C’est une des conséquences de la suppression de la subvention de l’orge: Vers une flambée des prix des viandes rouges ?

C’est une des conséquences de la suppression de la subvention de l’orge: Vers une flambée des prix des viandes rouges ?

Le gouvernement n’a apparemment pas mesuré les conséquences de la suppression de la subvention de l’orge, mise en œuvre dans le cadre de la loi de finances 2017. Cette mesure, telle qu’arguée par le ministre de l’Agriculture, devait mettre fin aux spéculateurs qui se sont enrichis grâce au soutien de l’État. Il s’agit d’une demande émanant des éleveurs qui estiment qu’ils ne tiraient pas profit de ce soutien à cause de la spéculation, a-t-il expliqué récemment devant la commission des finances et du budget de l’APN lors d’une réunion sur le PLF 2017.

L’orge qui sert à l’engraissement du bétail, notamment le cheptel ovin, est subventionné par l’État depuis une dizaine d’années. C’est un produit nécessaire surtout durant les saisons sèches où les pâturages se font rares. Les pouvoirs publics cédaient le quintal d’orge à 1 500 DA, mais les éleveurs n’en tiraient pas profit puisqu’ils l’achètent à 3 000 DA chez les spéculateurs. En termes plus clairs, ce sont les spéculateurs qui bénéficient de la subvention et dominent le marché qu’ils alimentent en imposant les prix à leur guise. À cause de ces derniers, le soutien de l’État pour ce produit agricole ne parvenait pas aux éleveurs.

L’annulation de cette aide de l’État a fait passer ainsi le prix du quintal de l’orge de 1 500 DA à 2 750 DA, soit une hausse de plus de 80%. Si l’on en croit les déclarations du ministre, ce sont les agriculteurs qui ont revendiqué la levée de cette subvention.

Or, sont-ils en état de demander une telle mesure pour cette “matière première“, jugée indispensable dans leur production ? L’on se demande quel est l’éleveur qui sollicite une hausse des prix des paramètres de sa production dans le but de contrer une spéculation ? “Il est inconcevable que cela se produise”, affirme Aïssa Manseur, expert en agronomie. La revendication des éleveurs risque ainsi, de porter atteinte à cette activité stratégique. “Cette mesure ne pourra jamais assainir le marché et anéantir le pouvoir des spéculateurs. Au contraire, elle renforce davantage la pression exercée sur cette frange de producteurs qui subissent déjà des difficultés interminables”, avoue M. Manseur dans une contribution au Quotidien d’Oran. Selon lui, cette décision gouvernementale n’aura pas l’effet escompté. Elle ne pourra que réduire la marge bénéficiaire des spéculateurs, relève-t-il, ou alors “fera croître le prix du

quintal de ce produit sur le marché parallèle de 3 000 à 4 000 DA.

Les éleveurs peuvent-ils s’en procurer à ce prix exorbitant ?”, indique cet expert. La suppression du soutien n’a fait que compliquer davantage la situation des éleveurs. D’où l’abandon de l’activité par de nombreux acteurs car, du coup, ils se trouvent dans l’impossibilité de nourrir leur cheptel.

Ils n’ont donc d’autre choix que de s’en débarrasser rapidement. Cette mesure aura également un effet sur les prix des viandes rouges qui, remarque l’expert, enregistrera une flambée inexorable sur les marchés. Les répercussions d’une telle hausse seront, bien entendu, ressenties essentiellement par le seul consommateur. Ces protéines animales deviendront, par voie de conséquence, de plus en plus inaccessibles.

L’Exécutif ira-t-il à l’encontre de sa politique économique en décidant de recourir de nouveau à l’importation des viandes rouges pour satisfaire la demande locale ? La production nationale d’orge, rappelle M. Manseur, qui ne dépasse pas les 9 millions de quintaux, ne peut subvenir aux besoins du cheptel national estimé à plus de 25 millions de têtes. Les quantités importées sont évaluées à 800 000 tonnes avec une enveloppe de 170 à 200 millions de dollars, ces quantités étaient cédées aux éleveurs par le biais de l’OAIC, à un prix soutenu.