Une cérémonie de recueillement à la mémoire du martyr Fernand Iveton, guillotiné le 11 février 1957 par le colonisateur français, et de l’ancien condamné à mort le moudjahid Georges Acampora, décédé le 11 février 2011, a été organisé samedi au cimetière chrétien de Bologhine (ex-Saint-Eugène), à Alger. La cérémonie s’est déroulée en présence des familles, proches et compagnons d’armes des regrettés Iveton (1926-1957) et Acampora (1926-2011) ainsi que du ministre de la Communication, Djamel Kaouane. Le martyr Fernand Iveton est natif de Clos-Salembier (actuelle El-Madania), condamné à mort et guillotiné le 11 février 1957 par l’occupant français. Syndicaliste actif, il s’est engagé dès les années quarante dans les luttes ouvrières et partisanes algériennes.
Militant du Parti communiste algérien (PCA), il intégra en juin 1955 les «Combattants de la libération» (Cdl-communistes) aux côtés d’Abdelkader Guerroudj (dit Djilali), Felix Coli, Mohamed Hachelaf et Georges Acampora. Fernand Iveton a nrejoint les rangs du Front de libération nationale durant l’été 1956 et en novembre, il décida de poser une bombe à l’usine de gaz au Ruisseau (El Hamma), où il travaillait comme tourneur, à une heure où l’usie serait déserte pour éviter de faire des victimes. «Iveton voulait provoquer un acte de sabotage spectaculaire et il a tout prévu pour qu’il ne puisse pas y avoir de victimes», témoigne Abdelkader Guerroudj, ajoutant que «l’engin explosif placé dans un placard d’un local désaffecté a été découvert par un contremaître, conduisant à son arrestation, puis à son jugement et à sa condamnation, après avoir subi d’atroces tortures». Lors du procès, tenu dans un climat de fortes pressions, provoqué par des manifestants racistes, partisans de l’Algérie française, aucun membre du collectif des avocats français ne voulait prendre sa défense. On lui désigna alors deux avocats commis d’office, qui n’ont cependant rien pu faire contre cette condamnation. Au terme du procès qualifié d’expéditif, le jeune militant de 31 ans est condamné à mort. Au matin du 11 février 1957, il est guillotiné à la prison Serkadji. Georges Acampora, qui était le compagnon d’Iveton à la cellule de la prison Serkadji, était lui aussi jugé et condamné à mort, mais il a été touché plus tard par la grâce. Acampora avait activement participé à la Révolution, avant d’être arrêté après l’attentat contre le commissariat de police de La Redoute (El Mouradia) en 1956. Il avait opté après l’indépendance pour la nationalité algérienne. Acampora, qui a occupé après l’indépendance le poste de colonel des sapeurs-pompiers d’Alger, est décédé en 2011, des suites d’une longue maladie.
Le ministre de la Communication, Djamel Kaouane, a indiqué à la presse, que «nous sommes à la veille de la commémoration de la journée du Chahid et je viens rendre hommage aux deux dignes enfants de l’Algérie Fernand Iveton, martyr de la Révolution, et Georges Acampora, moudjahid et un des bâtisseurs de la Protection civile après l’indépendance». «C’est un devoir de mémoire et de reconnaissance aux sacrifices de nos aînés et c’est grâce à eux que l’Algérie entame aujourd’hui plusieurs processus de reconstruction pour le bien-être de tous ses enfants dans un climat de sérénité de dialogue constructif», a-t-il ajouté.