– La mort est comme un examen de copie, un contrôle des connaissances au moment où l’on s’y attend le moins.
La vieillesse est toujours angoissante dans la mesure où elle est considérée comme l’ultime palier avant la fin, l’ultime station avant le terminus.
A partir de 40 ans les femmes se surveillent et paniquent à la moindre ride, à la moindre petite poche sous les yeux. Les hommes, en général, acceptent l’outrage du temps avec beaucoup de courage et beaucoup de sérénité.
Dans certaines sociétés la vieillesse est perçue comme un naufrage. Ne raconte-t-on pas que Louis XIV voulait chasser de la cour tous les hommes âgés de plus de 45 ans pour donner plus d’éclat au château de Versailles ?
Mais au-delà de la longévité des uns et des autres, le problème fondamental qui se pose à l’espèce est très simple : la vieillesse doit elle être comprise comme une fin d’un processus naturel ou au contraire comme l’aboutissement et le couronnement de ce processus ? Chaque société a sa propre réponse et ses propres nuances sur le chapitre.
Il est clair que si l’on atteint cette période cruciale de la vie sans avoir entrepris ou réalisé quelque chose pour soi ou pour les autres, on aura consommé inutilement du temps, et vécu pour rien.
Et le poète aura raison de dire : «Que la vie ne vaut rien.» En vérité rien ne vaut la vie et la vieillesse ne peut être et ne doit être qu’une œuvre accomplie. Parce qu’on aura réalisé de grandes choses. Ne serait-ce qu’en donnant la vie à des enfants qui donneront la vie à d’autres enfants et en faisant des cadres supérieurs ou moyens ou tout simplement d’honnêtes citoyens utiles pour leur pays. Aider les autres ou les conseiller de par l’expérience acquise au cours de la vie fait partie aussi de ces grandes choses qu’on évoquait.
Tout le monde n’est pas poète pour laisser à la postérité les accents de sa harpe, tout le monde n’est pas écrivain pour laisser aux générations qui arrivent le souvenir de ses romans ou de son journal intime.
La mort est comme un examen de copie, un contrôle des connaissances au moment où l’on s’y attend le moins.
Ce sont ceux qui se sont préparés le mieux à cette échéance qui ne prévient pas, qui auront réussi à passer sans encombre le barrage. Du reste, nos anciens le disaient parfaitement dans leur propre langage : «Jeunesse travaille pour ma vieillesse et vieillesse travaille pour mon tombeau». Un commentaire à ce dicton serait parfaitement inutile.
I.Z