Un héritage à transmettre à de nouvelles générations en désamour avec la terre qui les a vu naître
Conflit malien, instabilité politique en Tunisie et en Libye, insécurité au Sahel…L’Algérie fête aujourd’hui le 50ème anniversaire de son accession à l’indépendance entourée d’une ceinture de feu.
Le feu d’artifice sera-t-il tiré? Le ciel bleu d’Algérie sera certainement illuminé. Reste à savoir s’il brillera dans les coeurs. Certains événements sont intervenus comme pour tempérer des ardeurs et des volontés potentielles qui avaient pourtant affiché leur détermination, depuis de nombreux mois, à faire de la date du 5 Juillet 2012 un repère dans la jeune histoire de l’Algérie indépendante.
Un héritage à transmettre à de nouvelles générations en désamour avec la terre qui les a vu naître. Faute certainement de ne pas les avoir assez sensibilisés à cette cause juste, à laquelle ils aspiraient, puis sont parvenus d’autres jeunes Algériens assoiffés de liberté. Ils ont fait de l’indépendance de leur pays leur seul objectif alors qu’ils n’avaient qu’à peine leur âge.
Or, l’on semble s’écarter de ce cap. L’orientation a pris un trait de caractère très léger. Quelle pédagogie en ce qui concerne la transmission d’idéaux qui ont forgé l’identité nationale peut, en effet, exister dans des concerts de musique, des tours de chant… pour narrer aux jeunes Algériens toutes les étapes qui ont conduit à la libération de leur pays, ainsi que la flamme qui a animé le peuple algérien qui a soutenu corps et âme la lutte armée jusqu’à son aboutissement: la liberté! Qu’il a fallu tant de sacrifices, que des villages entiers ont été rasés et incendiés au napalm, que des femmes et des hommes ont été torturés à mort pour que vive l’Algérie. L’indépendance n’est pas tombée du ciel. Le caractère festif de sa célébration ne peut que la banaliser. On sent que la commémoration de la date du 5 Juillet passera dans le ciel comme une étoile filante. Il est vrai que les pouvoirs publics ont décidé de jouer les prolongations et de faire la fête jusqu’en 2013. Sauf qu’apparemment, le coeur n’y est pas.
L’insécurité à nos frontières a certes bousculé le contexte géopolitique dans la région. Mais pas au point de ne pas fêter comme il se doit une telle date qui a bouleversé nos rapports avec l’ancienne puissance colonisatrice et permis de traiter d’égal à égal avec d’autres pays développés et de devenir incontournable en assurant la sécurité énergétique de nos voisins européens (Italie…) Dès les premières années de son indépendance l’Algérie est entrée de plain-pied dans le concert des nations. Alger est devenue incontournable pour tous les mouvements de libération de la planète au point d’avoir été surnommée la «Mecque des révolutionnaires».
Que s’est-il passé pour que la flamme révolutionnaire et nationaliste n’ait pu être conservée? Il est vrai qu’il y a eu la tragédie nationale ainsi que son lot de drames mais les choses semblaient rentrer dans l’ordre avec une certaine aisance financière à la clé.
Cette stabilité retrouvée allait être contrariée par des annonces peu réconfortantes sur le plan économique, à 72 heures de la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance qui ont réduit un événement qui se voulait hautement symbolique à une célébration en décalage avec sa portée historique.
Et que dire du Front de libération nationale, qui s’est donné en spectacle pour une question de leadership? L’ex-parti unique qui revendique l’héritage du FLN historique ne donne pas l’impression de vouloir marquer la commémoration de la Fête de l’indépendance pour conserver la conscience nationale. Un événement de l’histoire collective qui doit servir d’exemple et de repère pour les jeunes générations…