La mise en service du complexe de trituration des graines oléagineuses de Jijel a mis en évidence la face cachée des grands projets confisqués par la justice algérienne dans le cadre des procès anticorruption visant les oligarques proches de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.
Ce projet, autrefois propriété du groupe Kouninef, avait été saisi par la justice puis attribué en 2021 à la holding publique Madar. Rebaptisé « Kotama Agri Food », il a été inauguré lundi 22 septembre 2025 par le Premier ministre Sifi Ghrieb, en présence des responsables locaux et des cadres du groupe.
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Mais derrière l’événement officiel, le Premier ministre a surtout dévoilé l’ampleur des dégâts hérités. Contrairement à une usine prête à fonctionner, Madar n’avait trouvé en 2021 qu’un chantier à peine amorcé et laissé à l’abandon. « C’est ça le pillage », a lancé Ghrieb dans son discours.
Un chantier délabré et des financements envolés
Selon les explications fournies, l’état d’avancement réel des travaux était bien inférieur aux 40 % affichés initialement. Les gigantesques silos de stockage, entre autres, étaient tellement endommagés qu’ils ont dû être démantelés et reconstruits. Les nouveaux gestionnaires ont également découvert des études bâclées, des malfaçons dans la construction, de la corrosion sur les équipements, ainsi que des blocages administratifs.
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Sifi Ghrieb a révélé que le projet avait en réalité été repris avec à peine 20 % de travaux réalisés, alors que 68 à 69 % des financements avaient déjà été transférés à l’étranger par les anciens propriétaires. « Ce sont des projets qui ont saigné l’argent du peuple », a-t-il dénoncé.
L’ingéniosité locale mise en avant
Le Premier ministre s’est toutefois félicité de la capacité des ingénieurs et cadres algériens à redresser la situation. Il a cité l’exemple d’un bureau d’études étranger qui réclamait 6 millions de dollars pour une mission que les équipes de l’usine ont finalement menée elles-mêmes, se contentant de leurs salaires.
De même, un travail facturé 1 million de dollars par un cabinet international a été réalisé par une startup algérienne pour seulement 6 millions de dinars. « Il y a du génie algérien, il faut lui donner sa chance », a affirmé Ghrieb, reprenant la formule du président Abdelmadjid Tebboune : « Impossible n’est pas algérien. »
Des obstacles persistants
Le Premier ministre a également révélé que le projet de Jijel avait été confronté à des tentatives d’entrave, à l’intérieur du pays comme à l’étranger, ce qui n’a pas empêché sa concrétisation.
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En conclusion, Sifi Ghrieb a assuré que l’ensemble des projets confisqués seraient remis sur pied, conformément aux engagements du chef de l’État. « Tous seront relancés, qu’ils le veuillent ou pas. Le gouvernement y veillera jour et nuit », a-t-il affirmé, annonçant que d’autres inaugurations interviendront prochainement.