Le long week-end qui s’annonçait, à l’occasion des fêtes de l’Aïd El Fitr, a été autant long que douloureux pour ceux qui croient encore aux contes de fées.
En effet, les collectivités locales autant que les associations de consommateurs et les unions de commerçants, ont rivalisé de communiqués pour apaiser et rassurer les citoyens, les informant que des permanences seront mises en place dans les secteurs urbains, et que les boulangeries, chauffeurs de taxis, points de vente de carburant et autres prestataires seront au service des consommateurs. Ils ont ajouté que ceux qui n’ont pas pris leurs dispositions n’avaient pas à s’inquiéter, car l’élément régulateur veille.
Balivernes et discours creux tenus par des acteurs en mal de notoriété, et voulant coûte que coûte se positionner au-devant de la scène. Ni les transporteurs qui avaient déserté leurs lignes durant Ramadhan – au moment où la demande se faisait ressentir – ni les boulangers et encore moins les marchands de légumes, n’ont été à leurs postes.
Et ce ne seront pas des Directions passives et complices par leur silence qui contraindront les milliers d’ouvriers saisonniers à rester dans une ville où ils sont étrangers pour le plaisir – ou le devoir – de répondre à une sommation sans effet et assurer des produits à des citoyens qui sont habitués aux déclarations mensongères, beaucoup plus destinées aux chefs qui en prendront bonne note pour s’acheter bonne conscience, que pour répondre à des besoins réels.
C’est à ces détails que l’on reconnaîtra la force de persuasion et le poids de la société civile qui vient tout juste de naître, certes, mais qui reste composée d’associations anciennes, car comme le dit si bien un adage de chef nous : «On ne peut pas faire du neuf avec du vieux».
Beaucoup de citoyens qui y avaient cru, ont passé un mauvais Aïd, un évènement qui n’a finalement servi qu’à enrichir certains commerçants qui en ont profité pour vendre des patates rabougries à 70 et même 80 dinars, le pain à 15, voire 20 dinars, et gare à ceux qui ont eu la mauvaise idée de tomber malades.
Ce ne seront pas les centres de santé qui ne répondaient déjà pas bien aux sollicitations des candidats aux soins, quand les journées étaient normales, qui leur ont été d’une grande utilité, se cachant derrière les pénuries. La seule satisfaction est venue des stations Naftal dont les agents ont été fidèles au poste même s’il n’y avait pas foule devant les pompes, probablement que les conducteurs avaient pris leurs dispositions.
Si Ramadhan a été éprouvant pour tous, de par la chaleur, la fatigue et la cherté, ceux qui n’ont pas profité de veillées en famille – cette armée de travailleurs de l’ombre venue des wilayas avoisinantes – sont en droit de rattraper le temps perdu en s’octroyant une semaine de vacances.
La tomate a dépassé les 180 dinars et plusieurs boulangeries ont été mises devant le fait accompli, du fait de l’absence des artisans. La baguette de pain était introuvable, et les taxis clandestins ont fait des affaires en or, en l’absence des taxis réguliers qui n’ont rien de professionnel, passant leur temps à se plaindre, justement de ces clandestins se transformant eux-mêmes en parfait bureaucrates, respectant à la lettre les 8h-midi et 13-18 heures avant de troquer la tenue de chauffeur contre une gandoura et mettre le cache, et tant pis pour le citoyen et les visites familiales, pour faire le long week-end.
Ce ne seront pas leurs plaintes qui vont réveiller certains responsables de leur profonde hibernation, et ils ne risquent pas de susciter la compassion de clients qui commencent à avoir de la sympathie pour tout ce qui est informel, car s’agissant d’un secteur qui répond à leurs demandes.
Hakim Djaziri