La Chine a-t-elle exercé des pressions sur l’Algérie afin que celle-ci s’abstienne de participer vendredi 10 décembre à Oslo, Norvège, à la remise du prix Nobel de la paix au dissident chinois Liu Xiabo ? Une chose est certaine, l’Algérie n’a pas été présent à la cérémonie organisée vendredi après-midi durant laquelle le prix a été décerné en l’absence du lauréat. Attitude peu diplomatique et indélicate, l’ambassade algérienne au Norvège, invitée par l’Institut Nobel, n’a même pas daigné répondre à l’invitation.
Dans un communiqué publié vendredi 10 décembre sur son site internet, le comité norvégien du prix Nobel a affirmé que « 46 ambassades ont indiqué qu’elles seront représentés lors de la cérémonie, 2 (Algérie et Sri Lanka) n’ont pas répondu, et 15 ont pour diverses raisons, ont décliné notre invitation ». Ces quinze pays qui ont boycotté l’événement sont : la Chine, la Russie, le Kazakhstan, la Tunisie, l’Arabie Saoudite, Pakistan, Irak, Iran, Vietnam, Afghanistan, Venezuela, l’Egypte, le Soudan, Cuba et le Maroc.
Le prix Nobel de la Paix a été remis vendredi à une chaise vide, le dissident chinois Liu Xiaobo n’ayant pu se rendre à Oslo pour recevoir la prestigieuse distinction. Le lauréat absent, emprisonné dans son pays, a été applaudi debout par les dignitaires étrangers qui assistaient à la cérémonie en Norvège.
Non seulement l’Algérie n’était pas présente à la cérémonie mais sa représentation diplomatique n’a même pas eu l’élégance de donner une suite à l’invitation. Dédain, mépris ou embarras, toujours est-il que l’Algérie a brillé par son absence. Solidarité avec la Chine ou résultat de pressions exercées par cette dernière sur les autorités algériennes ?
Interrogé par DNA un ministre du gouvernement d’Ahmed Ouyahia, sous couvert de l’anonymat, a rejeté l’idée qu’Alger puise subir des pressions de la part de Pékin. « La Chine n’exerce pas de pressions sur nous. Personne ne pourra exercer de pressions sur nous. Nous n’avons pas de dettes », a- t-il déclaré avant d’ajouter, toujours en off : « Il n’étonnerait que l’on assiste à la cérémonie. » Depuis une dizaine d’années, Pekin est devenu un des plus importants partenaires économiques d’Alger. En recense aujourd’hui quelques 20 000 Chinois vivant en Algérie et travaillant dans les nombreux chantiers assurés par les entreprises chinoises (routes, logements, barrages..)
Les autorités chinoises, ulcérées par l’attribution de ce prix à un dissident qui croupit en prison, ont exercés un véritable forcing afin d’amener les pays invités à non seulement boycotter la cérémonie mais de s’abstenir de faire des déclarations. Le quotidien américain New York Times a indiqué mercredi 8 décembre le gouvernement chinois a envoyé des diplomates à travers capitales du monde, parfois à deux et trois bureaux, pour avertir que la participation à la cérémonie à Oslo serait une tâche noire sur les relations avec la Chine.
L’ambassade de Chine à Oslo a envoyé des lettres officielles à plusieurs ambassades européennes dans la capitale norvégienne, leur demandant de ne pas participer à la cérémonie du 10 décembre, ont précisé deux diplomates occidentaux. On a du mal à croire que ces correspondances n’ont concerné que les pays d’Europe. Selon un des diplomates qui dit avoir vu la lettre, Pékin rappelle sa position selon laquelle Liu Xiaobo est un criminel parce qu’il réclame d’importantes réformes politiques, et affirme que ce prix constitue une ingérence dans les affaires intérieures de la Chine.
La lettre exhorte également les ambassades à ne pas faire de déclarations publiques de soutien à Liu Xiaobo le jour de la cérémonie, a précisé ce diplomate.
Et l’Algérie dans tout cela ? Elle n’a dit ni oui ni non ! Aucun officiel algérien n’a commenté cette défection de l’Algérie à une cérémonie aussi prestigieuse que la remise du prix Nobel une distinction pour laquelle de nombreuses personnalités algériennes ont fait du lobbying afin qu’elle soit attribuée au chef de l’Etat Bouteflika.