Les rues et les grandes artères d’Oran connaissent, depuis quelques jours, la commercialisation des jouets et articles de jeux, sous forme d’armes à feux. Des pistolets, mitrailleuses en plastique, font de plus en plus la distraction des enfants, en ces jours de fête, mais cette distraction prend parfois une allure de violence extrême et ce, en l’absence des instances habilitées censées contrôler ce type de dérapage «commercial».
Si la quasi-totalité des magasins et locaux commerciaux baissent leurs rideaux pendant l’Aïd, cette belle circonstance qui marque la fin du mois jeûne constitue une opportunité juteuse pour les vendeurs de jeux pour enfants. Cette année, le fait le plus remarquable reste la prolifération de la vente de jouets sous forme d’armes à feu et d’armes blanches.
Un fait ayant poussé de nombreux parents à tirer la sonnette d’alarmes sur l’impact indirect de ces joujoux sur l’inculcation de la culture de la violence chez l’enfant. «Ces jeux d’armes à feu inondant les espaces commerciaux légaux et illicites, transforment nos quartiers et nos foyers en de véritables champs de bataille et de guerre dont les soldats sont d’innocents enfants», feront remarquer des pères de familles.
En effet, ils sont nombreux à trouver choquante, la composante de ces jouets, pour la plupart de fabrication chinoise, des reproductions en plastique d’un véritable arsenal de guerre kalachnikovs, mitraillettes, PA, Beretta 9 millimètres, cagoules sous forme de masque et explosifs… etc.
Ces armes factices se font plus envahissantes que jamais à chaque fête religieuse et volent la vedette au reste des jouets proposés. En plus des nombreux désagréments qu’ils causent aux citoyens, tels les bruits stridents qu’ils dégagent, même à des heures très tardives de la nuit, ces jouets de «guerre» sont la cause de maints accidents dont les enfants en sont victimes lors de leur manipulation.
Le hic dans cette situation fort inquiétante est de constater que certains jouets, tels que pistolets, kalachnikovs et Beretta, sont dotés de chargeurs garnis de billes dures en plastique propulsées par de puissants ressorts qui peuvent crever un oeil. Tout cela combiné à des prix variant entre 150 et 200 Da.
Par ailleurs, cet authentique arsenal de guerre influe sensiblement sur le comportement des enfants puisqu’il les incite à des jeux de violence, la mode cette année étant aux affrontements inter quartiers où des bandes rivales s’initient, chaque nuit, aux différentes techniques de combat en reproduisant des séquences de films violents diffusées par des centaines de chaînes de télévision et trop facilement accessibles aux enfants.
Pour de nombreux spécialistes, «cette situation doit interpeller les autorités habilitées à exercer un contrôle sur ce type d’activités commerciales qui s’adressent aux consommateurs enfants. Ces jeux nourrissent la pulsion de la violence et de la vengeance chez les enfants depuis leur jeune âge.
C’est hallucinant de voir toutes ces armes à feu vendues aux enfants et qui sont identiques aux armes réelles, surtout en ce qui concerne la forme et le design, allant de la détente jusqu’au chargement des balles en passant par le repérage de la cible. Autrement dit, les enfants peuvent apprendre à utiliser les armes réelles en jouant avec des armes en jouets».
Du coup, de nombreuses interrogations demeurent posées quant à la nature du rôle que peuvent jouer les instances compétentes pour organiser ce commerce et le soumettre à des gardefous réglementaires.
Aussi, est-ce là le seul moyen de distraire nos enfants et de leur faire plaisir? Nos enfants ne sont-ils pas suffisamment nourris de violence avec tout ce qu’ils voient tout au long de la journée sur les chaînes télévisées satellitaires qui diffusent des programmes s’adressant aux enfants avec un contenu violent destiné plus aux adultes.
Redouane G