Chalali : «Halilhodzic m’a conseillé de bondir sur les centres»

Chalali : «Halilhodzic m’a conseillé  de bondir sur les centres»

Halilhodzic est venu vous voir ici à Aberdeen, comment appréciez-vous cela ?

Ecoutez, ce n’est pas tous les joueurs qu’on a la chance d’être supervisé par le sélectionneur national. Un technicien de la trempe de Vahid Halilhodzic qui se déplace pour me voir jouer, c’est un honneur pour moi et surtout un bon signe pour la suite de ma carrière internationale. Cela constitue pour moi une motivation supplémentaire et me pousse à travailler encore plus pour atteindre mon objectif, celui de gagner ma place avec les A. Vous savez, le sélectionneur national aurait pu aller voir d’autres joueurs, mais il est venu spécialement pour moi. C’est dire que j’apprécie beaucoup cela. C’est même de la fierté. Cela dit, je ne suis pas du genre à m’arrêter là. J’ai beaucoup d’ambitions et l’EN en fait partie, bien évidemment. A moi de bien garder les pieds sur terre et ne pas m’enflammer, juste parce que Vahid Halilhodzic est venu me voir jouer. Je dois continuer à faire de bons matchs et le reste viendra naturellement.



Cette saison s’annonce bien pour vous, après le changement de club et l’intérêt que vous porte Halilhodzic…

Oui, je sens une progression logique dans ma carrière en club ou en sélection. On se réveille tous les jours avec l’intention de franchir des étapes dans la vie. Hamdoullah, 2012 commence bien pour moi, avec des buts, des titularisations, mais ce serait stupide de ma part de me dire que je suis arrivé. Je vais encore bosser doublement et le meilleur reste à venir inch’Allah.

Comment avez-vous réagi en apprenant que le sélectionneur national allait enfin vous rendre visite ? Avez-vous été surpris ?

Surpris ? Non, parce qu’il est clair qu’en tant que footballeur professionnel évoluant en première Division et qu’on marque des buts, on ne peut pas s’empêcher de nourrir l’ambition de jouer en Equipe nationale A, après avoir fait partie de l’équipe Olympique. C’est donc une suite logique je dois dire, d’évoluer, au même titre que mes autres coéquipiers de la sélection Olympique, pour décrocher une place chez les A. Ce serait une preuve que le football algérien avance de manière structurée. Il y a de la bonne graine dans cette équipe olympique, malgré notre élimination des JO.

Que vous a dit Halilhodzic lors de votre rencontre ?

On a parlé du match, de la tactique. On a fait connaissance davantage, car je n’avais parlé qu’une seule fois avec lui, avant cette rencontre. J’ai pu connaître un peu son point de vue sur certains sujets.

On vous sent un peu réservé dans votre réponse. Est-ce très privé comme discussion ?

Non, non, on ne s’est pas dit de secret (il sourit). On ne s’est pas dit des choses extraordinaires. On a juste parlé de ce qu’il attendait de tous les joueurs, c’est-à-dire de continuer à travailler encore plus chaque jour.

Il n’y a pas eu de promesse pour le prochain match des Verts, tout au moins des allusions ?

Non, non, pas du tout. Juste celle de continuer à me suivre en m’incitant à travailler encore et toujours. Il ne m’a rien promis et c’est à moi de tout faire pour le convaincre de me convoquer en EN. Si un joueur est bon, aucun entraîneur ne voudra s’en priver, car il en aura besoin tout simplement. Si je marque 10 buts en 5 matchs, je crois que je serai appelé en EN. C’est au joueur de faire ses matchs et de convaincre. Je ne m’arrêterai pas là. Si on m’appelle, c’est bien, sinon je continuerai à travailler encore plus pour mériter cet honneur.

Comment avez-vous vécu cela avec votre famille ?

Ils ont été contents tout comme moi. Après, ils savent parfaitement que ce n’est qu’une rencontre et rien n’est gagné pour le moment.

Comment s’est faite votre intégration à Aberdeen ?

En toute simplicité. Au début, c’est sûr que c’est toujours délicat quand on ne maîtrise pas bien la langue. Mais par la suite, on m’a bien aidé, que ce soit le club ou la communauté algérienne. Je me suis fait beaucoup d’amis que j’ai rencontrés à la mosquée. Je ne me sens plus seul, hamdoullah.

Après la rencontre avec Halilhodzic, avez-vous eu des appels de joueurs de l’EN ?

Oui, il y a mon ami Rafik Djebbour qui m’a téléphoné et on a parlé un peu de lui, de moi et de la visite du sélectionneur. Il était content pour moi et m’a souhaité de le rejoindre très bientôt. Il m’a dit que si Vahid était venu me voir, c’est que c’est en bonne voie, car le coach ne se déplace jamais pour rien.

On ne peut pas omettre de parler de cette histoire de dessous féminins que vous avez trouvés au Maroc. Racontez-nous la vraie version ?

Malheureusement, c’est la triste vérité. Trois heures avant le match contre le Maroc, j’ai trouvé une sorte de débardeur de femme enroulé dans mon sac. Ça ne sentait pas très bon. Des trucs comme ça ne sont pas rassurants. Mais il n’y a pas que moi, car même le coach adjoint, Omar Hamenad, a aussi trouvé des cheveux enveloppés dans sa serviette. Il nous en a parlé sans ébruiter cette histoire dans la presse. Donc, quand j’ai sorti ce débardeur, je l’ai jeté dans la chambre et quelques joueurs sont passés, dont Aouedj, qui a tout de suite crié : «C’est pas bon !» J’en ai fait part au chef de la délégation, mais aussi au directeur de l’hôtel qui m’a dit que ce n’était pas normal. Mais le plus troublant, c’est que sur le terrain, je me suis blessé, 15 minutes après le début de la partie. Expliquez cela comme vous le voulez, mais moi, je suis croyant et je me tourne vers Allah, voilà tout.

