Le député invite à «chercher l’erreur» et étaye que la méprise a été commise en délestant l’affaire Khelil du caractère de privilège de juridiction.
Juridiquement ou administrativement, l’affaire Chakib Khelil ou le scandale Sonatrach, pâtit d’un vice de forme qui rend actuellement son traitement juridique nul, car n’ayant pas épousé la rigueur procédurale. C’est ce que révèle Lakhdar Benkhellef, député du Front pour la justice et le développement (FJD) créé par l’ex-leader du parti islamiste El Islah, Abdallah Djaballah.
Le député intervient en effet à la faveur d’une question orale qu’il adresse au ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, dont une copie a été adressée à notre rédaction et dans laquelle il livre dans le menu détail les failles juridiques et administratives qui rendent la légalité de l’arrestation de l’ex-ministre de l’Energie et des Mines discutable, voire illégale. Un fait qui n’échappe pas à Interpol, précise l’auteur de ce pamphlet. Selon le député, 70 jours après l’émission, par le procureur général près de la cour d’Alger, du mandat d’arrêt contre Chakib Khelil, le nom de ce dernier ne figure toujours pas sur la liste des personnes recherchées par l’organisation internationale de police criminelle.
Loin d’être surpris par ce fait, Benkhellef invite à «chercher l’erreur» et étaye que la méprise a été commise en délestant l’affaire Khelil du caractère de privilège de juridiction (L’Expression) et qu’il n’est pas du ressort du procureur d’Alger de le poursuivre, mais de celui de la Cour suprême. Ce fourvoiement aura accouché d’un mandat d’arrêt «mort-né» finit par suggérer le député qui ajoute que cette situation n’échappe pas à Interpol, une organisation très procédurière et qui ne peut donc tenir compte d’une démarche juridique qui ne colle pas à ses statuts. Le représentant du FJD au Parlement s’en tient dans cette analyse à l’article 573 du Code pénal et conclut que le mandat d’arrêt émis par le procureur d’Alger est en contradiction avec le Code de procédure pénale et donc avec les dispositions spéciales d’Interpol.
Ainsi, et comme le rappelait L’Expression dans une précédente édition, bien que sous le coup d’un mandat d’arrêt international, le nom de l’ancien ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, ne figure toujours pas sur la liste des personnes recherchées par Interpol. C’est a priori, là, l’une des vraies raisons de cette «omission» de la part d’une organisation qui n’a pas volé sa réputation en termes d’efficacité, de probité et surtout de professionnalisme. En filigrane de ce discours, Benkhellef affirme que la volonté politique d’arrêter Chakib Khelil n’est pas exprimée et donc la volonté de mettre fin à la corruption dans le pays n’est pas encore à l’ordre du jour. «Il est urgent de rectifier le tir dans cette affaire et ce, afin de lutter contre la pieuvre multinationale qui pille les richesses de l’Algérie et assèche le poumon avec lequel respire le peuple algérien», ajoute-t-il en faisant allusion à la procédure du parquet général d’Alger laquelle est finalement nulle et non avenue dans ce dossier sensible.
Pourquoi la procédure qui avait été appliquée à des ministres d’Etat et autres personnalités impliquées dans des affaires qui ont défrayé la chronique n’a pas été appliquée au cas Chakib Khelil? s’interroge de plus belle Benkhellef qui évoque des noms comme celui de l’ex-ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, l’actuel ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune, l’ex-wali de Blida ou celui d’El Taref. Autant d’affaires qui ont été traitées par l’article 573 du Code de procédure pénale, contrairement à celle de Chakib Khelil. C’est dans cette logique que l’ex-ministre de l’Energie et de Mines a récemment répondu à un confrère en lui lançant: «J’ai dit que je vais répondre aux convocations et je comparaîtrai devant la justice algérienne pour peu que cette dernière me traite en ma qualité de ministre.» L’Expression émettait également l’hypothèse pouvant également expliquer la non-inscription du nom de Chakib Khelil sur la liste d’Interpol et qui serait due, selon certains avocats, à la non-conformité des procédures. «Le dossier Chakib Khelil risque de se noyer entre les procédures anglo-saxonnes de son pays de résidence actuellement et celles qu’adopte l’Algérie qui sont des procédures françaises», a-t-on déjà expliqué.