La crispation de la production céréalière de la saison 2014-2015, pour la deuxième année consécutive de surcroît, n’en finit pas d’engendrer un sentiment de méfiance dans les milieux des agriculteurs faisant planer le risque de rompre le contrat de confiance entre les céréaliculteurs et les CCLS, (coopératives des céréales et légumes secs) à travers diverses régions du pays.
A présent, en attendant l’annonce officielle du bilan de la campagne en cours, de nombreux producteurs de céréales affichent la volonté de garder leurs récoltes respectives à leur niveau que de les livrer aux coopératives en question, mises sous la coupe de l’OAIC. Dans la wilaya de Constantine, à titre indicatif, la CCLS locale affirme avoir enregistré, jusqu’à la première semaine de mois d’août, un taux de collecte plus faible que prévu. Quelques 3 900 quintaux, toutes céréales confondues, ont été ainsi collectés dans cette wilaya sur un total de 74 000 quintaux récoltés. Plus de 70 000 quintaux sont ainsi stockés auprès des producteurs.
Cette attitude observée auprès des producteurs de céréales n’est pas spécifique à la wilaya de Constantine, car les producteurs sont de plus en plus nombreux cette année à opter pour la même option. La préférence des agriculteurs de stocker leurs récoltes à leur niveau est quasi générale au niveau des wilayas des hauts plateaux où se concentrent les filières d’élevage. Ainsi, dans la région de Tiaret, El Bayedh, Sidi Bel Abbes, les céréaliculteurs livrent au compte-goutte les céréales destinées à l’alimentation animale aux CCLS locales. Au niveau de ces dernières, il a été fait savoir que cette année, les quantités d’orge et d’avoine réceptionnées sont sensiblement en baisse par rapport aux années précédentes. Si une partie des agriculteurs préfèrent garder leurs récoltes de la saison pour leurs besoins car, faisant également dans l’élevage, d’autres céréaliculteurs, en revanche, stockent la production de cette année pour l’écouler sur le marché libre durant la saison hivernale à des prix qui dépasseraient de loin ceux proposés par les CCLS qui sont respectivement de 4 500 DA/quintal pour le blé dur, 3 500 DA/q pour le blé tendre et 2 500 DA/q pour l’orge.
Ce sont ainsi ces comportements des producteurs qui alimentent les circuits informels et la spéculation sur les aliments de bétail qui, souvent, provoquent des flambées qui mettent à mal les filières d’élevage ovin et bovin. Une telle situation inconfortable amène à rechercher quelles pourraient être les formes les plus judicieuses de commercialisation de ces produits céréaliers. Les spécialistes du marché des produits agricoles suggèrent ainsi la mise en place de prix flottants que les CCLS pourraient proposer aux céréaliculteurs en fonction des rendements de chaque saison. Ainsi, pour la saison en cours, à titre d’exemple, les CCLS auraient pu revoir à la hausse les prix proposés aux céréaliculteurs pour les inciter à livrer leurs productions dans un circuit réglementaire.
Cependant, de nombreux producteurs de céréales affirment que leur cote de confiance à l’égard des CCLS est minime dès lors la redistribution des récoltes collectées se fait souvent au détriment des éleveurs. De nombreux cas de céréales livrées par ces coopératives à des éleveurs fictifs sont enregistrés chaque année. Lesquelles quantités qui sont proposées aux vrais éleveurs sur le marché informel à des prix multipliés par 3 ou 4. Le cas de la CCLS de Tiaret où les services de la gendarmerie nationale ont ouvert des enquêtes l’année précédente est édifiant. Laquelle situation, marquée par la baisse du taux de collecte des récoltes en céréales pour la saison en cours de collecte, reflète globalement des divergences entre les intérêts des agriculteurs et ceux des coopératives et leur tutelle administrative qui est l’OAIC, ce qui ne manquera pas d’aboutir à une crise de confiance entre les deux parties.