M.Khelil est décidé à faire de cette réunion une grande réussite et surtout «grignoter» quelques dollars de plus sur les prix du gaz.
Un vent de poussière divise le ministre de l’Energie et des Mines et le président- directeur général par intérim de la Sonatrach. Chakib Khelil et Abdelhafid Feghouli ne sont pas sur la même longueur d’onde au sujet de la tenue ou non du GNL16.
En dépit du chaos provoqué par le nuage volcanique qui a paralysé la quasi-totalité du ciel européen, le ministre de l’Energie et des Mines persiste et signe: «La réunion d’Oran ne sera pas reportée» contredisant ainsi le P-DG par intérim de Sonatrach, M.Feghouli, qui avait déclaré samedi dernier que «s’il n’y a pas d’amélioration du trafic aérien, on sera amené à prendre une décision douloureuse».
Du coup, les journalistes dépêchés à Oran pour couvrir cet événement international ne savent plus à quel interlocuteur se vouer. De même d’ailleurs qu’une certaine gêne était perceptible chez de nombreuses délégations qui commençaient à affluer vers la capitale de l’Ouest depuis hier.
Un peu plus d’un millier de personnes sont arrivées à Oran mais on est loin du compte des 4000 annoncé en grande pompe.
Qu’à cela ne tienne, M.Khelil est décidé à faire de cette réunion une grande réussite et surtout «grignoter» quelques dollars de plus sur les prix du gaz. «Notre souci est de trouver un mécanisme permettant de fixer le gaz aux prix justes», a affirmé Abdullah Ben Ahmed Al Atayah, ministre de l’Energie et de l’Industrie du Qatar.
Important producteur de gaz, le Qatar, par l’entremise de son ministre de l’Energie, vient d’annoncer son soutien à la proposition algérienne qui sera le point nodal du 10e Forum des pays exportateurs de gaz.
Auparavant, le ministre algérien de l’Energie et des Mines a affirmé que «les débats et les conclusions du 10e Forum des pays exportateurs du gaz tourneront essentiellement sur l’étude de marché gazier élaborée par l’Algérie et les futurs défis qu’affronteront les pays consommateurs et les pays producteurs de gaz naturel liquéfié».
Selon Chakib Khelil, il est plus que nécessaire de trouver un consensus permettant d’équilibrer le marché du gaz en l’indexant à 13 dollars le Btu.
Pour ce faire, l’Algérie propose de diviser le prix du baril de pétrole, actuellement autour de 80 dollars, par six, «cela donne 13-14 dollars par Mbtu ce qui est équitable», a déclaré récemment, à Vienne, Chakib Khelil.
La réévaluation des prix du gaz serait donc au menu des discussions sachant que les tarifs actuels appliqués sont de 2 à 3 dollars dans les marchés libres et de 7 à 8 dollars dans les marchés sous contrats. Ces déclarations interviennent dans un contexte particulier marqué par le choc gazier.
En effet, les Etats-Unis, gros importateur de GNL, ont réussi à s’autosuffire grâce à la production de gaz non conventionnel. Ce qui a conduit à une baisse drastique des prix sur le marché américain de presque 9 dollars/ Mbtu en moyenne en 2008 à moins de 3 dollars Mbtu/ début septembre 2009.
N’assurant plus de débouché aux Etats-Unis, le marché du GNL risque de retrécir davantage si d’autres pays disposant de réserves de gaz non conventionnel venaient à les exploiter, selon un expert.
Chakib Khelil, qui a fait un aveu dernièrement en ce sens, a appuyé sa thèse en déclarant samedi après-midi: «Faute de visibilité, les futurs projets de gaz naturel liquéfié seront infectés, c’est pourquoi les pays producteurs et exportateurs de gaz doivent impérativement défendre leurs intérêts en coordonnant leurs efforts aux fins de trouver un consensus qui arrange les deux parties.»
Livrant ses premières appréciations, le ministre de l’Energie et des Mines a révélé que les pays membres du Forum des pays exportateurs du gaz, qui se réuniront à Oran, se pencheront sur la question du marché du gaz tout en prenant en considération l’équation de l’offre et de la demande pour assurer la sécurité des approvisionnements en gaz des pays consommateurs. L’Algérie, a rappelé le ministre, a pris ses dispositions en construisant deux gazoducs et deux unités de gaz naturel liquéfié, (GNL).
L’importance du 10e Forum des pays exportateurs de gaz se mesure par son ordre du jour inscrit aux travaux de la rencontre et les moyens à mettre en exergue aux fins de corriger le marché en déséquilibre. «Atteindre cette finalité est l’axe principal du Forum, il faut attendre la réunion des ministres des pays membres, c’est à ces derniers de prendre les mesures devant équilibrer les prix du gaz selon l’équation de la demande et de l’offre», a-t-il déclaré.
Sur un autre plan, le ministre de l’Energie a écarté l’éventuelle création d’une Opep du gaz en déclarant que «le Forum des pays exportateurs de gaz nous permettra de défendre largement nos intérêts, cela nous suffit».
Aït Ouakli OUAHIB