“C’est l’algérianité de la communauté algérienne à l’étranger qui est encore remise en cause”

“C’est l’algérianité de la communauté algérienne à l’étranger qui est encore remise en cause”

Le Représentant de la communauté Algérienne à Dallas s’insurge contre le programme de promotion immobilière, mis en place dernièrement par le ministère de l’habitat, censé satisfaire la demande en logement en Algérie de la communauté algérienne à l’étranger..

Chafik Ben Guesmia résidant à Dallas depuis 18 ans est aujourd’hui PDG d’une société de gestion de contrats internationaux dans les commodités et les matières premières. Il a aussi été journaliste correspondant pour le journal Liberté pendant 4 ans auprès du département d’Etat Américain.  

Vous trouvez que le programme de logements lancé il y à quelques semaines par le gouvernement pour l’octroi de 2000 logements à la communauté algérienne à l’étranger est loin de la promesse faite par le président Bouteflika, pourquoi?

Pour commencer je suis fier d’appartenir à la communauté Algérienne de Dallas. et j’ai deux bonnes raison pour cela ! La première raison est que nous avons réussi à écarter les extrémistes de tous bords. Ensuite, c’est vrai que je gère les affaires communautaires, mais je n’ai jamais eu à convaincre qui que ce soit d’aider lorsque l’on faisait face à des situations de rapatriement ou d’une famille qui se retrouvait soudainement dans le besoin. A chaque fois la réaction a été extraordinaire!

Pour ce qui est du programme de logement lancé récemment, si vous n’avez jamais assisté à un sabotage du programme présidentielle, vous avez cette fois-ci un cas vivant !

Comment cela, on propose 2000 logements à une population de plus de 4 millions, avec une absence totale de quotas, des appartements qui se trouvent loin des chefs lieu de wilaya, à un prix insensé basé sur le marché informel, qui n’est soutenu d’aucun plan de paiement par tranche ou de crédit et qui nous obligent à payer en devises étrangères, justement comme si l’on étaient des étrangers ! De qui on se moque-t-on ? C’est l’algérianité de la communauté algérienne à l’étranger qui est encore remise en cause.

Nous avons pour la plupart d’entre nous ont des dinars dans des banques Algériennes qui proviennent de la vente d’un bien familiale ou d’un héritage et nous allons être obligé d’aller acheter des devises pour acquérir un appartement chez nous! Elle découle d’où cette logique? C’est un véritable sabotage du programme du président Bouteflika.

Concrètement, comment la diaspora algérienne contribue-t-elle à l’économie nationale?

La communauté algérienne à l’étranger contribue déjà à coup de millions de dollars et à  coup de millions d’euros à l’économie algérienne. Si je dois citer que le secteur médicale, là ou on nous laisse participer, avec l’Association Maghreb-American Health Foundation de Azzedine Stamboli nous sommes à plus de 10 millions de dollars et avec l’Association Amitié Populaire Franco Algérienne de Salah-Eddine Mecherour nous sommes à plus de 5 millions d’Euros. Ce sont des interventions chirurgicales hautement spécialisées qui ont bien été effectuées en Algérie gratuitement! En plus des chirurgiens Algériens ont été formés durant les déplacements des spécialistes et peuvent aujourd’hui opérés des patients sans que notre pays ait à subir les coûts des prises en charge à l’étranger.

On souhaite faire plus dans les autres domaines, mais beaucoup de propositions de la communauté Algérienne à l’étranger sont restés lettres mortes.

Il n’y a toujours pas de lignes directes entre l’Algérie et les Etats-Unis. Quelles sont les répercussions de ce problème sur la communauté algérienne résidant aux USA?

Pour le moment, on fait jusqu’à 3 escales parfois pour se rendre en Algérie. Air Algérie devrait se consacrer un peu plus à régler ce dossier qui dure depuis plus de 20 ans maintenant ! La ligne avec les USA permettra aussi de remplir les vols aussi bien vers l’Afrique, le monde Arabe et même vers l’Europe. Aujourd’hui le rapatriement des corps coûte plus de $7500, justement parce qu’il n’a y a pas de vols direct vers l’Algérie. Dois-je rappeler encore une fois que sans la communauté Algérienne à l’étranger Air Algérie aurait connu une faillite inévitable ?  

