C’est un Mohamed Chalali très heureux et impatient de répondre à l’appel de son pays qui nous a accordé un long entretien exclusif, hier en fin d’après-midi.
Au cours de cet entretien, l’’ancien capitaine de l’équipe nationale U23 et attaquant du club écossais d’Aberdeen nous a confirmé avoir reçu sa convocation pour le stage préparatoire et le match Gambie-Algérie, qui aura lieu le 29 février prochain à Banjul, capitale de la Gambie. L’ancien international olympique, devenu aujourd’hui «Fennec» à part entière, a choisi Compétition pour livrer ses premières impressions.
– Confirmez-vous le fait que votre club ait reçu le fax de la Fédération algérienne de football annonçant votre sélection pour le match Gambie-Algérie ?
– Salam aleykoum tout d’abord à vous et à l’ensemble des compatriotes algériens qui vont parcourir vos colonnes. Effectivement, c’est ce matin, à mon arrivée au club, qu’un des responsables administratifs m’a informé officiellement de ma sélection en équipe nationale A.
– Tout d’abord félicitations, «mabrouk», comme on dit chez nous. Le cœur a dû battre la chamade à ce moment-là, j’imagine…
– Merci. Et bien oui et non, car deux jours avant, j’avais reçu un appel téléphonique d’un membre de la fédération qui m’avait demandé de lui communiquer le numéro de fax de mon club. J’avais compris à ce moment-là que la bonne nouvelle était en chemin. Cette remise du fax m’a quand même soulagé, car, en football, tant que ce n’est pas écrit noir sur blanc, on n’est jamais sûrs de rien.
– Il y a de la joie dans votre voix, que ressentez-vous aujourd’hui ?
– Honnêtement, je ressens plus que de la joie, il n’y a pas de mot pour dire ce que je ressens. Il faut le vivre. J’aime mon pays, je suis un patriote, et servir mon pays à travers l’équipe nationale, puisque je suis footballeur, c’est la plus belle chose qui pouvait m’arriver. Cet état de joie intense n’a duré que cinq minutes, laissant place immédiatement à un immense stress dû à la responsabilité qu’une telle sélection engendre.
– D’autant plus que vous êtes un des rares joueurs évoluant à l’étranger à avoir fait vos classes dans les équipes nationales de jeunes avant de rejoindre les A aujourd’hui…
– Depuis ma première sélection en équipe nationale juniors, face à la Tunisie, à Zéralda, j’avais l’équipe A dans un coin de ma tête. C’est vrai que je n’ai jamais triché pour l’Algérie, je n’ai jamais fait passer ma carrière en club avant mon pays et j’ai toujours répondu aux différentes sélections algériennes en me mettant souvent en porte-à-faux avec mes clubs. Je ne négocie pas avec mon pays.
– Pour vous, cette aventure en sélection de jeunes aura donc été un plus ?
– Bien sûr que cela a été un plus. Etre en sélection dès les juniors m’a appris à connaître le football de mon pays, à connaître la fédération et les personnes qui y travaillent, à connaître le public, l’ambiance et les stades de mon pays. Cela m’a permis de connaître mes compatriotes qui jouent dans le championnat local, cela m’a permis de me familiariser aussi à l’Afrique noire, à son climat difficile et à son arbitrage. J’arrive en sélection A avec un bagage et une expérience africaine qui me permettra de concentrer mes énergies à préparer le prochain match.
– En lisant le fax de selection, vous avez donc eu une petite pensée pour votre entraîneur des U23, Azzedine Aït Djoudi ?
– Je n’ai pas eu une petite pensée, mais une très grosse pensée pour Azzedine Aït Djoudi et tout le staff de l’équipe nationale olympique sans qui je ne serais pas là aujourd’hui et je vous le dit sincèrement. Ce fax de convocation, si j’avais un ciseau virtuel, je l’aurais coupé en parts égales avec tous les joueurs de l’EN espoirs, messieurs Aït Djoudi, Hamened, le préparateur physique et tout le reste du staff. Cette sélection, c’est aussi la leur. En me sélectionnant, M. Halilhodzic envoie un message fort aux autres jeunes algériens en leur disant qu’avec du travail, tout est possible.
