Cévital s’apprête à s’installer au Soudan Des financements externes envisagés

Cévital s’apprête à s’installer au Soudan Des financements externes envisagés

Le groupe Cévital ne devrait pas tarder à s’installer au Soudan. Les pourparlers, entamés il y a deux ans, entre les autorités politiques soudanaises et les dirigeants du groupe agroalimentaire algérien, viennent de déboucher sur un partenariat stratégique.

C’est du moins ce qu’on a appris du P-DG de Cévital, Issad Rebrab, jeudi dernier, qui faisait visiter au ministre soudanais de l’Agriculture et de l’Hydraulique, Abdelhalim Ismaïl El-Moutâafi, les installations du groupe.

Le ministre soudanais de l’Agriculture, qui a confirmé pour sa part, le cap africain et soudanais de Cévital, a tenu à visiter le site de Béjaïa, qui renferme les raffineries de sucres, d’huile ainsi que la margarinerie et autres ateliers. Equipements qu’il espère voir implanter à Khartoum et ses environs pour arrimer son pays, le Soudan, à cette technologie encore embryonnaire.

Le ministre soudanais a expliqué que son pays à mis à la disposition de Cévital quelque 50 hectares de terrains et «nous sommes tout à fait disposés à offrir davantage de superficie. Cévital pourra même avoir son propre port», a assuré El-Moutaâfi. Occasion pour lui de rappeler que le pays dispose de 700 kilomètres de côtes. L’important étant de construire à l’identique un complexe de cette importance.

Selon Issad Rebdab, les Soudanais veulent produire 12 millions de tonnes de sucre. D’où leur proposition au leader algérien de l’agroalimentaire auquel on a demandé de rentrer dans le capital des six sucreries que compte le Soudan jusqu’à 70% et même de créer une entreprise de droit soudanais et détenir 100% du capital.

L’important étant d’augmenter la production, qui est présentement de 700 000 tonnes, à 1,2 ou 1,3 millions. Mais les Soudanais ne sont pas seulement intéressés par les activités sucrières. L’expertise algérienne est souhaitée dans d’autres activités : la trituration des graines oléagineuses, les huiles, le lait, les aliments de bétail, le maïs, le coton, etc.

S’il est vrai que Cévital a mis le cap sur l’Afrique, après Djibouti, le Soudan, le Mali était sur les tablettes du groupe, Issad Rebrab n’a pas exclu d’avoir recours à des financements externes. Le P-DG du groupe Cévital, qui scelle ainsi un partenariat d’investissement stratégique, a déclaré qu’il n’attendrait pas toujours l’autorisation de la Banque d’Algérie.

Pour financer ses projets en Afrique, Cévital International, «va s’endetter auprès des institutions financières internationales» auprès du Brésil, de la Chine ou de l’Union européenne. S’il ne doit nous manquer, a expliqué Issad Rebrab, que 15% des investissements, «on pourrait tout à fait envisager de faire appel à des fonds d’investissements étrangers.»

Les fonds d’investissements (ou private equity) ont pour objectif d’investir dans les sociétés qu’ils ont sélectionnés selon certains critères. Ils sont le plus souvent spécialisés suivant l’objectif de leur intervention : fonds de capital-risque, fonds de capital développement, fonds de LBO qui correspondent à des stades différents de maturité de l’entreprise.

Cévital étant une entreprise reconnue à l’échelle internationale, «cela ne devrait pas poser de problèmes.» Mais ce qui intéresse le patron de Cévital, c’est d’obtenir l’aval des pouvoirs publics. Car le principal enjeu : c’est la sécurité alimentaire. Et c’est un défi qui se pose aux dirigeants de l’entreprise pour sécuriser ses approvisionnements mais aussi pour l’Etat algérien s’il veut anticiper les crises alimentaires et donc des émeutes de la faim.

Occasion pour le patron de Cévital d’énumérer des exemples ayant marqué ces six dernières années : «vous savez qu’en 2007, le Vietnam, suite à des aléas climatiques, avait arrêté sa production de riz pour consacrer ses réserves à sa population, des émeutes ont éclaté au Mali, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. En 2008, la Russie a connu une perturbation dans les exportations de blé, les prix ont augmenté de 250%».

Salim Aït-Sadi