Ces personnalités politiques et artistiques qui nous ont quittés cette année

Ces personnalités politiques et artistiques qui nous ont quittés cette année

Abdelhamid Mehri

Abdelhamid Mehri est décédé le 30 janvier à l’hôpital militaire d’Aïn Naâdja (Alger), où il était hospitalisé depuis un mois. Né en 1926, il a été une figure marquante du mouvement national dès les années 1940. Il a été membre du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) à sa constitution en 1958. Il occupa le poste de ministre des Affaires nord-africaines dans la première formation et celui de ministre des Affaires sociales et culturelles dans la deuxième. Après l’indépendance, il occupe de hautes fonctions dans l’Etat.

C’est à lui qu’a été confiée la tâche de diriger le FLN après les manifestations d’octobre 1988 qui sonnèrent le glas du système du parti unique en Algérie. Il quitta ce poste à la suite de ce que l’on appela un «coup d’Etat scientifique» au sein du FLN, en 1996.

Ahmed Ben Bella

Le 11 avril, Ahmed Ben Bella meurt à l’âge de 95 ans. Né le 25 décembre 1916 à Maghnia, il a fait ses études secondaires à Tlemcen. En 1937, il effectua son service militaire. Marqué par les événements du 8 mai 1945, il adhère au PPA–MTLD qui le fait élire en 1947 conseiller municipal de sa ville.

Considéré comme un «historique», appellation réservée aux quelques dirigeants du Mouvement national qui déclenchèrent la lutte armée pour l’indépendance. Il a été responsable de l’Organisation spéciale (OS) et a participé à l’attaque de la poste d’Oran en 1949 en compagnie de Hocine Aït Ahmed et de Rabah Bitat.

En mai 1950, il est arrêté à Alger et condamné, 2 ans plus tard, à sept ans de prison. Il s’évade en 1952 et se réfugie au Caire où il rejoint Hocine Aït Ahmed et Mohamed Khider avec qui il formera plus tard la délégation extérieure du Front de libération nationale. En 1956, il est arrêté une deuxième fois alors qu’il prenait l’avion qui devait l’emmener du Maroc en Tunisie en compagnie de Bitat, Boudiaf, Aït Ahmed et Lacheraf. Libéré en 1962, il participe au congrès de Tripoli où un différend l’oppose au GPRA. Il a été le premier président de l’Algérie indépendante avant d’être destitué le 19 juin 1965 par Houari Boumediene, alors ministre de la Défense.

En 1981, gracié et libéré par le président Chadli Bendjedid, Ben Bella s’exile pour un temps à l’étranger et fonde le Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA). Il revient au pays en 1990. Un deuil de huit jours a été décrété à la suite de son décès.

Warda El-Djazaïria

La chanteuse algérienne Warda El-Djazaïria est décédée le 17 mai chez elle, au Caire, d’un infarctus du myocarde. Née à Paris en 1939, d’un père algérien, Mohammed Ftouki, originaire de Souk-Ahras, et d’une mère libanaise, elle commence à chanter en 1951, à l’âge de onze ans, au Tam-Tam, un établissement du Quartier latin de Paris appartenant à son père. A la suite du déclenchement de la guerre de Libération, sous la tutelle de son père, de son frère Messaoud et de sa sœur Nadia, elle se fait rapidement connaître pour ses chansons patriotiques en donnant des concerts à travers le monde arabe.

Elle fait don des recettes au FLN. En 1958, suite à son militantisme, elle est obligée de quitter la France pour Rabat et ensuite Beyrouth. Après l’indépendance, elle retourne au pays. En 1972, le président Houari Boumediene lui demande de chanter pour commémorer l’indépendance de l’Algérie, ce qu’elle fait accompagnée d’un orchestre égyptien. Elle part vivre en Egypte où elle connaît un grand succès en travaillant avec les plus grands compositeurs arabes, comme Mohammed Abdel Wahab, Ryadh Soumbati, Hilmi Bakr et Sayed Mekawi.

Elle tient aussi quelques grands rôles dans des films égyptiens. Warda a vendu plus de 100 millions d’albums à travers le monde pour un répertoire comprenant plus de 300 chansons. Elle a enregistré une chanson célébrant le cinquantenaire de l’Indépendance. L’Algérie lui a rendu hommage le 19 mai lors de ses funérailles au cimetière El-Alia, à Alger.

