Chafia Boudraâ : retour sur le parcours artistique de l’icône du cinéma algérien

Chafia Boudraâ : retour sur le parcours artistique de l’icône du cinéma algérien

Avec le décès de l’héroïne de Dar Sbitar, Chafia Boudraâ, à l’âge de 92 ans, c’est un pan entier de la télévision et du cinéma algériens qui s’effondre. La doyenne, qui a incarné le mythique rôle de Lla Aïni dans le feuilleton El Hariq (L’Incendie) de Mustapha Badie, était considérée comme la maman de tous les Algériens. Inhumée dimanche au cimetière El Alia, l’immense comédienne a laissé derrière elle des millions de cœurs orphelins.

Personnage familier incarnant l’image de la maman-courage et exprimant la sagesse, la bonté, la générosité et l’affection maternelle, Chafia Boudraâ a été baptisé « la maman des Algériens ». Tout au long de sa carrière, la comédienne a été la mère de Roshdy Zem, de Jamel Debbouze, de Sami Boualdjia, de Letaïssa Abderrahmane, mais surtout du « Petit Omar », personnage emblématique du feuilleton des années 1970, El Hariq, adapté du roman de Mohamed Dib, L’Incendie.

Un parcours artistique pas comme les autres

De son vrai nom, Atika Latrèche, Chafia Boudraâ est née le 22 avril 1930, à Constantine. Elle était la veuve du chahid, Salah Boudraâ, tombé au champ d’honneur en 1961. Atika, elle-même, fut une moudjahida qui a participé à la lutte contre la colonisation française durant la Guerre de libération nationale.

En 1964, elle quitte sa ville natale, Cirta, et part s’installer à Alger. Pour subvenir aux besoins d’une famille nombreuse, elle exerce plusieurs métiers : aide-soignante, standardiste, gouvernante, etc. La carrière artistique de Chafia Boudraâ démarre sur les planches du Théâtre national algérien (TNA) lorsqu’elle incarna le rôle de la veuve dans la pièce La mégère apprivoisée. Sa première apparition sur le petit écran fut dans le film El Hozi d’Abdelkader Bouritina. Elle y joua aux côtés d’Arezki Nabri, Moh Bab El Oued, et de l’actrice Yasmina.

Mais c’est dans le feuilleton El Hariq, communément appelé Dar Sbitar, que la comédienne crève l’écran et s’impose comme une valeur sûre du cinéma algérien. Elle y interpréta le rôle émouvant de Lla Aïni, mère aimante du Petit Omar. D’autres succès suivront plus tard, à l’instar du téléfilm Kahla ou beïda d’Abderrahmane Bouguermouh.

Hassani Hassani, Rouiched, Larbi Zekkal…

Ces premiers succès ouvrent grand les portes du cinéma et de la télévision à Chafia Boudraâ. Par la suite, elle donnera la réplique à des monstres sacrés du cinéma algérien, comme Hassani Hassani, Rouiched, Larbi Zekkal, Keltoum et bien d’autres encore.

L’actrice de talent joua dans L’évasion de Hassan Terro, Leïla et les autres, Une femme pour mon fils d’Ali Ghanem ; dans Hors-la-loi et Just like a woman de Rachid Bouchareb ; dans El Chebka de Ghaouti Bendidouche ; Le thé à la menthe d’Abdelkrim Behloul ; Die rückkehr de Bertrand Stéphahe ; Le cri des hommes d’Oukacha Touita, ou encore dans Beur blanc rouge de Mahmoud Zemmouri.