– Bien que vous n’étiez sûr de rien, après la visite du sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, chez vous à Aberdeen, pour vous superviser, une partie de vous espérait très fortement une sélection.
– Une grosse partie de moi espérait, mais bon, la concurrence étant féroce, ce n’était que de l’espoir. Il ne s’agit plus du niveau espoir, qui est somme toute respectable, mais là chez les A, il n’ya pas de limite d’âge. Tout Algérien jouant au football a ses chances et le fait d’avoir été choisi m’honore d’autant plus et honore toute ma famille, à commencer par mon épouse, mon fils, mes parents, mes frères et mes sœurs qui ont toujours été là pour moi depuis le début et qui n’ont jamais voulu autre chose pour moi que l’équipe d’Algérie.
– Vahid Halilhodzic s’était quand même entretenu longtemps avec vous. Donc, il y avait bon espoir ?
– M. Halilhodzic avait eu avec moi un discours franc et direct qui est celui des grands entraîneurs. Il m’avait dit : «Je t’ai vu aujourd’hui, mais je t’avais déjà vu avant. Je te connais, je connais ton jeu. Continue de travailler et peut-être, si je juge ton niveau satisfaisant, il y aura une sélection à la clef.» J’ai travaillé et, el hamdoullah, j’ai été récompensé. Mais cette sélection n’est que le début pour moi et pas une fin en soi.
– Que voulez-vous dire ?
– Je veux dire qu’une sélection, ce n’est pas la fin, l’aboutissement. C’est le début «des ennuis» pour moi et je vous le dis entre guillemets. Ma mission, aujourd’hui, c’est d’écouter le coach et les anciens, de me taire, de faire ce qu’on me dit, en priant pour que l’Algérie gagne et que notre peuple soit fier de nous. Je veux essayer de me battre en équipe nationale comme je l’ai fait en olympique pour ne laisser aucun regret. M. Halilhodzic me donne ma chance aujourd’hui, c’est à moi de la saisir.
– On perçoit dans vos propos que vous admirez le sélectionneur national ?
– Bien sûr que je l’admire et surtout je le respecte. C’est un homme d’expérience, un ancien grand attaquant de surcroît, qui connaît bien le football. A son contact, je vais beaucoup apprendre et progresser.
– Ne regrettez-vous pas le fait que votre première sélection se joue en Gambie et en match officiel à enjeu plutôt qu’en match amical ?
– Non pas du tout, j’accepte mon mektoub tel qu’il est. Avoir sa chance en équipe nationale est une opportunité trop forte et qui a trop de valeur pour s’arrêter à des considérations géographiques. Evidemment, commencer au stade du 5-Juillet archi comble, chez soi et en amical, c’est l’idéal, mais porter et mouiller le maillot algérien où que ce soit sur la planète, c’est fantastique.
– La Gambie ne vous fait-elle pas peur, surtout par rapport à ce qui s’est passé en 2007 et en 2008 ?
– La Gambie ne me fait pas peur, je n’ai peur de personne à part, Allah sobhano wa ta’ala. Ce match va être très difficile, on connaît tous les évènements qui se sont déroulés à Banjul en 2007, mais il ne faut pas s’arrêter à cela et se battre pour honorer le pays et notre football.
– Mohamed Chalali est donc prêt ?
– Plus que jamais. Je suis à la disposition du sélectionneur national et de son staff. J’appliquerai, incha Allah, la règle qui a toujours été la mienne. Respecter, me taire, écouter l’entraîneur et les anciens et appliquer ce qu’on m’enseigne. Je voudrais profiter pour remercier à travers vos colonnes tous les Algériens qui me suivent, me soutiennent et m’encouragent dans la rue, au stade et sur Facebook.
M. B.