Les entreprises algériennes s’intéressent peu à la normalisation de leurs produits et processus de production. Pour preuve, sur les 7500 normes algériennes existantes, uniquement 10% sont actuellement adoptées par les entreprises. Une réticence qui a généré un manque à gagner de 260 milliards de dollars pour l’Algérie depuis l’indépendance jusqu’en 2013.
La faible demande de la part des entreprises pour la normalisation et la certification a été déplorée aujourd’hui lors de la troisième édition des «Journées de l’Entreprise algérienne», organisées par le Forum des chefs d’Entreprises, sous le thème de la «norme, outils de compétitivité, de croissance et de protection». Une situation que les spécialistes et experts ainsi que les responsables d’organes de normalisations présents à cette rencontre n’arrivent pas à expliquer, d’autant plus que le programme national de normalisation propose une aide financière de 300 millions de centimes pour toute entreprise désireuse d’obtenir une certification. Cela sans oublier l’apport d’une telle procédure dans l’amélioration de la compétitivité de l’entreprise et son positionnement par rapport à ses concurrents.
Selon Ahmed El Antri Tibaoui, président par intérim du FCE, la normalisation est une responsabilité partagée entre les autorités et les chefs d’entreprises. Elle est l’une des exigences fondamentales pour l’accession de l’Algérie à l’OMC, d’où la nécessité de faciliter le processus et mettre cette question au centre des préoccupations aussi bien des pouvoirs publics que des chefs d’entreprises.
Mais sur le terrain, la situation est peu reluisante. «Sur les 7500 normes algériennes existantes, seules 10% sont actuellement adoptées et appliquées par les entreprises », a regretté la secrétaire générale du ministère de l’industrie qui a tenu à souligner que la normalisation constitue aujourd’hui un préalable et un impératif de la mondialisation.
Tout en soutenant que les pouvoirs publics ont mis en place des organes qui ont pour mission la normalisation, l’accréditation et la métrologie, la représentante du département ministériel de Bouchaoureb a affirmé que des efforts sont consentis pour encourager les entreprises. « Nous sommes dans une phase d’apprentissage et mise au standard », a-t-elle ajouté, mais les résultats obtenus restent pour l’instant insuffisants.
Abondant dans le même sens, Hanifi Belaroui, membre exécutif au FCE, dira que la contribution la norme au PIB algerien est de 0,04% alors qu’elle est de plus de 4% en France. Selon lui, la non adoption des normes a engendré « un manque à gagner de 260 milliards de dollars pour l’Algérie depuis l’indépendance jusqu’au 2013».
Ratiba Chibani, directrice générale de l’institut Algérien de normalisation (IANOR) a saisi cette occasion pour reprocher aux membres du FCE leur manque d’intérêt pou la normalisation. « Peu d’adhérents ont exprimé leurs besoins en termes de normalisation», a-t-elle fait remarquer avant de signaler que les entreprises ne contribuent pas financièrement à la participation de l’Algérie dans les laboratoires internationaux de normalisation.
Conscients des enjeux et de l’importance de la normalisation, les intervenants à cette rencontre ont formulé une série de recommandations. Il s’agit entre autres du renforcement des organismes et institutions en charge de l’encadrement du système normatif algérien, l’implication de tous les acteurs concernés dans l’élaboration des normes et la mise à niveau des textes législatifs et réglementaires en tenant en compte du contexte actuel. Il est également question de la création d’un marquage réglementaire (équivalent CE en Europe) pour les produits conformes aux normes techniques et renforcement des campagnes de sensibilisation pour expliquer l’importance des normes dans le développement économique d’un pays.
Khelifa Litamine