C’était peut-être juste une manière de vous déstabiliser, non ?

Oui, peut-être, on peut le penser aussi, mais je ne crois pas que les joueurs marocains aient eu besoin de ces trucs, car ils ont une bonne équipe qui peut gagner sur le terrain, sans ces choses, sans qu’on nous vole de l’argent de nos chambres, sans nous priver de terrain d’entraînement. Il y a quand même certaines choses bizarres qui se sont passées avant ce match.

Mais c’est contre le Nigeria que vous avez chuté lourdement…

En effet, c’est ce match qui restera notre plus mauvais souvenir. Car on avait la chance de passer. Je pense qu’il vaut mieux oublier ce mauvais match et rester fort dans sa tête en ne retenant que le bon pour poursuivre notre chemin.

Pourquoi cette défaite ?

Avec du recul, je crois que certains joueurs n’avaient pas supporté le stress, la pression et l’enjeu. Les joueurs étaient tendus avant le match. Il faut dire que le peuple tout entier attendait de nous cette qualification. Ce n’était sans doute pas facile pour certains de gérer une telle pression.

Nombreux ont été ceux qui ont mis cette élimination sur le dos d’Aït Djoudi. Que dit son capitaine ?

Moi, je suis le premier à défendre Aït Djoudi, car j’ai toujours été témoin de son dévouement pour cette équipe. Il a vraiment tout donné pour qu’on réussisse. Il a toujours protégé ses joueurs en les mettant dans les meilleures conditions. C’est trop facile de tout mettre sur le dos du coach. C’est même injuste, car ce n’est pas lui qui était sur le terrain, mais bien nous les joueurs et moi en premier en tant que capitaine de cette équipe. C’est à nous d’assumer cette élimination. Certes, le coach est responsable du schéma tactique, mais c’est à nous de l’appliquer à la lettre. Il ne pouvait pas rentrer sur le terrain tout de même !

Que reste-t-il de cette équipe aujourd’hui ?

Hamdoullah, on s’est liés tous d’une grande amitié. On s’appelle toujours et c’est déjà bien de rester unis. J’espère qu’on prendra soin de tous ces joueurs talentueux pour arriver à prendre la relève chez les A inch’Allah.

Y a-t-il parmi vos coéquipiers de l’EN Olympique qui peuvent jouer dans le championnat d’Ecosse ?

Oui, bien sûr, beaucoup peuvent jouer ici en Europe. Je parle de Belamri, Aouedj, Khellili, Bitam, Chafaï qui est très costaud, Ali Guechi de Batna, Daoud aussi et bien d’autres. Je suis sûr qu’ils peuvent réussir ici.

Etes-vous prêt pour les A ?

Oui, bien sûr que je me sens prêt. Maintenant, il faut savoir que je ne suis pas pressé. Je ne veux surtout pas croire que j’ai ma place de force. Les choses viendront d’elles-mêmes. Quand le coach décidera que c’est le moment de me convoquer, à ce moment-là je saurai comment faire pour ne pas décevoir.

Vous a-t-il fait quelques reproches par rapport à votre jeu ?

Oui, il a parlé de mes défauts. Il m’a reproché d’être un peu trop statique sur les centres. Il m’a dit d’arriver plutôt lancé et je suis complètement d’accord avec lui, car j’ai peut-être un peu de mal à calculer les trajectoires du ballon. Mais il faut savoir qu’en Ecosse, les centres viennent toujours très hauts, et moi, mon point fort, ce sont les pieds. Sur les centres, j’aime bien décrocher en retrait pour pouvoir finir au pied, au lieu de me battre constamment dans les airs contre des joueurs nettement plus grands de taille que moi. Mais il est clair que pour prétendre à une sélection chez les A, il faudra être bon sur tous les plans. J’ai bien saisi son message et je vais donc tout faire pour m’améliorer sur ce plan.

Vous a-t-il fait un autre reproche ?

Oui, aussi un manque à gagner au niveau physique. Mais cela est du au fait que je ne me suis entraîné que quatre fois en trois semaines, à cause de ma blessure à la cheville. Même moi, j’avais ressenti que physiquement, je n’étais pas au point. D’ailleurs, j’ai été étonné d’avoir pu jouer 80 minutes. C’est plutôt positif pour quelqu’un qui ne s’est pas entraîné régulièrement tout ce temps.

Certains parmi nos compatriotes regrettent que Vahid Halilhodzic ne viendra pas vous voir la semaine prochaine contre les Glasgow Rangers qui ont un niveau nettement supérieur…

Non, à mon avis, s’il a décidé de venir pour ce match, c’est qu’il a ses raisons. Il a son calendrier. Mais il est clair qu’en termes de jeu, ce n’était pas ce qui se fait de mieux, car dans ce match contre Kilmarnock, c’était plus ballon en l’air et «Bismillah» (il se marre). Contre les Rangers, ça va être un tout autre match, car ça va jouer football. J’espère qu’on va être meilleurs. C’est à moi d’être prêt à n’importe quel match.

Malgré cela, votre coach vous a félicité…

Oui, malgré le match nul, le coach nous a félicités et nous a dit qu’on avait fait le meilleur match tactiquement. Il nous a dit qu’on est restés soudés durant tout le match et il m’a félicité pour ma prestation.