Chadli Bendjedid

L’ancien président de la République Chadli Bendjedid est décédé samedi 6 octobre à l’hôpital militaire d’Aïn Naâdja, à Alger, des suites d’une maladie. Né le 14 avril 1929 à Sebâa, daïra de Bouteldja, wilaya de Tarf, il avait rejoint la lutte armée en 1955 où il occupa plusieurs postes de responsabilité à la Base de l’Est. En 1962, il est chef adjoint du commandant de la 6e Région militaire au grade de commandant. En 1963, il est nommé commandant des 6e puis 5e Régions militaires à laquelle sera fusionnée la 6e.

En 1964, il est nommé commandant de la 2e Région, à Oran. Le 19 juin 1965, il est désigné membre du Conseil de la révolution. En 1969, il est promu au grade de colonel. Après le décès du président Houari Boumediene, il est élu secrétaire général du FLN par le 4e Congrès du parti et désigné candidat à la présidence de la République, en janvier 1979. Le 7 février 1979, il est élu président de la République et sera réélu (sous le régime du parti unique) en 1984 et 1989. Après les événements d’octobre 1988, il organise, en février 1989, un référendum pour l’amendement de la Constitution qui donnera naissance au multipartisme.

Il démissionne en janvier 1992, suite à la situation chaotique causée par la montée de la menace islamiste et la recrudescence des actes de violence commis par le FIS et les groupes islamistes armés.

Depuis sa démission, Chadli Bendjedid s’était retiré de la vie politique, faisant des apparitions publiques à la faveur des cérémonies organisées à l’occasion des fêtes nationales, de funérailles de personnalités historiques ou de compagnons d’armes. Sa dernière apparition publique remontait à l’enterrement de l’ancien président Ahmed Ben Bella, le 11 avril 2012.

Le professeur Pierre Chaulet

Le professeur Pierre Chaulet est décédé vendredi 5 octobre à l’âge de 82 ans des suites d’une longue maladie. Il a voué toute sa vie à l’Algérie, en luttant pour son indépendance et son émancipation du joug du colonialisme et en contribuant à son édification. Né en Algérie en 1930, Pierre Chaulet, qui a opté pour la nationalité algérienne au lendemain de l’indépendance, a été l’un des pionniers de la médecine algérienne. Pendant la guerre de Libération nationale, il a lutté aux côté du Front de Libération nationale (FLN) et a été chargé de plusieurs missions, lors desquelles il a côtoyé de grands dirigeants de la Révolution, tel Abane Ramdane. Pierre Chaulet a été aussi l’un des fondateurs de l’agence Algérie presse service en 1961 à Tunis. Il a également fait partie de l’équipe rédactionnelle du journal El Moudjahid.

Eminent spécialiste en pneumologie, Pierre Chaulet a formé, après l’indépendance, des générations de médecins algériens et mené un combat sans répit contre la tuberculose. Son dévouement et sa compétence lui ont valu d’occuper de hautes fonctions au sein du ministère de la Santé. Son expertise reconnue lui a également valu d’être sollicité par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en qualité de consultant. Pierre Chaulet a été, en outre, vice-président de l’Observatoire national des droits de l’Homme et membre du Conseil national économique et social (CNES). Il a été enterré, selon son vœu, près de la tombe d’Henri Maillot au cimetière chrétien de Diar Essaâda, à Alger.

Abdelghani Belkaïd-Ahmed

Le célèbre violoniste Abdelghani Belkaïd-Ahmed est décédé le 26 décembre à l’âge de 93 ans à l’hôpital de Suresnes en région parisienne. De Lilli Labassi à Mohamed Fekhardji, en passant par le maître incontesté du chaâbi El-Hadj M’hamed El-Anka, le défunt avait accompagné les plus grands artistes dans les modes arabo-andalou, hawzi et châabi. Né en janvier 1919 à Saoula (banlieue algéroise), impressionné par la musique dès son jeune âge, c’est dans le cercle du Mouloudia d’Alger qu’il fait ses débuts, en jouant d’abord de la mandoline avec comme fidèle compagnon le pianiste Mustapha Skandrani. Mahieddine Bachetarzi, qui avait découvert en Abdelghani ses talents d’artiste, l’a poussé à adhérer à l’association El-Djazaïria, dirigée à l’époque par Mohamed Fekhardji.

Se découvrant une «nouvelle» passion pour le violon, il rejoint successivement l’orchestre de l’Opéra d’Alger, l’orchestre andalou de l’ORTF, puis celui de la RTA, à l’indépendance de l’Algérie. Après une carrière jugée «brillante» en Algérie, Abdelghani s’installera en France au milieu des années 1990 pour passer le reste de sa vie auprès de ses deux enfants et ses petits-enfants.

Karim Bouali