Certainement pour éviter l’expression directe du rejet du peuple : Bensalah inaugure la Foire internationale d’Alger en catimini

Certainement pour éviter l’expression directe du rejet du peuple : Bensalah inaugure la Foire internationale d’Alger en catimini

Hier matin, des dizaines de participants à la 52e édition de la Foire internationale d’Alger, qui ouvrira ses portes au public aujourd’hui, ont été empêchés d’accéder à l’enceinte des stands d’exposition. Ils ne savaient pas vraiment pour quelles raisons ils ont été confinés, par les agents de sécurité et des éléments de la police nationale, dans le parking, pendant des heures. De fil en aiguille, il s’est avéré que le lieu a été hautement sécurisé pour permettre au chef de l’État par intérim, Abdelkader Bensalah, de procéder à l’inauguration de l’événement économique, en toute quiétude.

À l’exception de médias publics (télévision, radio et APS), aucun autre organe de presse n’a été autorisé à couvrir la cérémonie d’ouverture officielle expéditive (aucune déclaration de circonstance). Elle a été, par ailleurs, préparée dans une discrétion totale. La démarche est étonnante dès lors que le coup d’envoi de la Foire internationale d’Alger, autant que celui du Sila (Salon international du livre d’Alger) sont marqués, traditionnellement, par un grand tapage médiatique. Il devient évident que le chef de l’État, rejeté par les Algériens, n’a pas souhaité prendre le risque de se confronter directement à l’hostilité de ses concitoyens.

L’expérience est déjà durement vécue par le Premier ministre Noureddine Bedoui et son équipe à chacune de leurs tentatives de sortie sur le terrain. En mars dernier, le successeur contesté d’Ahmed Ouyahia et la délégation qui l’accompagnait ont été sommés de quitter immédiatement les lieux, par les citoyens de Djelfa où ils devaient effectuer une visite de travail et d’inspection de projets en cours de réalisation, trois jours après le décès du moudjahid, le colonel Ahmed Bencherif. Sous les cris de “dégage”, “voleurs”, “traîtres”, ils ont été laborieusement évacués par les services de sécurité. Le même sort a été réservé au ministre de l’Énergie et des Mines, au ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, leurs collègues des Ressources en eau, du Tourisme, de la Culture… Là où ils se sont rendus, ils ont été chassés par les populations locales souvent sous des huées.

Les scènes, largement répercutées sur les réseaux sociaux et par les médias, sont forcément humiliantes pour les membres de l’Exécutif. De guerre lasse, ils ont quasiment abandonné les activités du terrain. L’absence de légitimité populaire dont souffre le gouvernement Bedoui s’étend naturellement au chef de l’État, cible privilégiée des attaques des manifestants, lors des grandes marches citoyennes du vendredi et celles des étudiants les mardis. Le départ d’Abdelkader Bensalah est une exigence. À ce titre, il ne pouvait, certes,  pas s’exposer à l’affront d’un “lynchage” public, qui écornera davantage son image d’homme imposé à la plus haute fonction dans la hiérarchie de l’État contre la volonté du peuple.

Souhila Hammadi