La décision du groupe Cevital de baisser ses prix du sucre et de l’huile a provoqué l’ire des pouvoirs publics qui accusent M. Rebrab de vouloir casser le marché.
En effet, le groupe a annoncé, dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, les nouveaux prix de ses produits. «A la suite des dernières décisions du gouvernement d’exonérer les produits alimentaires de large consommation des droits de douanes (5%) et de la TVA (17%), Cevital a immédiatement répercuté l’intégralité de ces baisses consenties par les pouvoirs publics pour stabiliser les prix de l’huile et du sucre sur le marché», souligne le communiqué. Ainsi, le prix du sucre, en sortie d’usine, est fixé à 69,50 DA/kg pour le sac de 50 kg, et 74,50 DA/kg pour le paquet 1 kg Skor Cevital. Tandis que le prix de l’huile végétale Elio est fixé à 495 DA pour le bidon de 5l, 210 DA pour la bouteille de 2l et 110 DA pour celle de 1 litre. Cette baisse des prix annoncée par le groupe Cevital a fait réagir le ministère du Commerce, qui a adressé lundi une notification au patron de Cevital, Issad Rebrab.
A travers cette notification, le département de Mustapha Benbada a demandé des explications concernant les nouveaux prix pratiqués par le groupe sur le sucre et l’huile. Cevital, précise le ministre, doit se soumettre à l’article 19 de la loi sur les pratiques commerciales qui interdit de vendre à un prix inférieur au prix de revient. La stratégie de Cevital est interprétée comme une volonté de casser le marché en pratiquant des prix inférieurs à ceux décidés par le gouvernement. Les autres opérateurs concurrents n’ont pas pu pénétrer le marché avec les prix fixés par le gouvernement, a ajouté le ministre, cité par TSA.
Cela est une preuve, selon le ministre, que le groupe cherche à exercer le monopole sur le marché du sucre et de l’huile. Dans une déclaration au quotidien Liberté, le patron de Cevital a défendu sa décision de baisser les prix en soulignant que son groupe «ne fait pas de dumping. C’est une entreprise qui respecte scrupuleusement la loi». Une réunion de clarification est prévue, aujourd’hui jeudi, entre le patron de Cevital et les représentants du ministère du Commerce ou le ministre lui-même.
Mais il faut dire que c’est le citoyen qui a besoin d’être éclairé dans la mesure où c’est le même ministère qui avait accusé le groupe Cevital d’avoir augmenté ses prix, qui aujourd’hui lui reproche de les avoir revus à la baisse… En attendant le règlement de ce «conflit», les prix du sucre et de l’huile baisseront-ils dans les prochains jours ?
La position des pouvoirs publics
La mise en demeure qui vient d’être adressée au groupe Cevital, a pour finalité d’avoir des explications sur les prix du sucre et de l’huile que cet opérateur pratique depuis quelques jours, a déclaré ce matin Abdelhamid Boukahnoun, directeur du contrôle économique et de la répression des fraudes au ministère du Commerce, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Il ne s’agit pas d’une sanction, a-t-il tenu à préciser. «Nous avons mis en demeure cet opérateur, afin qu’il nous fournisse des informations et des explications sur les prix de gros qu’il pratique sur le marché», a-t-il ajouté. Selon lui, lors de la réunion qui a regroupé, en début de semaine, le ministre du Commerce et les producteurs d’huile et de sucre, il a été convenu d’un commun accord de fixer les prix de l’huile à 600 DA le bidon de 5 litres et ceux du sucre blanc à 90 DA le kilo «sur la base du prix de revient et des marges entre producteurs, grossistes et détaillants». «Malheureusement, un producteur ne respecte pas ces prix (…). Quand on fixe le prix de l’huile à 600 DA, cela veut dire qu’il doit être vendu au consommateur à 600 DA, ni plus ni moins. Idem pour le sucre. Vendre ces produits à des prix supérieurs ou inférieurs à ceux fixés par les pouvoirs publics constitue une infraction, car le prix de revient d’un kilogramme de sucre dépasse les 100 DA et celui d’un bidon de 5 litres d’huile est supérieur à 740 DA», a-t-il poursuivi.
Néanmoins, l’infraction de vente à perte n’est pas encore constatée : «On attend les explications de cet opérateur pour juger s’il y a vente à perte ou pas.» Si l’infraction prévue par l’article 19 de la loi relative aux règles applicables aux pratiques commerciales venait à être constatée, Cevital sera sanctionné, a laissé entendre M. Boukahnoun. «On veille à ce qu’il n’y ait pas de dépassements et que les pratiques commerciales sur le terrain soient conformes à la réglementation en vigueur. S’il y a une pratique non réglementaire, on est là pour intervenir et faire appliquer la loi», a-t-il dit à ce propos.