Le marché du gaz vit une mauvaise pas- se. La négociation des prix à l’exportation est de plus en plus serrée et tourne à l’avantage des pays importateurs.
Une révision des prix n’est pas écartée pour les contrats à long terme, s’inquiète Chakib Khelil, ministre de l’Energie et des Mines, dans un entretien accordé au journal jordanien «El Sabil».
Les contrats d’exportation de gaz naturel à long terme se heurtent à une montée en puissance d’une nouvelle donne: l’avènement d’un marché dit «spot» aux Etats-Unis. Cette montée en puissance de ce marché a bouleversé les prévisions et devra inciter le Forum des pays exportateurs de gaz (Fpeg) à réagir aux mutations du marché gazier mondial. Les propos tenus par Chakib Khelil se veulent ainsi alarmants. A l’origine de la chute des prix, un nouveau procédé d’exploration, d’exploitation et de consommation du gaz est désormais opérationnel aux Etats-Unis.
Cette nouvelle technologie développée permettant de devenir autosuffisant en matière du gaz a fait voler le prix du gaz en éclats. Les consommateurs ne s’engagent plus dans des contrats à long terme. «Dans de tels contrats, les prix restent fixes alors que sur le marché, les offres évoluent à des niveaux inférieurs», explique le ministre. Le marché mondial du gaz a connu de grands changements en une courte période. «Un écart en terme de prix paraît de plus en plus entre les contrats à moyen terme et ceux à long terme», s’inquiète le ministre expliquant que «le prix du gaz dans les contrats à long terme est indexé sur les prix du pétrole».
«Mais, a-t-il ajouté, l’existence d’un marché «spot» aux Etats-Unis impactera sensiblement les prix négociés. Les pays importateurs de gaz auront d’abord un regard sur le marché spot, où les prix sont inférieurs par rapport à ceux négociés dans le cadre de contrats à long terme, avant de prendre des décisions d’achat. Ils préféreront s’approvisionner sur ce marché pour pouvoir réaliser des économies. Ainsi, les commandes seront révisées à la baisse et ces pays importateurs feront pression sur les pays exportateurs pour faire reculer les prix.
Les prix du gaz ont jusque-là toujours été indexés à ceux du pétrole. Mais l’avènement des contrats à court terme fait craindre le pire. S’attendant à un excédent de l’offre du gaz, Chakib Khelil invite, à cet égard, à une «plus grande coordination entre les pays producteurs de gaz». Face à cette situation critique, le ministre de l’Energie veut accélérer la création d’une Opep du gaz.
La cause de la baisse du prix du gaz, durant ces derniers mois, est inhérente à la réorientation du gaz devant être exporté des Etats-Unis vers l’Union européenne (UE), a expliqué Chakib Khelil. Les marchés des contrats spot et à terme ont reculé à de faibles niveaux, et une menace réelle existe pour les contrats d’exportation de gaz à long terme. Les producteurs de gaz ont dû augmenter leur production pour maintenir les niveaux de leurs recettes, donnant naissance à une nouvelle concurrence.
«Au lieu que le gaz continue sa course à la substitution des produits pétroliers, une nouvelle concurrence gaz/gaz est née. C’est ainsi que les prix du gaz ont dégringolé sur le marché mondial», explique M. Khelil. «Ainsi, les producteurs orienteront l’excédent de leur production vers le marché spot, ce qui va alimenter le surplus de l’offre sur ce marché et donc aggraver la situation pour enfin affecter les prix du gaz en les diminuant malgré la hausse des prix du pétrole», ajoute encore le ministre.
A rappeler que le forum des pays producteurs de gaz a pris une décision à Doha pour élaborer des propositions qu’il soumettra lors de la réunion d’Alger en avril 2010 pour pouvoir réagir.
Amine L.