Cevital : marche grandiose jeudi à Béjaïa

Cevital : marche grandiose jeudi à Béjaïa

“Nous avons remis nos doléances au secrétaire général de la wilaya qui nous a promis de les transmettre à qui de droit. Nous lui avons dit que nous exigeons la levée des blocages sur les équipements du groupe Cevital (…)”, a déclaré M. Bouzidi, membre de la délégation reçue à la wilaya.

L’affaire du port de Béjaïa, qui ne veut pas autoriser un débarquement du matériel industriel du groupe Cevital, mobilise de plus en plus. Jeudi, ils étaient des milliers de personnes, plus de 3 000 selon les organisateurs, à marcher dans les rues de Béjaïa en guise de protestation contre ce qu’ils considèrent comme une injustice et un déni de droit. L’action, organisée en signe de soutien aux travailleurs du groupe Cevital, a été initiée par le comité de soutien aux travailleurs du groupe Cevital, qui a pris forme après le refus opposé, à deux reprises, par la direction du port de Béjaïa à l’accostage des navires transportant des équipements importés pour l’unité de trituration des graines oléagineuses. Mais aussi pour dénoncer le blocage dont font l’objet les projets du groupe Cevital, à Béjaïa plus particulièrement. La marche s’est ébranlée à 10h du siège du complexe agroalimentaire de Cevital sous les slogans de soutien au groupe industriel dont les projets font l’objet de blocages autant inexpliqués qu’inexplicables. “Assa, azekka, Cevital thella thella” (aujourd’hui, demain, Cevital sera toujours là), scandaient à tue-tête les milliers de marcheurs.

Au premier carré, soit à la tête de la marche,  sur une banderole géante portée par les manifestants, on pouvait lire : “Non au blocage de l’investissement dans notre wilaya ; non à l’étouffement économique de notre wilaya et non à la mort programmée de nos entreprises.” Une banderole qui résume parfaitement le pourquoi de la manifestation. Un cri qui sonne comme une alerte. À juste titre, d’ailleurs. Au carré suivant, sur une autre banderole, cet appel : “Rendez-nous notre outil industriel, pris en otage. Justice pour Béjaïa, ses travailleurs, ses emplois et ses investisseurs. Béjaïa a droit à son usine de trituration.” La manifestation s’est engagée dans la sérénité et la discipline. Entassés sur la benne d’un 4X4, les membres du comité d’organisation, la voix amplifiée par un mégaphone, donnent le ton. La foule, derrière, entonne en chœur : “P-dg du port berra, le port n’est pas à toi” ; “Heggarine, serrakine, ouygoulou wataniyine” (oppresseurs, voleurs, et ils se disent patriotes) ; “Cevital yessawled, ikheddamen rand awal” (Cevital a appelé les travailleurs, ils ont répondu présent) ; “Y en a marre de ce pouvoir”, “Chaâb maâk ya Rebrab” (le peuple est avec toi M. Rebrab) ; “Libérez Béjaïa et ses projets”. Ce sont, en effet, autant de slogans scandés par les manifestants depuis le point de départ de leur marche jusqu’au siège de la wilaya où un rassemblement a été observé.

Les membres du comité se sont relayés au micro pour s’adresser aux manifestants. Ces derniers scandant à pleins poumons : “Libérez Béjaïa” et “Assa Azekka, Cevital thella thella.”

La marche a été marquée par un soutien actif du RCD et du RPK (le Rassemblement pour la Kabylie), dont les militants, les responsables locaux nationaux étaient présents en force. La manifestation a vu également, et c’est très important, l’implication des syndicats autonomes, à l’instar des Snapap et du Satef, ainsi que celle de nombreux animateurs associatifs.

“Cevital est debout”, lancera, de prime abord, Kaci Sayed, le président du comité de participation, avant d’ajouter : “Le pouvoir ne peut pas créer des postes d’emploi, mais il s’emploie à les supprimer.” Lui succédant, un membre du comité de soutien au groupe Cevital lance : “Cevital est un acquis de Béjaïa. Ce sont ses enfants qui travaillent en son sein.” Et de signaler qu’“à Oran, une unité similaire a été inaugurée ces jours-ci par le wali d’Oran et une autre est en voie de réalisation à Jijel”.

Les parlementaires interpellés

Les membres du comité n’ont pas manqué d’interpeller les élus et les parlementaires de la région pour “prendre leurs responsabilités”. La députée RCD, Mme Ouali, prend la parole et déclare : “Nous soutenons Cevital et ne ménagerons aucun effort à notre niveau pour débloquer la situation.” D’autres intervenants se relaieront pour dénoncer les entraves aux projets du groupe Cevital. Pendant ces prises de parole, une délégation des manifestants, du comité d’organisation, plus précisément, est reçue par le secrétaire général de la wilaya de Béjaïa. Au sortir de l’audience, ils rendirent compte à la foule impatiente de savoir ce qui a découlé de l’entrevue. “Nous avons remis nos doléances au secrétaire général de la wilaya qui nous a promis de les transmettre à qui de droit. Nous lui avons dit que nous exigeons la levée des blocages sur les équipements du groupe Cevital. Que la direction du port autorise l’accostage des navires transportant ses équipements et leur déchargement, ainsi que la réalisation de cette unité de trituration du groupe”, a déclaré M. Bouzidi, opérateur économique et membre de la délégation reçue à la wilaya.

Les manifestants prennent acte et poursuivent leur protestation. D’autres membres impliqués dans l’organisation de la marche poursuivent d’exprimer leur dénonciation des blocages subis par Cevital. Ainsi, Noureddine Benmouhoub du Satef dénonce les intox distillées ici et là à l’encontre du groupe. “Mes frères, c’est de l’intox de dire que Cevital pollue. Le seul pollueur, c’est le pouvoir”, a-t-il déclaré. “Depuis combien d’années travaillez-vous à Cevital ? Vous êtes toujours en vie, non ?” Comme pour dire que les premiers à craindre pour leur vie, c’est d’abord les travailleurs eux-mêmes. Et s’adressant toujours aux travailleurs de Cevital, il les a invités à expliquer aux citoyens dans leurs villages et dans leurs cités que c’est de l’intox. M. Ferguenes, du Snapap, abondera dans le même sens : “C’est le pouvoir qui pollue toute l’Algérie.” Un militant associatif très connu à Béjaïa, Yanis Adjlia, en l’occurrence, est intervenu, lui aussi, pour dénoncer le blocage des équipements du groupe Cevital et apporter son soutien aux travailleurs. De son côté, Atmane Mazouz, député du RCD et membre du comité aussi, a déclaré : “J’interpellerai les ministres de l’Industrie et des Transports soit oralement à l’APN, soit par écrit. Je me battrai sans relâche pour le déblocage de cette situation.” Le comité à l’origine de cette manifestation se déclare déterminé à poursuivre le combat jusqu’à son aboutissement, c’est-à-dire jusqu’à la levée des blocages. “D’autres actions de rue seront menées si le blocage devait persister”, a-t-il annoncé, appelant les manifestants à rester mobilisés.

La section de Béjaïa du parti Talaie El-Houriat de l’ancien chef de gouvernement Ali Benflis a rendu publique une déclaration dans laquelle il exprime son “soutien total et inconditionnel aux travailleurs de Cevital, de Sonelgaz, des œuvres universitaires et des PTT”, lit-on dans la déclaration de ce parti.