Le président Chadli est décédé le 6 octobre et c’était ce même 6 octobre 1988, qu’il a proclamé l’état de siège
Le sort a voulu qu’il rende l’âme au lendemain d’un certain 5 Octobre et à la veille du 58ème anniversaire du déclenchement de la Révolution.
La nouvelle est tombée tel un couperet: Chadli Bendjedid, l’homme qui a présidé aux destinées de l’Algérie de 1979 à 1992 est décédé hier, à l’hôpital militaire de Aïn Naâdja à Alger, où il a été admis dans un état comateux depuis mercredi dernier.
Selon certaines sources médicales, le défunt souffrait d’un cancer. Sportif, connu pour être un amateur de la plongée sous-marine, le défunt président n’a pas été épargné par des ennuis de santé. Il a été se soigner à plusieurs reprises à Paris, en Suisse et en Belgique où il a été hospitalisé au milieu des années 80 dans une clinique à Bruxelles.
Il a toujours répondu présent aux cérémonies de célébration du 1er Novembre et du 5 Juillet. C’est aux funérailles de l’ancien président de la République, Ahmed Ben Bella, que M.Chadli a fait sa dernière réapparition en public. Chadli Bendjedid s’était retiré de la vie politique depuis sa démission forcée en 1992. Le sort a voulu qu’il rende l’âme, à 83 ans, au lendemain d’un certain 5 octobre, à la veille du 58e anniversaire du déclenchement de la Révolution et à quelques semaines de la sortie de son livre lui aussi annoncé pour le 1er novembre prochain.
Le président Chadli est mort et il emporte avec lui les secrets de l’une des périodes les plus cruciales qu’a connues l’Algérie indépendante. Le nom de Chadli Bendjedid est, en effet, intimement lié à des événements déterminants.
Depuis les événements du printemps berbère de 1980, qui avaient sérieusement ébranlé les certitudes du système, on prête à Chadli cette démarche d’avoir largement contribué à l’affaiblissement volontaire du système. Le 5 octobre 1988, l’Algérie a été marquée par de violentes émeutes, notamment dans la capitale. Les manifestants ont détruit plusieurs infrastructures de l’État, des biens civils et tout ce qui se rapportait au parti unique, le FLN. Les chars de l’ANP ont encore une fois investi la capitale après 1962 et 1965, date du coup d’Etat contre le président Ahmed Ben Bella.
Le président Chadli est décédé le 6 octobre et c’était ce même 6 octobre 1988, qu’il a proclamé l’état de siège et a confié la responsabilité au général Khaled Nezzar. D’abord qualifiés de chahuts de gamins puis totalement ignorés par les autorités algériennes, ces évènements ont été en réalité le prélude à un vent de démocratisation dans le monde notamment l’Europe de l’Est.
Sans le savoir, l’Algérie venait d’intégrer un cycle d’ouverture politique bien avant la chute du mur de Berlin et 24 ans avant les révoltes arabes. C’est avec fierté que les responsables algériens évoquent aujourd’hui ces événements pour répondre à leurs détracteurs qui les accusent de marquer le pas sur un vent de révolte dans le Monde arabe. Le nom du président Chadli est intimement lié à cet épisode. Viennent ensuite le chaos de l’ouverture de 1989, l’agrément du FIS dissous, la dissolution de l’Assemblée et sa démission, et l’arrêt du processus électoral. Des questions qui restent en suspens et qui n’auront jamais de réponse. Encore une fois, l’Algérie marque l’histoire des nations en posant un problème strictement philosophique avec l’arrêt du processus électoral.
Le 26 décembre 1991, l’ex-FIS bombait le torse il venait de rafler la mise aux élections législatives en gagnant 188 sièges sur les 231 que comptait alors l’Assemblée algérienne. La question était alors: que faire? Laisser des intégristes islamistes prendre démocratiquement le pouvoir et l’exercer? Les démocrates peuvent-ils légitimement refuser le droit de porter sur le trône des obscurantistes qui ne reconnaissent que la tranchante loi du sabre? La question ne sera jamais tranchée.
Il reste qu’avec ce décès, l’Algérie a perdu deux ex- présidents en une seule année. Le premier président de l’Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella est décédé en avril dernier soit trois mois avant la célébration du Cinquantième anniversaire de l’Indépendance.
En plus de ces deux anciens présidents, l’Algérie a également perdu en cette année 2012, deux militants de valeur, deux géants du nationalisme.
Abdelhamid Mehri décédé le 30 janvier dernier et le professeur Chaulet décédé avant-hier et qui sera enterré mardi prochain.