L’ambassade d’Algérie aux Etats-Unis entretient-elle de bons rapports avec la communauté algérienne résidant à Dallas?

Nous avons de bon rapports avec l’Ambassade. L’Ambassadeur est venu dernièrement à Dallas pour une présentation sur l’Algérie au World Affairs Council qui a été très applaudie. Nous avons également de bons rapports avec le consulat générale et Mme. Boukadoum la consul générale. Les choses se sont nettement améliorées depuis l’arrivée de Madame Boukadoum et la qualité de service est actuellement vers le haut.

Il reste cependant les problèmes classiques, puisqu’il faut savoir que l’Algérie depuis longtemps a moins de diplomates que d’autres pays et ceci limite considérablement l’action diplomatique. Dans certains cas où le nombre de diplomates n’est que de 4 pour l’Algérie, il est de plus de 21 pour des pays qui poursuivent les mêmes objectifs que nous.. Quant au consulat, il faut savoir que les employés consulaires algériens à New York et à Washington DC sont parmi les moins payés de la profession, en comparaison avec ceux des consulats des autres pays. Les bons employés finissent toujours par quitter surtout pour subvenir à leur besoins familiaux et ceci n’est pas sans conséquences sur les performances du consulat et sur notre interaction. Je souhaite que les salaires des employés consulaires soient revus à la hausse et ajustés au coût de vie à New York et à Washington DC, qui sont partis les villes les plus chères au mode! Des pays dit pauvres offrent aujourd’hui une meilleure rémunération et des compensations dans le pays d’origine, où les employés consulaires bénéficient également des mêmes plan de retraites que ceux du même ministère.

En tant que PDG d’une société de gestion de contrats, que pensez-vous de la loi algérienne des 51/49 concernant les entreprises étrangères désirant investir en Algérie?

Je suis foncièrement contre le 51/49 puisque je trouve que donner 49% à un investisseur étranger c’est une concession énorme.

Le recours au prêt bancaires nous sera de moindre répercussions. Aux USA ou en Europe, pour un même montant d’investissement, on ne vous donnera pas plus de 10%. Mais bien évidemment, tout est relatif..

Je souhaite que l’on améliore les compagnies actuelles en Algérie pour qu’elles soient mieux évaluées  avant d’ouvrir leurs capitaux aux investisseurs étrangers. Aussi avec avec le plan de privatisation que le premier Ministre est en train de mettre en place, donner 49% à un investisseurs étrangers, c’est lui donner de facto la majorité, puisque l’Etat aura à céder de ces 51% une fois que la société en question va être cotée en bourse ou dès que le processus de privatisation est entamé. Je ne vois pas un investisseur étranger qui va récupérer 49% céder quelques parts à d’autres investisseurs à moins qu’ils soient de son choix et c’est comme cela que l’on bascule d’actionnaire majoritaire à actionnaire minoritaire.    

Que pensez-vous de la diversification de l’économie en Algérie ? l’Algérie doit-elle investir aux USA?

Si nous sommes en train de diversifier notre économie, on se doit aux futures générations d’investir dans des domaines porteurs et ceux qui sont orienté vers le futur et la communauté algérienne à l’étranger peut beaucoup apporter par rapports au transfert du savoir dans le domaine des technologies avancées mais avant cela ceux qui prennent les décisions doivent à mon avis diversifier les investissements et utiliser les mêmes leviers que l’Allemagne ou que la Chine utilise aux USA, en investissant en bourses et via les hedges funds, car il faut bien trouver les moyens pour mener cette opération de diversification, en utilisant le profit et non pas le capital.. Je suis en relation professionnelle et personnelle avec un certains nombres de ces organizations. Pour peu que l’on l’on nous fasses pas subir les mêmes stéréotypes politiciens d’élimination d’antan, je me ferais un honneur de contribuer à paver le chemin pour les décideurs de notre pays.