Mohamed, le football professionnel, c’est les stades pleins de supporters et les grands matchs mais c’est aussi les heures de vol et les chambres d’hôtel. N’en avez-vous pas marre de prendre l’avion ?
– Je pense que j’ai la chance d’avoir ma passion comme métier. J’adore mon métier, j’adore le football, et si en contrepartie, je dois me taper des milliers d’heures de vol et dormir dans des milliers d’hôtels, ce n’est pas grave, je savoure la chance que j’ai et les avions, ce n’est qu’un petit désagrément.
– Mais l’avion direction Alger, ce n’est pas pareil ?
– C’est vrai que celui-là je le prends avec plaisir, parce que je sais que je vais retrouver l’ambiance du pays, la chaleur de mes coéquipiers et cela ce n’est que du bonheur.
– Qu’avez-vous pensé du tirage au sort des deux groupes du tournoi pré-olympique et du groupe de l’équipe nationale ?
– Je pense que les deux groupes sont un peu déséquilibrés et que le sort a été bien dur avec nous, car nous nous retrouvons dans «le groupe de la mort», mais d’un autre côté, c’est mieux ainsi.
– Pourquoi est-ce mieux ainsi ?
– Parce que depuis le début de notre aventure, à chaque tour, on nous annonçait comme «morts» et on est encore là bien vivants. Nous avons passé les obstacles un à un et hamdoullah, nous sommes toujours là. Il faut que les autres équipes du groupe sachent que nous allons tout faire pour l’emporter et que pour nous battre, il faudra nous passer sur le corps, car nous irons jusqu’au bout, tout simplement parce qu’on n’a pas fait tous ces sacrifices pour rien.
– Et en ce qui concerne le pays choisi pour organiser ce tournoi, à savoir l’Egypte, qu’en pensez-vous ?
– J’aurais préféré que ce tournoi se déroule chez nous, devant notre public, on aurait été invincibles, mais comme cela ne s’est pas fait, je pense que c’est à la fois bien et mal. C’est vrai qu’il y a le contentieux Oumdorman entre nous, donc, il ne faut pas compter sur des encouragements, mais au moins le climat ressemblera au climat de chez nous et la qualité de la pelouse, ce qui est le plus important dans notre jeu. Le tournoi aurait eu lieu en Afrique subsaharienne, ça aurait été mission impossible.
– Avant votre équipe, les équipes nationales olympiques, c’était un premier tour, puis elles s’en allaient. Qu’est-ce qui fait votre force ?
– Il y a deux facteurs très importants qui font notre force. Le premier facteur, c’est qu’il y a une stabilité dans l’effectif. Nous sommes quasiment toujours les mêmes, et cela a créé des liens entre nous. Ces liens se sont renforcés lors des «missions galères» que nous avons partagées ensemble. Ce sont ces liens entre nous qui nous ont aidés à nous qualifier en Zambie. Par exemple, dans ce stade en altitude, sans oxygène, chauffé à bloc, avec une chaleur torride, si nous ne nous étions pas encouragés mutuellement, nous aurions sombré. Le deuxième facteur, c’est que nous avons un entraîneur formidable qui, je vous le dis franchement, est bien plus qu’un entraîneur pour nous, il s’appelle Azzedine Aït Djoudi, et nous sommes tous prêts à mourir pour lui sur le terrain.
– Comment voyez-vous ce stage ?
– Je le vois de manière très positive. Nous avons cinq jours pour travailler la cohésion et pour travailler tactiquement, car nous nous connaissons tous pratiquement. Ensuite, nous aurons un match face à une équipe costaude, vu les éléments qui la composent, à savoir l’USMA d’Alger.
– Vous avez déjà enregistré vos bagages et pourtant vous restez pour attendre le néo-Fennec Mehdi Abeid qui doit prendre le même avion que vous, c’est votre rôle de capitaine des Verts ?
– Non, ce n’est pas une question de capitaine ou de quoi que ce soit. Je suis ancien dans l’équipe, une première sélection, ça n’est pas facile. J’ai eu de la chance de recevoir un accueil formidable à mes débuts, aujourd’hui, c’est à mon tour de faire que Mehdi se sente bien dès son premier jour. Chez les U23, l’accueil est simple, mais sincère et chaleureux et c’est le plus important.
– Vous qui êtes un ancien, les conditions de vie des U23 se sont-elles améliorées?
– Honnêtement, c’est le jour et la nuit. Avant, nous étions vraiment le parent pauvre du football algérien. Depuis l’arrivée du président Raouraoua, nous bénéficions de toutes les commodités sportives et matérielles qu’une sélection nationale exige.
– Parlons maintenant de votre carrière en club. Vous avez quitté cet été Panionios pour Aberdeen en Ecosse. Etes-vous content de votre choix ?
– Franchement, à part la météo, je ne regrette rien (rire). Mon acclimatation a été très facile. Le club est britannique donc très structuré. Il fait tout pour vous faciliter l’existence à votre famille et vous. Vous ne devez vous concentrer que sur le jeu. Cela ressemble aux clubs de Ligue 1 française sur le plan de l’organisation, mais en plus carré, j’ai repris les repères que j’avais au Havre. La Grèce, c’était un peu plus brouillon on va dire et grâce à Dieu, j’ai pu partir avant la crise financière.
– Ibrox Park face aux Rangers, c’est vraiment la folie ?
– C’est pire que la folie, il y a tellement de bruit que mon coéquipier était collé à moi et je ne l’entendais pas.
– Le dernier match du championnat d’Algérie que vous avez pu regarder à la TV ?
– Mouloudia d’Alger face à Hussein Dey. M. B.