des attaquants, mais celle de l’équipe toute entière. Pour marquer, il faut des bons mouvements offensifs avec de bons passeurs. En plus de cela, un attaquant se compare à un pianiste, il doit faire ses gammes. Il faut énormément de travail devant les buts et surtout travailler les automatismes entre des joueurs qui jouent très peu ensemble pour retrouver le chemin des filets et la confiance.
– Vous êtes originaire d’où en Algérie ?
– Je suis originaire de la wilaya de Béjaïa, de la région de Seddouk. Plus précisément d’Ighil Ouantar pour ceux qui connaissent. Je profite de l’occasion pour les saluer.
– Un dernier mot ?
– Je passe un grand salam à tous les Algériens, je leur promets qu’on fera tout pour battre Madagascar et nous qualifier incha Allah aux Jeux Olympiques et je souhaite à nos aînés, les A, de battre l’équipe du Maroc incha Allah.