Ces Algériens qui meurent sur chantier

Ces Algériens qui meurent sur chantier
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Le nombre des accidents de travail enregistrés sur les chantiers s’est stabilisé depuis 2005. C’est du moins ce qu’affirme Tayeb Louh, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, s’exprimant hier à l’occasion de la Journée mondiale de la santé et de la sécurité au travail.

Sans fournir de bilan sur le nombre d’accidents enregistrés, le ministre indiquera, néanmoins, que des mesures et moyens de prévention ont été imposés aux employeurs afin de préserver la vie des ouvriers. Tout va pour le mieux, laisse entendre Tayeb Louh, arguant des chiffres sur les efforts déployés par les autorités publiques.

Rappelant le travail qu’accomplissent les services de l’Inspection du travail, il soulignera qu’en 2009, cette institution a effectuée 56 116 sorties sur le terrain afin de vérifier et veiller sur le strict respect des normes de sécurité. Bien que les chiffres renseignent sur une certaine dynamique enclenchée ces dernières années, toutefois la réalité démontre autre chose. Notamment dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics où la plupart des accidents sont enregistrés.

Et pour cause, ces chantiers recrutent et emploient des travailleurs dans l’illégalité totale. En 2005, selon des sources médiatiques, 231 personnes ont trouvé la mort suite à des accidents du travail sur un nombre total de 5 675 cas recensés. En 2008, le triste bilan a baissé à 2 612 accidents dont 185 cas graves. L’année passée, le seul ouest algérien, a «connu plus de 800 accidents du travail» causant le décès d’une quarantaine de personnes.

LG Algérie

Les accidents du travail, faut-il le rappeler, ont des incidences négatives sur la Caisse nationale d’assurance sociale, destinées à rembourser et indemniser les victimes. Des millions de dinars sont déboursés annuellement à cet effet.

Il y a quelques semaines, El Hadi Khaldi, ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels, a déclaré sur les ondes de la Radio nationale que «40% de la main-d’œuvre travaillent au noir», notamment dans le secteur de la construction.

Bien que des manœuvres qualifiés préfèrent opter pour des chantiers au noir étant plus lucratifs, il n’en demeure pas moins que les employeurs, eux aussi, refusent de déclarer tous leurs employés. Pire, il suffit d’effectuer une virée dans la campagne et localités reculées pour se rendre compte de l’ampleur du phénomène.

La quasi-totalité des chantiers fonctionnent au noir, sans qu’ils ne soient inquiétés par aucune autorité. Ainsi, force est de relever que la catégorie des ouvriers la plus exposée aux dangers du travail sont les maçons et les manœuvres.

Souvent, ils ignorent les risques qu’ils encourent, à cause du manque de formation. Bien que le ministre précise que les sociétés inspectées par les services de contrôle relèvent des deux secteurs public et privé, n’empêche que l’essentiel de la tâche qui reste à faire devrait être focalisée sur les particuliers et les travailleurs eux-mêmes. En attendant, il est à souligner que l’Algérie a ratifié plusieurs conventions internationales relatives à la santé et la sécurité au travail.

Aomar F.