Pour les professionnels de la santé, la prise en charge des cancéreux est des plus catastrophiques. Le retard qu’accuse la santé dans ce domaine est tellement réel et flagrant que les autorités algériennes semblent, maintenant, vouloir commencer la bataille…
Bon nombre de cancéreux n’ont pas accès aux soins et se trouvent dans l’obligation de choisir de mourir chez eux ou se faire soigner à l’étranger. Intervenant récemment sur les ondes de la Radio nationale, le Professeur Kamel Bouzid, chef du service d’oncologie médicale au centre Pierre-et-Marie-Curie (CPMC), a fait un constat dramatique sur la réalité de la prise en charge des cancéreux en Algérie. «La plupart d’entre eux n’ont pas accès aux soins, dont notamment la radiothérapie.
Faute de matériel approprié, ces patients sont contraints d’attendre indéfiniment. Le manque de moyens adéquats pour la prise en charge des patients entraînent de longues attentes», explique-t-il, tout en soulignant le déséquilibre existant entre le nombre en hausse des malades et le nombre d’infrastructures spécialisées qui, lui, reste le même. De surcroît, les infrastructures sont trop petites pour prendre en charge tous les malades. Le Professeur Bouzid regrette que certaines tumeurs ne puissent pas être stoppées à temps puisque les cancéreux patientent plusieurs mois avant de bénéficier de séances de radiothérapie ou de partir à l’étranger faire des séances de chimiothérapie… C’est cette triste réalité dénoncée fortement par les professionnels de la santé qui inquiète les malades et les fait souffrir davantage.
Outre les problèmes de prise en charge dans les hôpitaux et l’absence d’un suivi correct des cancéreux, il y a la question de la disponibilité du médicament dans les hôpitaux comme dans les pharmacies. Cette fois, les autorités publiques semblent vouloir remédier à la crise.
C’est du moins ce qui a été convenu à l’issue d’un Conseil interministériel (CIM) tenu symboliquement au siège de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH). Présidé par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, cette rencontre a vu la conclusion de plusieurs résolutions et décisions qui s’inscrivent dans le cadre de la lutte contre le cancer pour une amélioration «significative» et «rapide» des conditions de prise en charge des malades atteints de cette pathologie. A cet effet, les malades cancéreux traités en ambulatoire (devant suivre leur traitement à domicile) n’auront plus à effectuer de longs et fatigants déplacements jusqu’aux dépôts de la PCH pour prendre leurs médicaments de chimiothérapie (comprimés, gélules) et certains antalgiques (médicaments contre la douleur). Ces médicaments seront disponibles au niveau des officines pharmaceutiques et pris en charge par les organismes de la Sécurité sociale au titre des assurés sociaux et leurs ayants droit. D’autres mesures de nature «structurante» ont été décidées par le CIM pour organiser «durablement» la disponibilité des produits pharmaceutiques et veiller à ce que les équipements médicaux de radiothérapie bénéficient d’une maintenance «appropriée» et «adaptée». Pour ce qui est du «retard» accusé dans la réalisation et l’équipement des centres anti-cancer (CAC), toutes les «contraintes» sont «levées», dans «le respect des dispositions réglementaires en vigueur», à l’effet d’accélérer leur réalisation ainsi que l’acquisition de leurs équipements, a ajouté la même source. Le gouvernement a par ailleurs décidé la création d’une centrale d’achat d’équipements pour le traitement du cancer, à l’instar de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) pour les médicaments, a indiqué le ministère de la Santé. Cette centrale sera chargée de l’acquisition normalisée d’équipements lourds au profit des structures publiques de santé et d’assurer l’organisation d’une maintenance performante, a expliqué la même source. Il s’agit là de quelques nouvelles promesses dont les délais de concrétisation sur le terrain ne sont pas dévoilés. En attendant, beaucoup de cancéreux ont le choix d’attendre la mort chez eux ou partir vers d’autre pays, là où les vies humaines ne sont pas victimes de la mauvaise gestion.
Yasmine Ayadi