Pour cesser d’être un marché pour les puissances économiques : L’Algérie n’a d’autres choix que de se développer

Pour cesser d’être un marché pour les puissances économiques : L’Algérie n’a d’autres choix que de se développer

Pour une «stratégie de développement globale» axée sur la diversification de l’économie, le développement de l’agriculture et l’investissement stratégique dans les nouvelles technologies, les énergies renouvelables et les services.

Les effets de la crise financière de 2008 et qui ont touché tardivement l’Algérie, ont contraint les autorités à adopter des mesures protectionnistes provisoires au risque de voir l’économie s’effondrer d’autant plus que le pays a raté l’occasion d’agir dès 2008, pour mettre en place une «stratégie de développement globale» basée sur trois axes, à savoir la diversification de l’économie pour en finir avec l’économie rentière, le développement de l’agriculture pour en faire un levier majeur de l’économie et l’investissement stratégique dans les nouvelles technologies, les énergies renouvelables et les services. L’industrialisation de l’Algérie aurait pu dès le début de la crise, se faire à travers le rachat massif, mais ciblé des entreprises étrangères en faillite. Six ans après la crise des subprimes, l’Algérie décide de diversifier son économie, face à la baisse drastique des prix des hydrocarbures. Cela ne peut se faire, sans des mesures protectionnistes pour donner une chance à la production nationale de s’imposer dans son propre marché face à une concurrence féroce et déséquilibrée, notamment des produits européens. Cependant, le protectionnisme ne garantit en rien le développement et la croissance économiques.

La mise à niveau technologique et la diversification de la production industrielle sont les conditions majeures de la renaissance d’activités productives de valeur ajoutée et génératrices d’emplois qualifiés. Les appréciations positives des différentes institutions financières internationales ne devraient pas voiler la réalité de l’économie nationale qui reste tributaire des recettes des hydrocarbures. Pourtant, et depuis les années 1970, les autorités politiques, conscientes de cette contrainte, ont toujours plaidé pour la diversification de l’économie, mais les choses n’évoluent pas dans le sens souhaité en l’absence d’une stratégie économique globale alternative à la rente pétrolière articulée autour de trois axes porteurs: l’agriculture, les énergies renouvelables et les technologies de l’information parallèlement aux services et aux travaux publics. La crise financière internationale, qui touche désormais l’économie réelle, est un contexte favorable pour que l’Algérie s’engage résolument dans une voie volontariste qui ferait de son agriculture un secteur fort, notamment en développant les cultures stratégiques pour, d’une part, diminuer sa facture d’importation et, d’autre part, favoriser une exportation de qualité.

Les Hauts-Plateaux algériens constituent un terreau pour ce genre de culture alors que la mise en valeur des terres dans le Grand Sahara peut permettre à l’Algérie, à terme, non seulement d’atteindre l’autosuffisance en matière de céréales et de sécurité alimentaire, mais d’en exporter une grande quantité. Le secteur de l’énergie ne doit plus être perçu comme une manne financière, mais comme un moteur pouvant entraîner le développement d’une industrie dont le secteur a besoin et dont les équipements sont importés à coups de milliards de dollars. Les entreprises du secteur des énergies, doivent s’approcher des industriels nationaux pour s’approvisionner et pour l’usinage de certains équipements. La perspective des énergies renouvelables devra inciter les autorités à encourager une industrie nationale qui produit les équipements nécessaires à ce secteur stratégique. Enfin, le secteur du bâtiment et des travaux publics qui fait face à une forte demande, peut lui aussi, stimuler une industrie nationale pour répondre à ses besoins en équipements et machines lourdes.

Face aux contestations de l’Union européenne qui cherche en fait, des marchés et non des partenaires, n’est-il pas temps de cesser de réagir et d’opter en urgence pour une stratégie globale de développement tous azimuts? Cette option n’était-elle pas à l’ordre du jour en 2010? N’était-il pas question de mettre en place des cellules de veille stratégique auprès des différentes institutions et devant les doter d’un outil d’information fiable et instantanée pouvant les aider à prendre des décisions rapides et d’adapter leurs choix selon la nouvelle donne du marché? L’Algérie fait face à des défis majeurs. Avec son PIB qui la place en deuxième place arabe et africaine, elle n’est pas encore considérée comme un pays émergent. Son économie patine et sa gouvernance est en quête d’efficacité. L’Algérie revient certes de loin après avoir vécu l’horreur des années quatre-vingt-dix, qui a coûté plus de 150.000 morts, des centaines de milliers de déplacés et plus de 20 milliards de dollars de dégâts. Mais la mauvaise gestion, la corruption et les malversations ont coûté au pays beaucoup plus en termes de moyens financiers, de compétence et de temps. L’économie mondiale risque de stagner pendant longtemps encore. L’Algérie n’a donc pas d’autres choix que d’en finir avec le provisoire et d’entamer en urgence sa mue et de prendre les décisions et les mesures qui remettent en marche sa machine économique et engagent le développement de ses secteurs clés que sont l’agriculture, l’industrie et les nouvelles technologies, au risque de subir de plein fouet les effets néfastes d’une nouvelle récession mondiale. Si l’économie mondiale ne redémarre pas, le pétrole continuera à baisser. Compter sur la rente pétrolière est un suicide programmé.

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