Une affaire d’une rare violence secoue la wilaya de Sétif depuis deux jours, suscitant une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. Une femme, accusée à tort de sorcellerie, a été violemment prise à partie, son niqab arraché en public, avant qu’il ne soit prouvé qu’elle était totalement innocente.
Cet incident met en lumière une obsession croissante pour la sorcellerie, exacerbée par des campagnes de « nettoyage » de cimetières.
Les faits, rapportés par des pages locales de la commune d’El-Eulma – lieu de l’agression –, décrivent une scène d’une brutalité inouïe. La victime, une expatriée musulmane résidant en Algérie, s’était rendue à la piscine accompagnée de sa fille.
Alors qu’elle patientait, tenant un Coran et lisant des passages, elle consultait également des papiers contenant la traduction de certains mots qui lui étaient obscurs.

C’est à ce moment-là qu’une foule s’est ameutée autour d’elle, l’accusant de détenir des « talismans« . Filmée alors qu’elle tentait désespérément de couvrir son visage, la femme a été soumise à un véritable lynchage public.
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L’intervention rapide des forces de l’ordre de la wilaya a permis de faire la lumière sur cette regrettable méprise. Il a été établi qu’elle n’avait commis aucun acte répréhensible et que l’incident était le résultat d’une hystérie collective, alimentée par la diffusion d’images chocs de « nettoyages » de tombes.
Une femme innocente lynchée pour « sorcellerie » à Sétif : l’Algérie sous le choc
L’onde de choc a rapidement gagné les réseaux sociaux, où de nombreux activistes ont exigé la suppression de la vidéo, largement partagée, ainsi que des excuses publiques envers la victime pour l’humiliation subie.
Face à la gravité de l’incident, de nombreuses voix s’élèvent également pour exiger que les auteurs de cette agression soient poursuivis et sévèrement punis par la loi.
En signe de solidarité, un bienfaiteur a même proposé de lui offrir une Omra pour apaiser son cœur après ce déferlement de violence.
L’affaire évoquée rappelle tragiquement le lynchage de Djamel Bensmail, survenu le 11 août 2021 à Larbaâ Nath Irathen (wilaya de Tizi Ouzou). Accusé à tort par une foule en colère d’être un pyromane, il a été sauvagement agressé, lynché, puis brûlé.
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Ce jeune homme, avait pourtant fait le déplacement, volontairement pour aider les populations touchées par les violents incendies qui ravageaient la région.
La mise en garde est claire : il est impératif d’empêcher la dramatisation excessive par la diffusion d’images de personnes, d’autant plus que de nombreux contenus falsifiés circulent.
Beaucoup ont souligné l’obsession démesurée du public pour la sorcellerie, exacerbée par ces opérations de « nettoyage » des cimetières. Ils ont mis en évidence la propagation de l’ignorance et l’exploitation de cette situation sensible pour diffuser des images illusoires et modifiées, dans le but d’effrayer et d’amplifier les craintes.
Ainsi, le vrai démon dans cette affaire n’est autre que l’ignorance. Cette vague de violence absurde, alimentée par des peurs irrationnelles et des préjugés archaïques, révèle une société en proie à des superstitions dangereuses. Au lieu de chercher à comprendre, la foule a cédé à la panique, transformant une femme innocente en bouc émissaire.
Cette obsession pour la sorcellerie, attisée par des campagnes sensationnalistes et des vidéos trompeuses, montre à quel point l’obscurantisme peut conduire à la barbarie. Quand la raison cède la place aux rumeurs, quand la justice populaire remplace la loi, c’est toute la société qui sombre dans la violence aveugle !