“C’était la guerre d’Algérie”, le nouveau documentaire de France 2 

“C’était la guerre d’Algérie”, le nouveau documentaire de France 2 

Avec l’approche de la célébration du 18 mars, date correspondant à la soixantième commémoration des Accords d’Évian (1962-2022), et en marge du travail entamé sur le dossier de la mémoire des deux cotés, Algérien et Français, la chaîne française France 2 a levé le voile sur une série documentaire historique intitulée « C’était la guerre d’Algérie », retraçant, par son biais, le conflit opposant les Algériens au colonisateur français durant la guerre de Libération Nationale entre 1954 et 1962.

Ce sont des images d’archives inédites que nous fait découvrir France TV à travers sa série documentaire en cinq (5) volets, « C’était la guerre d’Algérie », diffusée lundi et mardi derniers, à savoir le 14 et 15 mars, à 21h10 sur la chaîne française France 2.

« À partir d’archives rares, restaurées et colorisées, « C’était la guerre d’Algérie » est un film sans tabou et à hauteur d’hommes. Tous les tabous de cette « guerre sans nom » seront abordés : les tabous de la colonisation française, et de ses promesses non tenues ; mais aussi les tabous d’une histoire algérienne méconnue, avec ses vainqueurs et ses victimes… », lit-on sur la présentation officielle de la série réalisée par Georges-Marc Benamou, Mickaël Gamrasni et Stéphane Benhamou.

Plusieurs témoignages ponctuent cette série, il est question de témoignages récoltés sur les deux rives de la Méditerranée, d’Algériens d’hier et d’aujourd’hui, mais aussi d’anciens militaires français qui se sont engagés dans ce conflit ainsi que des pieds noirs qui ont dû quitter l’Algérie à l’aube de l’indépendance. Une croisée des regards et une blessure encore vive et qui, jusqu’à présent, demeurent aux centre des polémiques et des débats sur la réconciliation des mémoires.

Des épisodes retraçant l’histoire de l’occupation

En effet, chacun des cinq épisodes diffusés tente de retracer une partie de l’histoire de l’occupation française en l’Algérie. Le premier, intitulé « L’Algérie française (1830-1945) », souligne l’obligation de revenir au commencement, à savoir en 1830, au lendemain de la conquête française qui, dès son arrivée, a été contestée par la résistance locale, citant, dans ce même sillage, « la première guerre d’Algérie avec l’émir Abdelkader ».

Ce premier épisode fait également référence à la politique coloniale utilisée au cours de ce premier siècle de l’occupation, qui s’est caractérisée par une volonté d’assimilation de l’Algérie au territoire français, pour en faire un prolongement géographique de la France. À cet effet, il a été question d’accueillir des populations européennes sans jamais tenir compte des populations locales, réduites au rang d’ « indigènes ».

Ce sont les événements de mai 1945 qui vont marquer un tournant dans l’histoire de l’Algérie, suite à la répression barbare et sanglante des manifestations pacifiques des Algériens. C’est ainsi que le deuxième épisode de la série,« L’insurrection (1954-1955) », revient sur « l’adoption d’un statut plutôt libéral pour l’Algérie en 1947 à l’Assemblée algérienne », notant le fait que « ce statut soulevait aussi bien des espoirs chez certains et des craintes chez d’autres, notamment le parti des « grands colons » ». Peu de temps après, cette volonté de bloquer « ce dangereux statut » s’est concrétisée à travers « l’organisation, par les autorités françaises, d’une élection truquée ».

Cet épisode, fort en rebondissements, évoque également « la sonnette d’alarme tirée par Ferhat Abbas et la création, par des jeunes du parti de Messali Hadji, de « l’Organisation Spéciale » », marquant, ainsi, le début de l’insurrection de novembre 1954. Le troisième épisode de la série de France 2, « La « sale guerre » (1956-1957) », retrace les premières années de la guerre de Libération Nationale, sous le régime de Guy Mollet, qui a décidé « d’envoyer un million et demi de jeunes français pour un service militaire porté à 30 mois ».

« Une génération entière va découvrir la guerre. Marquée par de terribles attentats, l’année 1956 voit s’affronter différents fronts. Les ultras radicaux de l’Algérie française, soutenus par certains militaires, cherchent à faire pression sur la population et le gouvernement. Tandis qu’en réaction à la guerre contre-révolutionnaire menée par l’armée française, le « FLN des débuts » va se structurer, éliminer ses rivaux, étendre son influence politique et mener son combat dans les villes », lit-on encore sur la présentation du documentaire sur le site de France TV.

« 1957, la bataille d’Alger », tel est le titre de l’avant-dernier épisode de la série documentaire et qui, en suivant le même fil conducteur, redessine le contexte qu’ont vécu les Algériens et les Français à l’ombre de la guerre qu’il qualifie d’abord de « guerre sans nom », puis de « sale guerre ».

Le quatrième épisode de la série de Benamou, Gamrasni et Benhamou fait également référence « à la montée en puissance du Front de Libération Nationale (FLN) qui lance une nouvelle stratégie portant la guerre dans les villes, notamment à Alger, ce qui marque le début de « la bataille d’Alger » ».

Il convient de noter, dans ce même contexte, qu’à partir de ce moment-là, les autorités françaises, particulièrement la police et les militaires, se sont donnés carte blanche pour étouffer la révolution, en effet, tous les moyens été « bons » et « légitimes » pour mener à bout cette mission, cela comprend également le recours à la torture lors des interrogatoires. Les prisons et les centres d’interrogatoires se sont multipliés à travers le pays, dans les grandes villes, mais aussi dans les zones isolées, en quelques semaines, les cellules et les cachots se sont remplis d’Algériens et d’Algériennes, de tout âges, arrêtés de manière abusive et arbitraire et soumis aux plus horribles des tortures et des supplices. C’est sans aucun doute l’un des faits les plus honteux de l’histoire de la France coloniale qui n’a pas hésité à entraver toutes les lois et les déclarations des droits de l’Homme pour garder l’illusion de « l’Algérie française ».

Enfin, le dernier épisode, « Vers l’indépendance (1959-1962) », revient sur la prise du pouvoir, en France, par le général de Gaulle et les questionnements qui ont accompagné cette ascension, en particulier ceux relatifs au devenir de « l’Algérie française ». En effet, en 1958, de Gaulle lance « l’ambitieux Plan de Constantine », pour le développement économique l’Algérie, mais surtout afin de « lier son destin à celui de la France ».

« Il (de Gaulle) jure « Jamais, moi vivant, le drapeau du FLN ne flottera sur Alger », et il poursuit la guerre militaire avec plus de force encore que ses prédécesseurs » », lit-on sur le résumé du dernier épisode de la série.